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L'Europe pousse à la déréglementation du système éducatif grec.

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Par iNFO-GRECE,

Alors que la dernière initiative du gouvernement de revaloriser les diplômes des TEI (Instituts universitaires - l'équivalent des IUT français, trois ans d'enseignement technique supérieur) a créé une certaine confusion dans la hiérarchie des diplômes du supérieur, le commissaire hollandais de l'Union européenne, M. Fritz Bolkestein, apporte de l'eau au moulin à l'occasion d'une intervention au Parlement européen où il incite les étudiants grecs qui suivent un cursus dans les collèges privés en Grèce fonctionnant sous franchise des universités britanniques à recourir devant les tribunaux européens pour faire reconnaître l'équivalence de leurs diplômes.
Déjà sous l'impulsion de l'Europe, le gouvernement grec a entrepris la revalorisation des diplômes des TEI (Instituts Technologiques de l'Enseignement, 3 ans d'études supérieurs). Mais les imprécisions du projet de loi ont eu pour conséquence de créer l'impression d'une équivalence de ces diplômes avec les diplômes des AEI (Instituts supérieurs de l'Enseignement, 4 ans d'enseignement) et notamment avec les diplômes des écoles Polytechniques (ingénieurs, 5 ans d'études). Résultat, les enseignants des universités menacent d'arrêter leurs cours, ce à quoi les étudiants des TEI répondent avec des mobilisations avec une grève en perspective.

Il est à noter que l'entrée dans l'enseignement supérieur grec se fait après un concours très sélectif et la différence entre TEI et AEI ne se situe pas seulement au niveau des années d'études mais aussi au niveau de la difficulté d'accès en première année. Ainsi, même le passage des TEI aux AEI est considéré comme une entrée dans les AEI par la petite porte, effaçant de fait le principe au mérite des entrées directes aux AEI qui prévalait.

En marge de ce différent, beaucoup d'étudiants se sont tournés vers les pays étrangers pour suivre leurs études universitaires. Un système d'équivalence des diplômes régulait la reconnaissance des grandes Universités européennes et américaines. Mais depuis l'effondrement du rideau de fer, et pour des raisons économiques, un grand nombre d'étudiants grecs se sont tournés vers les universités des pays de l'Est, où l'enseignement et les équipements sont loin des prestations des établissements occidentaux. Ainsi, des étudiants avec des niveaux très disparates se trouvent à égalité sur le marché de l'emploi en Grèce et notamment dans les emplois du secteur public où seul le niveau d'études compte indépendamment de la renommée de l'école.

La difficulté d'accès aux universités grecques, où les places sont comptées, a donné naissance à un véritable marché des diplômes dans lequel plusieurs collèges privés locaux se sont engouffrés. En passant des accords de franchising avec les Universités privées de la Grande Bretagne, ils proposent des études sans quitter le territoire grec tout en bénéficiant d'un titre universitaire délivré par une Université britannique. Ces diplômes n'étaient pas reconnus jusqu'ici par l'Etat grec.

C'est dans ce contexte que l'intervention de M. Bolkestein, commissaire responsable du marché intérieur de l'Union, prend une dimension toute particulière où au nom du libre marché et de la libre circulation, il force la Grèce à reconnaître l'équivalence de ces diplômes qui jusqu'ici n'apparaissaient que comme des contrefaçons avec le consentement contre rétribution des Universités britanniques.

La Grèce sera bien obligée de clarifier sa position. Elle avait jusqu'ici cherché à mettre les deux côtés dans sa poche : d'un côté elle permettait le libre fonctionnement de ces collèges, de l'autre elle ne reconnaissait pas les diplômes qu'ils délivraient. Mais force est de constater que la loi sur l'enseignement qu'elle vient de présenter n'apporte par de vraie réponse ni au problème TEI-AEI, ni dans l'évaluation de diplômes "pseudo-européens".

Comme quoi, l'harmonisation européenne ne concerne pas que le Camembert français où la Fêta grecque. Mais les problèmes d'authenticité des produits qui s'étaient posé à ces occasions-là pourraient peut-être inspirer les solutions pour ces problèmes-ci. Camemberts/Diplômes, même combat ?

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