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Boukovállas, traduction et commentaire introductive de Claude Fauriel, en 1824.

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Soumis par efthymiouthomas le

[i][center] [b][u]Boukovállas[/u][/b]
(traduction de Claude Fauriel, 1824)

Quel est le bruit qui se fait ? (quel est) ce grand fracas ?
Egorge-t-on des bœufs ? des bêtes féroces se battent-elles ?
On n’égorge pas de bœufs ; des bêtes féroces ne se battent pas :
(mais) Boukovállas combat ; (il combat) contre quinze cents (Turks),
Entre Kénoúria et le Kérássovon.

[vers absent de la transcription :
Les coups de fusil tombent comme pluie, les balles comme grêle.]

(Mais tout à coup) une fille blonde crie de la fenêtre :
«Fais cesser le combat, ô Boukovállas ; fais cesser la fusillade :
La poussière tombera, le brouillard s’élèvera,
Et nous compterons ton armée, pour voir combien (d’hommes) manquent. »
Les Turks se sont comptés trois fois ; il (en) manque cinq cents.
Les enfants des Klephtes se comptent ; il leur manque trois braves.
L’un est allé chercher de l’eau, l’autre du pain ;
(mais) le troisième, le plus brave, est étendu (mort) sur son fusil.
[/center][/i]

[i] [b]Commentaire introductif[/b]

Parmi les capitaines de Klephtes dont les Grecs gardent jusqu’à présent la mémoire, et chantent encore les faits de guerre, Boukovállas n’est pas le moins célèbre ; et c’est, après Chrístos Miliônis, le plus ancien. Il était d’Acarnanie ; et ce fut dans les montagnes d’un à la fois qu’il fit souvent la guerre aux Turcs. Celui de ses exploits dont il fut le plus parlé, est peut-être le seul dont la tradition soit encore vivante, est une victoire remportée sur Vélí, le grand-père du fameux Ali, pacha de Jannina. Ce Vélí était bey de Tébélen, il fut tué au siège de Corfou, en 1717. Ainsi donc, si la tradition qui attribue à Boukovállas une victoire sur lui est exacte, elle remonte à plus d’un siècle.
Cette chanson de Boukovállas, la seule, je crois, qui se chante encore de celles qui furent composées sur ce brave chef de bande, est extrêmement populaire dans tout le continent de la Grèce, à l’exception de la Morée. Aussi les diverses copies que l’on peut s’en procurer dans les différents lieux où il est connu, présente-t-elle beaucoup de variantes.
M. Pouqueville, a donné dans une note du III° volume de son voyage en Grèce, le texte de cette pièce accompagnée d’une traduction. Mais ce texte est si incorrect et ici mutilé, qu’il ne présente ni science ni mesure, et mérite du tout point le titre de rhapsodie barbare, dont le qualifie M. Pouqueville. Mais cet éditeur en a eu depuis une meilleure copie qu’il a bien voulu me communiquer, et que j’ai collationnée avec deux ou trois autres obtenues d’ailleurs. Il m’a donc été facile de donner cette pièce plus correcte et plus entière qu’elle ne l’est dans M. Pouqueville, et sous une forme qui en justifie mieux, ce me semble, la popularité et la vieille renommée.
C’est une ébauche vive et hardie, où le poète s’est moins proposé de décrire la bataille même gagnée par son héros, que de relever, en quelques traits, les incidents les plus glorieux et les plus touchants de la victoire. Les trois premiers vers (si toutefois ils ont été faits pour cette chanson, et ne sont pas empruntées de quelles autres plus anciennes), sont devenus une sorte de lieu commun de poésie klephtique, une formule de prologue pour les pièces où il s’agit de célébrer un fait de guerre.
Claude Fauriel.

[u]Note de Th. E[/u].: l'histoire mentionne deux Klephtes de ce patronyme, Mpoukouválas-Boukouválas en grec. Le premier, Iôannis, armatole célèbre, prit part en 1769 au soulèvement fomenté par Orloff. Dimítrios, son fils fut aussi un armatole fameux, et est cité dans de nombreux chants démotiques
[/i]

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