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7 janvier 1904, Emmanuel Rhoïdis meurt à Athènes

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Soumis par Th. Efthymiou le

Le 7 janvier 1904, meurt à Athènes, Emmanuel Rhoïdis, à 69 ans. Il appartient à l'une des rares familles qui réussirent à survivre au massacre de l'île de Chios de 1822. Ces familles s'installèrent dans l'île de Syros, comme aussi quelques familles survivantes du massacre de l'île de Psara de 1824. C'est là, dans la capitale, Hermoupolis qu’il naquit en 1836, dans une famille de commerçants.
Le haut de la ville, qui fut vénitienne jusqu'en 1537, avant d'être prises par les Turcs, était et est toujours peuplée de catholiques-romains. C'était un foyer relativement protégé, pour des raisons religieuses, par les rois de France Louis XIII, puis Louis XV. Ils aidèrent et soutinrent l'installation de Capucins, de Jésuites, et de Lazaristes, au sein de ces Hellénes catholiques romains, parfois appelés les Franco-levantins. Peut-être que le contact, dont son enfance, avec les catholiques a en partie jouer dans son choix d'écrire : « La papesse Jeanne », le roman moyenâgeux qui le rendit célèbre, publié en 1866. Ce livre fut traduit en français par Alfred Jarry, aidé par son ami, médecin et préfacier, Jean Saltas (Lorenz Durrel le traduisit, en se l'attribuant...) À Syros, les insulaires réfugiés s'installèrent et fondèrent la partie portuaire de la ville, avec le quartier Vrontado, donnant à Hermoupolis ce double caractère, catholique et orthodoxe.
La famille semblait Élysée. Le père était commerçant, et en 1841 fut envoyé avec les siens à Gênes, comme représentant de la maison de négoce pour laquelle il travaillait, tout en étant conçu le honoraire de Grèce. Emmanuel avait 5 ans. À l'adolescence, il y entendit les idées libérales et radicales qui l'inspirèrent et l'habitèrent toute sa vie. Il revint à Hermoupolis, il continue ses études, avant d'aller à Berlin, et revenir en Grèce pour s'installer à Athènes en 1862. Notons qu'en 1860, il a traduit en grec : « L'itinéraire de Paris à Jérusalem » de Chateaubriand. Il était, épisodiquement, Ephore à la Bibliothèque nationale.
Il ne veut pas suivre la voie paternelle, et se voue à l'écriture. Son livre « La papesse Jeanne » fut rejeté par le Saint Synode, ce qui lui fit une publicité…méritée, et pas seulement en Grèce.
Pratiquant bien le français, il écrit dans les journaux francophones, et en 1870 devient le directeur du journal : « Grèce ».
En 1875, il publie le journal : « Asmodéos ». Dans ses pages, il commente la vie publique et politique de Grèce, et y participe de son mieux en « intellectuel ». Il sera en particulier un soutien de Charilaos Trikoupis, le très capable homme d'état de la Grèce de la fin du XIXe s.
Paradoxalement, alors qu'il défend l'utilisation de la langue commune, démotique, il écrira en une langue pure, mais sans excès archaïsant. De 1890 à 1900, il va publier des oeuvres ou les enchantements de la mémoire de l'enfance remplaceront l'imagination d'un grand romancier, le réalisme et la satire de l'adulte qui se souvient y ayant leur place. Il se rangera ainsi, mais avec moins de valeur littéraire, avec le Thrace hétérochthone Vizyinos et le pieux Skiathien Papadiamantis parmi les nouvellistes-conteurs importants de la littérature grecque moderne.

La Papesse Jeanne, et certaines de ses nouvelles, sont faciles à trouver en France, en format économique de poche, et valent le coup d'être lues (et offertes...), tout comme celle de Vizyinos et de Papadiamantis.

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