Le ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chryssochoïdis, a eu vendredi des rencontres avec le président de la République, Carolos Papoulias, le premier ministre, Georges Papandréou, et informé également les chefs des partis représentés au Parlement et les euro-députés, afin de demander un front social uni contre toutes violences qui pourraient avoir lieu lundi 7 décembre, au lendemain du jour anniversaire de la mort du jeune Alexis Grigoropoulos, victime d'une bavure policière au centre d'Athènes.
M. Chryssochoïdis a parlé à cette occasion d'un front social uni contre la violence, qui éviterait les actes de vandalisme de la part de "groupes marginaux", en reconnaissant que "un jeune de 16 ans a été assassiné par un policier en service dans le centre d'Athènes, un cas extrême de violence policière", ce qui a eu pour effet, a-t-il rappelé, de marquer la marche du pays, de blesser la confiance des citoyens, la capacité de l'Etat de leur assurer sécurité et droits, les jeunes descendant dans la rue pour exprimer leur fureur et leur colère.
Mais en même temps, a encore ajouté le ministre, ce fut l'occasion de manifester contre ce qui avait fait de la Grèce la lanterne-rouge de l'Europe, à savoir la corruption et les scandales, les conditions moyenâgeuses de travail, l'abandon de l'éducation.
Par contre, le ministre a été extrêmement ferme contre "ceux qui ont investi dans la démolition de l'Etat durant cette période, ceux qui à travers les protestations des citoyens ont trouvé l'occasion et l'alibi idéologique d'investir dans la sous-culture de la violence et du vandalisme et qui ont pillé Athènes et d'autres villes".
"Nous ne tolèrerons pas la répétition d'une mise en scène de terreur dans les villes. Nous ne livrerons pas Athènes à des vandalismes. Nous ne permettrons pas l'exploitation de la mémoire d'Alexis, mort sans raison. Nous sommes ici, a insisté M. Chryssochoïdis, non pas pour faire un compromis avec la violence et l'anomie, mais pour encourager les luttes et le pari des jeunes de revendiquer de meilleures conditions de vie, en isolant les groupes marginaux qui veulent créer des zones interdites et des ghettos".
Le président de la République, Carolos Papoulias, a adressé un message pour espérer que les commémorations pour Alexis Grigoropoulos se déroulent pacifiquement, exprimant une nouvelle fois sa sympathie à la famille et aux proches, et sa confiance en la jeunesse.
Au Parlement vendredi, le vice-premier ministre, Théodoros Pangalos, répondant à une question du président du LAOS, Georges Karadzaferis, inquiet à l'éventualité d'incidents graves au cours de la manifestation, comme cela avait été le cas pendant plusieurs jours l'an dernier, et se basant sur des informations de presse que des groupes anti-pouvoir étrangers viennent en Grèce, a déclaré que "le gouvernement n'acceptera pas la violence et l'illégalité, la destruction de biens, la violence contre des citoyens qui ne souhaitent pas s'impliquer dans les intentions de quiconque", informant de la mise en place d'un plan et des préparatifs des forces de l'ordre, analogue à celui de la manifestation du 17 novembre commémorant le soulèvement étudiant à Polytechnique.
Par ailleurs, l'Union des fonctionnaires (ADEDY) a annoncé vendredi un arrêt de travail lundi 7 décembre à partir de 12h, afin d'aider les fonctionnaires à prendre part à la manifestation en souvenir de la mort d'Alexis Grigoropoulos.
Vendredi encore, des élèves des établissements de Halandri (grande banlieue d'Athènes) se sont rassemblés pour manifester et se rendre au commissariat de police de la région, où un nombre de 80 personnes restait sur place jusqu'en début d'après-midi.
La pacification de la commémoration se fait au prix de 10.000 policiers déployés pour encadrer les diverses manifestations. 50 facultés et près des 400 lycées, notamment à Athènes et Thessalonique, restaient toutefois occupées samedi matin et on ignore si les occupants vont libérer les lieux lundi à la fin des manifestations. Un cinéma est occupé au centre de Thessalonique. Des épisodes entre la police et un goupe de 150 manifestants de la mouvance "anti-pouvoir" ont eu lieu à Corinthe vendredi en début de soirée. Deux policiers ont été blessés lorsque leur patrouille a été prise à partie vendredi midi par des bandes de vingt personnes dans le quartier d'Exarcheia au centre d'Athènes.
En justifiant les manifestations qui avaient dégénéré l'année dernière, le gouvernement espère l'apaisement des jeunes, mais en qualifiant d'assassinat l'accident d'une bavure policière il renforce le caractère symbolique des commémorations au risque d'instaurer, de fait, une deuxième "fête nationale" trouble à 3 semaines d'écart de celle du "17 novembre", date anniversaire du soulèvement des étudiants de Polytechnique contre la dictature en 1973. L'hiver athénien risque d'être "chaud" pour quelques années encore !
i-GR/ANA-MPA