"Ce sera difficile, mais nous y parviendrons", voulait encore croire le premier ministre, Georges Papandréou, s'adressant dimanche matin en réunion du Conseil des ministres, peu avant l'annonce détaillée par le ministre des Finances des mesures inscrites dans le plan triennal élaboré par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI pour venir au secours de l'incapacité du gouvernement grec de financer les échéances de sa dette sur les marchés : détails, déclarations, réactions et revue de presse.
En complet déphasage avec l'état de l'opinion, M. Papandréou a dressé les trois priorités de la politique gouvernementale, que seront d'une part la protection des plus défavorisés, d'autre part un effort pour rétablir le sentiment de justice et, enfin, transformer la crise actuelle en une occasion de changements.
Le premier ministre a expliqué ressentir la colère des Grecs appelés "à payer pour les péchés d'autres", sans se compter bien sûr parmi ces "autres", lui qui s'est fait élire sur des promesses d'augmentation des salaires de la fonction publique et "de l'argent il y en avait" ; lui, dont les propositions et contre-propositions lors des négociations avec les partenaires de l'UE, depuis six moins, exposaient un peu plus, à chaque étape, son incapacité à être pris au sérieux, et faisaient exploser les taux d'intérêt malgré les déclarations de soutien et les engagements successifs de l'UE.
Alors que la population est atterrée par la violence inouïe des mesures annoncées (lire ci-après) et étouffée par le coup de poing reçu en pleine figure, le chef du gouvernement estimait ce dimanche matin, au lendemain de la fête du Travail - et sans la moindre considération pour le symbole -, que les sacrifices auxquels sont appelés les Grecs permettront au pays "de souffler", croyant toujours que le temps gagné permettra d'aller de l'avant dans des "changements historiques".
"Nous créerons un nouveau patriotisme et une nouvelle conscience nationale, un message que nous adressons partout", les Grecs n'auront entendu jusqu'ici message aussi surréaliste.
Le ministre des Finances M. Papaconstantinou, accompagné du ministre délégué, s'apprête à affronter les caméras devant lesquelles il doit annoncer le nouveau plan d'austérité.
Un programme d'adaptation budgétaire de 36,4 Mds d'euros
Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a annoncé dimanche à l'issue d'un Conseil des ministres exceptionnel, un programme d'adaptation budgétaire de 36,4 milliards d'euros sur trois ans, afin que la Grèce puisse emprunter sans obstacle et recevoir les aides financières de la zone Euro et du FMI.
"Dans le dilemme écroulement et faillite de la Grèce, nous avons choisi de sauver le pays", a soutenu le ministre avant d'annoncer en détail les nouvelles mesures autres que celles du Programme de stabilité et de croissance, que sont en premier une augmentation de la TVA (de 21% à 23% - de 10% à 11% et de 5% à 5,5%), une hausse de 10% sur la consommation des carburants, tabac, boissons, une augmentation des taxes sur les produits de luxe, des biens immobiliers et constructions sauvages, un impôt exceptionnel sur les bénéfices des sociétés.
Le versement des 13e et 14e mois de salaires est supprimé pour les fonctionnaires et pour les retraités dans les secteurs public et privé. Les salaires mensuels des fonctionnaires par ailleurs sont réduits de 8% et de 3% pour les employés des Entreprises d'utilité publique (DEKO) n'ayant pas d'allocations.
En contrepartie, pour les salariés dans le public touchant moins de 3.000 euros par mois, il est prévu un versement de 250 euros pour Pâques, 250 euros de congés payés, et 500 euros à Noël. Les retraités de moins de 2.500 euros par mois dans les secteurs public et privé toucheront une allocation pour Pâques de 200 euros, 200 euros à titre de congés payés et 400 euros pour Noël.
La tranche de versement de l'allocation de solidarité est suspendue et les salaires et retraites gelés pendant 3 ans.
Comme l'a indiqué encore le ministre, ce programme prévoit une nouvelle loi pour la sécurité sociale, des changements dans les statuts d'emploi avec la hausse du plafond des licenciements et une baisse des dédommagements, 40 ans et non plus 37 ans de cotisation jusqu'en 2015, limitation des retraites anticipées, réduction des caisses à trois, application de l'âge de départ à la retraite (65 ans pour les femmes dans le secteur public à partir de 2011).
