Soudain, des jeunes se sont mis à courir en criant, agitant pour certains, de longs bâtons au-dessus de leurs têtes. «Ils ont repéré un fasciste, certainement l'un des agresseurs des témoins», indique une rousse, postée, clope au bec, sur l'avenue qui longe la prison de Korydallos, au sud d'Athènes. Sous un ciel gris et lourd comme une attente d'orage, il a suffi d'un incident hier matin pour que la tension monte d'un cran, à l'ouverture du procès des 69 militants et dirigeants d'Aube dorée, organisé dans l'enceinte de la prison.
En fin de matinée, le procès a été ajourné jusqu'au 7 mai, l'un des accusés ayant déclaré ne pas avoir d'avocat. Mais l'interruption rapide de cette première audience tant attendue n'a pas empêché les dérapages redoutés entre militants antifascistes, présents en masse dès l'aube, et les néonazis, au départ plus discrets. Puis il y eut l'incident qui déclencha les affrontements. Quelques rues plus loin, des membres d'Aube dorée ont attaqué trois témoins qui se rendaient au procès : trois amis de Pavlos Fyssas, le jeune rappeur grec dont le meurtre, le 18 septembre 2013, avait contraint pour la première fois les autorités à réagir face...