Plusieurs rixes ont récemment éclaté entre des élèves macédoniens et albanais de deux lycées de Struga se partageant les mêmes bâtiments. Les établissements ont pris des mesures draconiennes : policiers et vigile patrouillent dans les couloirs et dans la cour. Certains demandent l’introduction d’une rotation horaire sur base ethnique. La peur va-t-elle gagner les esprits ?
Par Žaklina Hadži-Zafirova
Depuis plusieurs semaines, un conflit oppose à Struga les élèves macédoniens du lycée Niko Nestor et les élèves albanais du lycée Ibrahim Temo, qui partagent les mêmes locaux. Les confrontations physiques se sont transformées en affrontements sur Internet, via les cybercafés de cette ville du Sud-ouest macédonien. Dans les jours qui viennent, les responsables des deux lycées doivent trancher : introduiront-ils une rotation horaire sur base ethnique, comme certains élèves l’ont demandé ?
En février, plusieurs élèves ont été blessés dans des bagarres entre Macédoniens et Albanais. Depuis, les habitants de Struga craignent de voir se développer une division ethnique. Beaucoup se demandent comment restaurer la confiance entre les communautés dans la ville, et comment apaiser des étudiants qui semblent s’êtres laissé prendre au jeu de la provocation politique.
Les bâtiments communs des lycées Niko Nestor et Ibrahim Temo sont actuellement surveillés de près. Des policiers et des vigiles engagés par la municipalité patrouillent à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. La cour de l’établissement est vide. Quand la cloche sonne, les étudiants se rendent immédiatement chez eux, sans se regarder. Afin de prévenir les conflits, une seconde entrée a été ouverte pour les élèves du lycée Ibrahim Temo. Des caméras seront prochainement installées dans la cour, ainsi qu’une barrière qui séparera les entrées des deux lycées.
« Les bagarres ne cesseront que si l’on nous sépare en deux groupes ethniques distincts. Dans le cas contraire, nous nous mettrons en grève », souffle une étudiante macédonienne, visiblement mal à l’aise.
Si les élèves albanais rejettent la responsabilité des affrontements sur macédoniens, la plupart d’entre eux s’opposent à une séparation ethnique. « Nous pouvons apprendre les uns des autres. Si les Américains peuvent tirer profit de toutes les nations et de tous les peuples, nous le pouvons aussi », affirme un élève albanais.
Personne n’accepte d’expliquer exactement comment a commencé le conflit, dans cette cour de lycée fréquentée par trois mille étudiants. Les étudiants albanais disent s’être révoltés à cause d’un clip vidéo dans lequel ils ont reconnu un étudiant macédonien en train de brûler le drapeau albanais. De leur côté, les Macédoniens affirment avoir réagi aux provocations des étudiants albanais qui ont célébré la déclaration d’indépendance du Kosovo en déployant des drapeaux dans la cour.
Glissement
« On assiste à des provocations qui peuvent facilement verser dans l’intolérance et se transformer en comportements agressifs entre les étudiants - individuellement et en groupe », observe Mirjana Dokoska, la directrice du lycée Niko Nestor. Elle n’en dira pas plus.
Le lycée Ibrahim Temo rejette l’hypothèse d’une rotation horaire sur base ethnique. « Nous n’avons pas les moyens techniques de séparer les étudiants. Si nous les avions, nous le ferions immédiatement », lâche Musa Musai, le directeur du lycée. Selon lui, c’est aux parents et aux enseignants qu’il revient d’empêcher les rixes.
Demirqan Rexhepi, le président du comité étudiant du lycée Ibrahim Temo, affirme que les parents et les enseignants s’opposent dans leur majorité à une séparation des étudiants, parce que cela mènerait à un apartheid. A ses yeux, la meilleure solution serait que l’un des lycées puisse s’installer dans de nouveaux bâtiments.
« On en vient toujours à la violence quand la politique prend les rênes », poursuit-il. Il affirme également que les élèves appartenant à des partis politiques sont impliqués dans les bagarres.
Selon le maire de Struga, Ramiz Merko, la municipalité a déposé une requête auprès du gouvernement pour que cinq nouveaux complexes scolaires soient construits. Cela permettrait selon lui de séparer les élèves. A ses yeux, les rixes entres élèves reflètent la tension présente dans le pays. Il ajoute néanmoins que la mairie fera tout ce qu’elle pourra pour empêcher l’intolérance ethnique.
Du côté des parents d’élèves, la tendance semble être au refus d’une division. Comme certains le soulignent, Struga est connue comme un lieu paisible où les différentes communautés vivent ensemble depuis des siècles. D’autres soulignent qu’il faudrait de toute façon améliorer l’état des locaux, actuellement sous les normes. Cela pourrait conduire à une séparation délibérée des élèves.
Motif récurrent chez les habitants de Struga : les bagarres s’expliqueraient par la disparition du sport dans la ville. En cause, le manque de volonté de la part de l’Etat d’investir dans des infrastructures sportives que tous les jeunes pourraient fréquenter ensemble.
Re: Peur, drapeaux et provocations en Macédoine : bagarres inte
Bonsoir. Même si la question du Kosovo peut poser problème il ne faut pas faire de raccourcis trop rapides avec d'autres régions du monde. En ce qui concerne le Kosovo il y a tout un historique qui débute en 1389 avec 5 siècles d'occupation ottomane. Ce n'est qu'en 1912 que la Serbie reprend le Kosovo aux Ottomans et le Traité de Londres de 1913 où il était question de le rattacher à l'Albanie finit par l'attribuer à la Serbie. À l'époque déjà, le Kosovo était peuplé majoritairement de personnes de souche albanaise. De 1941 à 1946, le Kosovo était rattaché à l'Albanie. Puis il a été rattaché à la Yougoslavie avec un statut de région autonome. Ensuite il y a eu l'éclatement de la Yougoslavie avec des tas de régions qui ont saisi l'occasion pour devenir indépendantes (Slovénie, Croatie, Macédoine, Bosnie...) et la terrible politique menée par Milosevic pour garder le Kosovo peuplé alors par 90 % d'Albanais. De là est née une haine réciproque entre Albanais et Serbes, et il est devenu impossible de les faire vivre ensemble. En fait tout sépare les Albanais du Kosovo des Serbes : la langue, la culture, la religion