La récession en 2010 est estimée à -4% et les rythmes de croissance redeviendront positifs à partir de 2011, a ajouté M. Papaconstantinou.
Samaras: Un Waterloo de politiques et prévisions économiques
Le président de la ND, Antonis Samaras, a qualifié dimanche de "Waterloo" les politiques et prévisions économiques du gouvernement en commentaire des nouvelles mesures du mécanisme de soutien à la Grèce UE/FMI, dénonçant les fausses promesses, les retards, et en bref estimant que "ce que nous risquons le plus à présent ne vient pas du patient mais plutôt du remède lui-même".
"Nous nous trouvons", a relevé le chef du principal parti de l'opposition, "devant l'aveu d'un véritable Waterloo de prévisions et politiques du gouvernement. La récession avait été prévue cette année à -3% et aujourd'hui on admet qu'elle atteindra -4%. On avait affirmé que le Programme de stabilité et de croissance était amplement suffisant pour cette année, alors qu'aujourd'hui on avoue avoir échoué réellement et des nouvelles mesures d'austérité sont imposées".
M. Samaras a dénoncé de plus que ces mesures ne limiteront pas les gaspillages, n'encourageront pas le développement, alors que seront en hausse le chômage, les fermetures de sociétés, pour conclure être en désaccord complet avec cette politique.
Les partis de l'opposition critiquent avec virulence les nouvelles mesures
Si le KKE et la SYRIZA ont parlé respectivement de mesures "barbares" et "choix criminels", le LAOS critique l'échec du gouvernement de n'avoir pas su négocier, les partis de l'opposition réagissant aux nouvelles mesures du programme triennal.
La SG du CC du KKE, Aleka Papariga, a dénoncé les mensonges du gouvernement à propos du secteur privé, puisque "ces mesures minent les secteur public et privé par les nouvelles relations de travail, la sécurité sociale, la suppression des conventions collectives", appelant les citoyens à se mobiliser, puisque "l'heure des responsabilités est venue", "ces mesures ne sont pas pour 3 ans, dans quelques mois elles changeront et rechangeront, et si le mouvement (populaire) reste tête basse, alors la tragédie sera incalculable".
Le président du LAOS, Georges Karadzaferis, a critiqué la faiblesse de négociation du gouvernement, qualifiant la troïka "des hommes de la Nouvelle Rome", ayant recommandé des mesures ne garantissant ni la crédibilité du pays, ni l'avenir, ni le développement pour pouvoir sortir de la crise. M. Papandreou, a-t-il ajouté "a réussi à devenir une part du problème".
"Ces choix criminels ne concernent pas seulement les trois prochaines années", a assuré pour sa part, le président de la SYRIZA, Alexis Tsipras, "elles nous plongent dans un tunnel sombre qui durera au moins les 20 prochaines années, car si finalement nous acceptons cette voie, il faudra de nombreuses années pour restaurer les quelques - du moins celles existantes aujourd'hui - capacités productives du pays", tranchant toutefois que ces choix du gouvernement, du FMI et de l'UE ne "sont en aucun cas une voie unique pour le pays".
Premiers à réagir aussi l'Union des fonctionnaires (ADEDY), qui a appelé à "faire barrage" aux mesures antisociales, ironisant que le moment est en effet historique, "ces mesures conduisant à l'appauvrissement de la société", pour dénoncer ensuite ce qui s'était dit sur la solidarité humaine, la justice sociale et la Grèce des valeurs. En un mot, souligne ce communiqué, "les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent".
