Derrière Berlin, les pays baltes et ceux d'Europe centrale sont également très remontés contre Alexis Tsipras et ses compatriotes. "Pourquoi, estiment-ils en substance, devrions-nous à nouveau aider des plus riches que nous, alors que nous avons également subi le joug de l'austérité après avoir déjà consenti à d'énormes efforts pour être acceptés dans la zone euro ?" Des arguments qui ne sont pas sans fondement.
"J'ajouterai un quatrième élément à cette analyse, commente Yves Bertoncini, directeur de l'Institut Jacques Delors. C'est que ces pays, ainsi que des Etats plus riches comme l'Allemagne ou la Finlande, se comportent comme des créanciers moraux. D'un côté, les Baltes ne veulent pas se montrer solidaires en avançant l'argument de leur propre pauvreté. De l'autre, les Allemands dénoncent le manque de rigueur et le respect des règles. Ce facteur est tellement présent qu'on le retrouve dans des pays hors zone euro, comme la Pologne ou la Bulgarie. Ils n'ont pas prêté un euro aux Grecs, mais ils font pourtant valoir cette dimension de créance morale qui en vient à dominer celle de la créance financière. Et je crois que si le débat reste bloqué là, il ne sera pas...