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La Grèce en guerre, 1940 - 1941. Première phase de la guerre (du 28 octobre au 14 novembre 1940), du Maréchal Alexandros Papagos.

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Soumis par efthymiouthomas le

[i] Le 28 octobre 1940 à 5h30, soit une demi-heure avant la fin du délai fixé par l'ultimatum italien, les troupes italiennes, concentrées le long de la frontière albanaise, attaquèrent nos forces de couverture. L'offensive italienne se déclencha dans les régions du Pinde et de l'Épire, du mont Grammos à la mer Ionienne.

En Macédoine nord-occidentale, du mont Grammos au lac Prespa, la lutte se borna à des escarmouches le long des frontières.

En même temps l'aviation italienne intervint en force, tant contre nos troupes du front que contre les arrières, les centres de mobilisation, les nœuds de communication, les ouvrages d'art, les aérodromes, etc.

Le soir du 28 octobre la situation, dans ses grandes lignes, était la suivante :

a) Secteur d'Élaia (Kalpaki) du front d'Épire : la 23ème division d'infanterie de Parme et la 13ème division blindée Centoro, renforcées par des bataillons de Chemises noires et d'Albanais, une importante artillerie lourde et de l'aviation, attaquaient dans la direction générale Élaia-Iôánnina, leur effort principal partant par la vallée du Drino.
b) Secteur de Thesprotie (de Ménina à la mer) la 51e division d'infanterie de Sienne renforcée du 3ème régiment de grenadiers, de bataillons d'Albanais et de Chemises noires, du 6ème régiment de cavalerie, d'artillerie lourde et d'aviation, attaquaient dans la direction générale de Konispolis-Philiatès.

Sur ces deux secteurs d'Épire les forces italiennes pressent nos troupes de couverture, qui se replient en combattant, conformément au plan, sur la position de résistance Élaia-Kalamas.

Dans le secteur du Pinde, la 3ème division alpine Julia [général Girotti], attaquant depuis le mont Grammos jusqu'au nord de Konitsa, bouscula les forces helléniques, qui non seulement ne réussirent pas à retarder son avance au-delà de la position de résistance mais encore cédèrent celle-ci dans la journée.

L'ennemi réussit ainsi à créer une poche entre les monts Grammos et Gkamilas à la charnière des forces se trouvant sous le commandement direct du général en chef (8ème division d'Épire [ général Katsimitros]) et de celles placées sous le commandement de l'armée de Macédoine occidentale [général Pitsikas]. Aucune indication des intentions de l'ennemi ne ressortait, ce premier jour, des combats dans le secteur du Pinde. Pour un moment, des renseignements nous parvinrent selon lesquels l'ennemi avait occupé les cols d'Aréna dans le massif du Grammos et portait son effort principal sur sa gauche. Nous eûmes alors l'impression que celui-ci cherchait à attaquer le flanc sud de nos forces de Macédoine nord-occidentale.

À l'extrême droite du secteur d'Épire le bataillon de couverture de Konitsa dépendant de la 8ème division fut obligé, en raison du recul de nos troupes sur ces deux flancs (8ème division et détachement du Pinde), de se replier également dans la nuit du 30 au 31 octobre, dans la région de Vryssochôri sur la rive sud du fleuve Aoos. Ce bataillon devait, selon le plan d'opérations fixant la manœuvre des forces de couverture, s'installer dans la région Éleftéron-Palaiosélion et bloquer les passages entre les monts Gkamilas et Smolikas, en coopération avec le détachement du Pinde se trouvant sur les pentes nord-ouest du Smolikas. Le profond recul du détachement du Pinde découvrant le flanc droit de ce bataillon l'obligeait à se retirer sur la rive sud de l'Aoos.

Dans le Pinde, les forces italiennes, se couvrant sur leur flanc gauche, poursuivent leur avance, les 29,30 et 31 octobre, par les vallées du Kérassovitiko et du haut Aoos dans la zone comprise entre les monts Grammos et Gkamilas.

Il apparaît clairement, dès les premiers jours, que le plan du Commandement italien, dans la première phase des opérations, était de rester sur la défensive en Macédoine nord-occidentale et de rechercher la conquête de l'Épire par une attaque de front, dont le principal effort porterait sur l'axe Élaia-Iôánnina et l'effort secondaire porterait sur l'axe Philiatès-Mazarakia et par une manœuvre d'encerclement de notre flanc droit dans la direction Leskoviki-Distraton-Vovoussa-Métsovon, tendant à couper nos forces d'Épire de leurs communications avec la Thessalie et la Macédoine nord-occidentale.

