En Grèce, le naufrage de mercredi a tout d'un drame humanitaire et les proches témoignent de leur colère. Certains soupçonnent les autorités de garder les rescapés à l'écart pour les empêcher de parler
A Kalamata, ville côtière de la péninsule du Péloponnèse, Khaled Alzouki, la quarantaine, attend, les yeux cernés, l'air abattu, assis sur le trottoir devant l'imposante bâtisse néoclassique peinte en bleu qui sert de bureau aux gardes-côtes grecs. «Mon frère de 43 ans était dans le bateau qui a fait naufrage… » Sa voix s'étouffe. Il baisse les yeux et reprend: «Il était pourchassé par Bachar el-Assad. Il a dû fuir la Syrie. Je suis arrivé ce matin d'Allemagne où je vis maintenant. Nous n'avons pas de nouvelles.» Il en est désormais presque sûr, son frère ne fait pas partie des 104 rescapés à la suite du naufrage d'un navire de pêche sur lequel avaient embarqué environ 750 exilés, selon différents rapports.
Récit glaçant
Depuis plus de quatre heures, Khaled attend pour communiquer toutes les informations en sa possession aux autorités afin que les disparus puissent être dénombrés, et que les 78 morts puissent être identifiés. A côté de lui, assis en tailleur, d'autres réfugiés venus d'Allemagne attendent des nouvelles. Mohammed\* témoigne: «Ma femme de 23 ans, ma fille de 4 ans et le…