Revue de presse
La colère des Grecs appelés à payer le populisme des politiques et la mauvaise gestion des comptes de l'Etat est présente sur tous les journaux de ce dimanche. "Contrat de terreur avec hypothèque triennale des salaires et des retraites", écrit Ethnos ; plus sobrement, Kathimerini met à la Une "le pari difficile de la Grèce", quand Veto titre "La Grèce a été vendue à prix d'occasion 120 milliards". "Peur, colère et espoir. Les citoyens accusent les partis et les politiques" pour To Vima qui publie un sondage selon lequel 94,1% des interrogés pense que le pire est encore devant nous et chiffre par ailleurs à un million les employés du public qui seront ponctionnés entre 1.600 et 3.000 euros. Pour Eleftherotypia "le Grec [retourne] aux années de choléra" et au journal de décrire le "choc et la peur des mesures qui conduisent à la récession et à la pauvreté", tandis que pour RealNews "les citoyens exigent [le renvoi] des responsables en prison". "La Grèce est secourue, les Grecs sont perdus", écrit de son côté Proto Thema, qui met en avant le "désespoir pour les mesures désastreuses du FMI et de l'UE" et publie un sondage selon lequel 51% des interrogés se déclarent prêts à descendre dans la rue. Pour le Paron, "le pays plonge dans le chaos, le peuple monte le Golgotha" et écrit à la Une "C'est fini !". "Choc et peur" également pour Apogevmatini pour qui "les secteurs public et privé se trouvent sous la guillotine du FMI", tandis que pour Eleftheros Typos c'est un "pogrom sur le service public" avec "300.000 licenciements d'ici 2013". Enfin, "les bombes Papandréou font exploser le pays" estime I Chora.
i-GR/AE/ANA-MPA
Effort des politiciens ?
Bonjour, Il s'agit du 3ème plan de rigueur annoncé depuis peu, plan plus que drastique en particulier au niveau de la fonction publique. D'où ma question : les politiques donnent-ils l'exemple eux aussi, faisant eux-même partie de la fonction publique ? Y a-t-il eu une annonce de leur baisse des salaires qui donnerait un symbole qu'eux-mêmes participent à ce sacrifice ? Y a-t-il une baisse d'effectifs dans le fonctionnement politique ? Une réduction des avantages s'ils existent comme en France (voitures de fonction, appartements pas chers dans la capitale, etc.) ? J'ai juste entendu Melina Mercouri annoncer qu'elle reverse sa pension de député européenne. Merci !
In reply to Effort des politiciens ? by Anonymous
Comme en France !
Politique n`est pas un metier mais un mandat ! Par consequent les mesures d`austerites ne s`appliquent aux mandats. On ne va pas se tirer une balle dans le pied quand meme. Demandez au president francais de revenir sur son augmentation de salaire de 160 % pour voir...
In reply to Effort des politiciens ? by Anonymous
evia
Melina Mercouri, elle doit se retourner dans sa tombe au lieu de reverser sa pension ! C'est plutôt de Nana Mouskouri qu'il s'agit.....
In reply to Comme en France ! by Anonymous
En effet !
Ce qui n'empêche pas de revoir les avantages de la fonction. Et oui, en France, on est loin d'être bien placés à ce niveau. Dommage, ça permettrait de montrer que tous le monde y met du sien, et que les réformes paraissent donc un peu moins injustes.
In reply to evia by Anonymous
Coquille
Désolé pour cette grosse coquille !!
état des lieux
Emplois bidons à des postes inutiles .... Tous les ingrédients de la faillite, aucune innovation industriel, pas de politique à ce niveau , au niveau du pétrole une dépendance bien supérieur au autre pays lié à ca géographie à 200 usd c'est la faillite et la guerre civile le peuple à déjà prévu c'est en 2017 , il y a des responsables, les élections sont là pour faire les choix stratégique d'un pays. Qui à reçu et éventuellement détourné des montagnes de subventions, personne ne s'est plains des ces subventions , la corruption bien sure inexistante en Grèce et la resquille des impôts un sport national, c'est sure le sorties au restaurant vont se limiter au weekend comme en France ou en Allemagne, fable de la cigale et la fourmis ... La Roumanie à fait son plan d'économie sans faire de vague , mais augmenter des salaires de façon débridée ne peux conduire qu'à des crises , on allait voir un politique pour créer un poste et maintenant ou j'accuse car le rêve et terminé , la réalité est de retours, quoique concernant le prix des terrains les grecs oublies de ce mettre à la spéculation calquée sur le modèle anglosaxon , les efforts ils s'offusquent des conditions mais les partenaires Européens ne sont pas là que pour régler l'addition , ne pas intéresser à la politique conduit à de vrai désastre , quand tout va bien ( artificiel ) tout le monde s'en fout, j'espère que n'y si ajouteras pas derrière une crise Pétrolière .