PEKIN (correspondance) - Les relations sont au beau fixe entre la Grèce et la Chine. Pour preuve Dora Bakoyiannis est la première ministre européenne des affaires étrangères à être reçue à Pékin la semaine dernière, et bien reçue selon un observateur étranger, par le tout nouveau premier ministre chinois Wen Jiabao. Une fois n'est pas coutume, la rencontre a eu lieu au siège du parti communiste chinois, resté, malgré les énormes changements qu'a subi le pays ces dernières années, le centre décisionnel administratif et politique du pays.
L'accueil a été plus que chaleureux. Auparavant la ministre grecque qui en est à sa 3eme visite officielle s'est rendue à Shanghai, le cœur économique de la Chine à la tête d'une délégation d'une trentaine d'hommes et femmes d'affaires. But de l'opération : convaincre les chinois déjà bien intéressés par le marché grec, d'investir encore plus dans le pays, "il y a 50 millions de millionnaires en Chine, on veut en attirer un bon nombre chez nous" a-t-elle indiqué au cours d'un point de presse informel alors que de son côté le vice ministre des affaires étrangères, Evripidis Stilianidis, artisan de la "diplomatie des affaires" soulignait que les chinois "ont des tonnes de produits à transporter dans le monde entier et nous on est à la tête de la première flotte mondiale une flotte qui ne s'est jamais aussi bien porté". "C'est le moment ou jamais de faire des affaires", renchérit-il. D'autant que la Grèce est le premier client de la Chine en matière de construction navale, 183 navires construits ces deux dernières années, et une bonne centaine en commande.
Mais les Chinois veulent plus : ils veulent que la Grèce devienne la Grande Porte de leurs produits vers l'Europe, les Balkans, la Méditerranée et le pont Euxin. Les Grecs sont prêts à jouer le jeu. Déjà ils sont en passe de transformer tous les grands ports du pays pour pouvoir accueillir les monstrueux tankers chinois qui transportent plus de 1000 containers de plusieurs tonnes chacun. L'enjeu vaut largement la chandelle, les royalties pour les droits portuaires se chiffrent à plusieurs millions d'Euros par an. Mais les chinois veulent un port rien que pour leurs bateaux et leur choix s'est porte sur le port de Dibaki en construction en Crète. L'affaire est en discussion et nulle doute qu'elle sera conclue très rapidement.
Histoire de montrer patte blanche Athènes a très largement assoupli sa politique de visas accordés désormais très généreusement, un consulat supplémentaire à Canton vient même d'être ouvert le 5 mai dernier, enfin, petite cerise sur le gâteau, l'université de Pékin a ouvert un centre d'étude de la langue grecque, prochainement un autre va être ouvert au centre d'étude des langues étrangères de Pékin d'où d'ailleurs la rencontre ce vendredi des étudiants chinois et de la ministres grecque à l'université de Pékin.
i-GR/ Angelique Kourounis - Pékin