La pénétration italienne ne changea en rien les intentions du Haut Commandement hellénique.

Les mesures suivantes furent prises pour leur exécution :

a) En plus des forces primitivement destinées au front d'Albanie, les 13ème, 17ème divisions d'infanterie et la XVIème brigade d'infanterie, prélevées sur les forces du front de Bulgarie, furent affectées à ce front. Ces grandes unités, une fois leur mobilisation achevée, se mettraient en mouvement en direction de leurs nouveaux points de concentration sur le front d'Albanie. La IVème brigade d'infanterie fut par l'adjonction de forces prélevées sur le front de Bulgarie, transformé en division, la 15ème.
b) Le 1er Corps d'armée (2ème division, Athènes ; 3ème division, Patras; 4ème division, Nauplie; 3è brigade d'infanterie, Chalkis) fut affecté au secteur d'Épire, prenant sous son commandement la 8ème division . Ce Corps, sa mobilisation achevée, se dirigerait rapidement vers l'Épire. Les 2ème, 4ème divisions et les unités non endivisionnées se concentreraient dans la région de Kalambáka-Koutsouphliáni. La 3ème division d'infanterie serait transportée en Étolo-Acarnanie et de là, par Arta, en Épire.
c) Les réserves générales, la division de cavalerie et la 5ème division d'infanterie, furent affectées au secteur d'Épire.
d) Différentes formations de l'armée furent adaptées également au nouveau dispositif de nos forces sur le front d'Albanie.

En attendant que la concentration de nos forces nous permit d'entreprendre l'offensive générale prévue, les intentions du Haut Commandement pour faire face à la situation causée par l'avance italienne en Épire et dont le Pinde étaient :

a) Pour le secteur d'Épire, et selon la tournure que prendraient les événements dans le Pinde, d'arrêter ennemi comme il avait été fixé par l'ordre n° A.P. 101287/16. 9. 40. sur la ligne Élaia-rivière Kalamas ou sur des positions au sud de cette ligne, de façon que la principale mission de ces troupes, qui était de couvrir la Thessalie d'une avance dans la direction générale Iôánnina-Zygos Métsovon-Kalambáka et de bloquer les voies venant d'Épire en Étolo-Acarnanie, fut assurée.
La plus importante de ces deux missions était la protection de l'axe Iôánnina-Métsovon-Kalambáka. Latitude fut donc laissée aux forces d'Épire, du moment qu'il n'était pas en notre pouvoir de les renforcer rapidement (nous étions encore en pleine mobilisation), d'effectuer un repli élastique tant que la situation dans le Pinde ne serait pas éclaircie. Les pertes subies dans la bataille pour conserver la ligne Élaia-Kalamas auraient pu rendre très problématique l'exécution de leur mission première, qui était de défendre les voies principales de communication.
Il était préférable, à ce moment, de se résigner à céder du territoire à l'ennemi que de risquer de voir les forces d'Épire coupées de leurs communications avec la Thessalie et les portes de la Grèce centrale ouverte à l'ennemi.
Toutefois, pour renforcer le plus vite possible le secteur d'Épire, ordre fut donné le 29 octobre au 39ème régiment d'Evzones de la 3ème division, qui se trouvait en Étolo-Acarnanie, en route pour ce secteur, d'activer son avance par des marches forcées de nuit et de se placer, dès son arrivée à Arta, à la disposition de la 8e division.
b) Dans la région au nord du Grammos, le Haut Commandement avait l'intention de provoquer par une offensive partant de Macédoine nord-occidentale une diversion qui soulagerait nos forces d'Épire du Pinde.

Pour atteindre ces buts, toutes les forces disponibles, très peu nombreuses, furent envoyées immédiatement sur le front et suivies successivement, dès leur mobilisation, par des unités de la 1ère division d'infanterie, de la Vème brigade d'infanterie et de la division de cavalerie. Ces forces furent dirigées de Macédoine vers les cols du massif du Grammos, de la région de Métsovo vers la vallée de l'Aoos et, enfin, de la région de Kalambáka vers la région de Samarína. Les déplacements de ces troupes se faisaient principalement par des marches forcées ; un très petit nombre put être transporté par camion jusqu'à Doútsiko, ou menait un chemin forestier.
(à suivre) [/i]

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