«Je vais te déchirer, je vais t'exploser pendant ton sommeil. Tu n'oseras plus sortir, tu n'oseras plus dormir. Je serais ton cauchemar?» Ces menaces sans détour ne sortent pas d'un polar, ni même d'un dialogue entre narcotrafiquants mexicains. Elles ont été proférées il y a moins de deux ans, à Athènes. En ce début février 2013, l'agresseur s'est identifié lui-même au téléphone : Dimitris Melissanidis, dit «le Tigre», est l'un des entrepreneurs les plus puissants au monde, propriétaire d'Aegean Oil, une compagnie pétrolière qui fournit l'essence de la marine américaine, patron d'un club de foot et, depuis peu, l'un des actionnaires principaux de l'Opap, la première société de paris en Europe. Plusieurs fois accusé de menaces verbales (sans jamais avoir été condamné), il s'adressait ce jour-là à Lefteris Charalambopoulos, journaliste à Unfollow, un petit magazine mensuel local. Lequel venait tout juste de publier une enquête sur la contrebande d'essence à laquelle se livre Aegean Oil, selon un rapport établi par les douanes grecques.
Ce scoop, comme les menaces d'un magnat du pétrole, auraient dû conduire, si ce n'est à un procès, du moins à une levée...