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lu dans "Le monde", 2 XI 06:L'annulation d'une réunion sur Chypre place Ankara dans une situation délicate vis-à-vis de l'UE

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Soumis par Th. Efthymiou le
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Le président du Parlement européen, J. Borrell, a rappelé l'ambition de l'Union européenne, devant les députés grecs : voir tomber "le seul 'mur' qui persiste en Europe", entre les parties nord et sud de Chypre. L'annulation, jeudi 2 XI, d'une réunion de la dernière chance sur la question chypriote place la Turquie dans une situation épineuse, à quelques jours d'un rapport de la Commission européenne, crucial pour l'avenir des relations entre l'UE et Ankara. La présidence finlandaise de l'UE espérait pourtant pouvoir éviter une crise grâce à ces discussions prévues les 5 et 6 XI.

La Turquie a signé en VII 05 le protocole d'Ankara, qui étend son union douanière avec l'UE aux 10 Etats membres entrés dans l'UE en 2004, mais elle ne l'applique toujours pas aux Chypriotes grecs, réclamant au préalable la levée préalable de l'embargo imposé à la RTCN (République turque de Chypre du Nord). Ces derniers mois, plusieurs responsables européens ont menacé Ankara d'une suspension, au moins partielle, de ses négociations d'adhésion à l'UE, si elle n'appliquait pas le protocole.

Erdogan ne devrait pas rencontrer le pape."Infliger une rebuffade au pape est hors de question", a expliqué, 2 XI, un collaborateur d'Erdogan, répondant à ceux qui voient dans l'absence annoncée du 1er ministre turc lors de la visite de Benoît XVI en Turquie un geste de mécontentement, après des propos controversés du pape sur l'islam.

Benoît XVI débutera la première visite de son pontificat dans un pays musulman le 28 XI à Ankara. Il y rencontrera le président de la République, A. N. Sezer, avant de se rendre à Ephèse, puis, jusqu'au 1er XII, à Istanbul. Erdogan représentera son pays au sommet de l'OTAN les 28-29 XII à Riga et rentrera le lendemain à Ankara pour une réunion du Conseil militaire suprême de Turquie.

"Les officiels des deux parties travaillent toujours sur le programme" , a-t-on précisé à Ankara, laissant ouverte la possibilité d'une rencontre entre le pape et le chef du gouvernement. (Avec AFP)

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"Notre ambition était de rechercher une solution qui permette la poursuite des négociations d'adhésion et l'amélioration de la situation dans les deux entités" de l'île de Chypre, divisée depuis 1974, a expliqué jeudi le chef de la diplomatie finlandaise, Erkki Tuomioja, qui avait invité en Finlande ses homologues turc, chypriote grec et chypriote turc. "Malheureusement, les conditions n'étaient pas réunies."

RAPPORT TRÈS CRITIQUE ENVERS ANKARA

La Turquie a imputé à la République de Chypre, la seule entité reconnue internationalement mais qui n'administre de facto que la partie grecque de l'île, l'annulation de la rencontre. Selon un diplomate turc, les Chypriotes grecs ont fait défection après qu'Ankara a refusé d'être leur interlocuteur, au profit de la RTCN, République autoproclamée et reconnue par la seule Turquie. Côté européen, on pointe la responsabilité turque : selon un diplomate, Ankara ne voulait pas des Chypriotes grecs à la table des négociations.

Dans l'attente de cette réunion, la Commission européenne n'a pas encore rédigé les "conclusions" de son rapport sur la Turquie. "Le statu quo concernant le protocole d'Ankara sera forcément reflété dans ce rapport", a-t-on prévenu. Le rapport sera de toute façon très critique envers Ankara. "Le rythme des réformes s'est ralenti. En 2007, il sera important d'entreprendre des efforts importants pour étendre l'élan des réformes dans toute la Turquie", estime le projet de rapport. Si Bruxelles reconnaît certains progrès, elle entend pointer des problèmes comme la liberté d'expression et l'article 301 du code pénal turc, qui a permis de poursuivre en justice des dizaines de journalistes et écrivains, dont le Prix Nobel de littérature 2006, Orhan Pamuk.

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