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L'Acropole premier monument du Patrimoine culturel européen

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By iNFO-GRECE,

Les ministres de la Culture de Grèce et de France, Georges Voulgarakis et Renaud Donnedieu de Vabres, ont inauguré la plaque dédiée au premier monument-symbole du Patrimoine culturel européen sur le site archéologique de l'Acropole, lors d'une cérémonie qui s'est tenue lundi en fin de matinée en présence du président de la République, Carolos Papoulias, et du maire d'Athènes, Nikitas Kaklamanis, le célèbre site se trouvant en tête de liste des monuments du Patrimoine culturel européen.

Plus tôt, dans la matinée, MM. Voulgarakis et Donnedieu de Vabres ont signé un mémorandum relatif à la coopération entre les musées des deux pays et pour la lutte contre le vol, les fouilles sauvages et l'exportation et importation illégales des trésors culturels.

Vu d'Olympe

Malgré ces bonnes paroles (lire en encadré l'intégralité du discours de M. Donnedieu de Vabres), il n'est pas certain que les dieux de l'Olympe aient apprécié d'être dérangés par ces festivités. Si Athena a éclairé l'esprit des orateurs devant le Parthénon, Zeus s'est fait entendre à sa façon : s'alliant à Poséidon, dès le départ des officiels ils ont fait pleuvoir des averses sur la capitale grecque.

Ont-ils eu peur que chaque maire, chaque ministre ou chaque président trouve un "truc" pour venir maintenant apposer sa plaque sur la colline ? Ou apprivoisent-ils la dispute avec la ville de Cluny, en France, qui a le titre du "premier monument inauguré de la liste" ? A moins qu'ils n'aient apprécié que modérément que les Grecs ne soient pas interrogés par IPSOS/Ministère français de la Culture dans l'enquête paneuropéenne sur les "Européens et les patrimoines de l'Europe", enquête qui devrait servir à soutenir l'initiative française auprès de l'exécutif de l'Union européenne. Car d'officiels de l'Union Européenne il n'y en avait aucun à la cérémonie. Décidément, l'exception française a brillé à Athènes.

Lancé à l'initiative de M. Donnadieu de Vabres, le label « Patrimoine européen » a pour objectif de mettre en valeur la dimension européenne des biens culturels, monuments, sites naturels ou urbains et des lieux de mémoire, témoins de l'histoire et de l'héritage européen. Il inclut le patrimoine contemporain et le patrimoine immatériel en tant que rattachés à un lieu. Son ambition est de renforcer le sentiment d'adhésion des citoyens de l'Europe à une identité européenne commune et de favoriser leur sentiment d'appartenance à un espace culturel commun. La France aimerait bien que la Commission européenne se montre un peu plus engagée dans ce domaine malgré les divergeances dans la définition du patrimoine entre les différents pays (cf enquête IPSOS)

"Il s'agit d'une double fête, car nous fêtons l'Europe et la Culture", a souligné M. Voulgarakis, ajoutant que "la proclamation de l'Acropole ne scelle pas la supériorité d'une civilisation sur une autre. Aucune civilisation n'est supérieure à une autre. L'Acropole, en tant que premier monument sur la liste du Patrimoine culturel européen représentant la culture que se partagent tous les hommes, est un monument européen qui conserve vivante la mémoire collective du passé". "Le Parthénon n'est un résultat fortuit de l'art hellénique, c'est l'aboutissement de la pensée mathématique grecque, de la théorie de Pythagore sur les nombres et l'harmonie, comme elle s'est exprimée au cours de la démocratie athénienne, à l'ère de Périclès", a-t-il ajouté.

Evoquant la question relative au retour des Frises du Parthénon, M. Voulgarakis a souligné qu'"il ne tient au gouvernement britannique qu'à réparer une erreur historique survenue au cours d'une époque obscure pour la Grèce, pour que soit rétablie l'unité d'un des monuments les plus fameux de l'humanité et adresser un message courageux et historique à la communauté mondiale, digne de sa tradition et de son histoire".

De son côté, M. Donnedieu de Vabres, qui est à l'origine de l'initiative pour la création d'un label "Patrimoine culturel européen" et de l'inscription de l'Acropole en premier monument dans la liste, a affirmé qu'"il n'existe qu'un seul pays qui a engendré la perfection (...) Ce pays a engendré la culture européenne. Toutefois, il ne s'agit pas uniquement de l'Acropole, mais aussi de tous les sites archéologiques qui l'entourent".

i-GR/ANA-MPA

Le discours de M. Donnedieu de Vabres

Monsieur le Président de la République hellénique,

Monsieur le Ministre, cher Georges Voulgarakis,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement honoré, ému et reconnaissant de prendre la parole aujourd'hui, ici, devant vous, en ce lieu fondateur de la culture et de l'identité européennes. " Il y a un lieu où la perfection existe ; il n'y en a pas deux, c'est celui là ". L'émerveillement d'Ernest Renan demeure plus éternel et plus actuel que jamais, près d'un siècle et demi après qu'il lui eut inspiré sa fameuse Prière sur l'Acropole. Cette révélation de la grandeur et de la beauté, chacun des voyageurs et des citoyens qui viennent ici, selon l'expression de Chateaubriand " chercher les Muses dans leur patrie " peut l'éprouver. Un demi siècle après la signature du Traité de Rome, qui créa la Communauté européenne, c'est ici, où tout a commencé, où la communauté que nous continuons à bâtir ensemble, plonge ses racines les plus profondes.

Oui, la Grèce a inventé l'Europe, qui fut d'abord une légende et un mythe, un rêve et une utopie, avant d'entrer dans l'histoire, de prendre corps et chair, de devenir réalité, force profonde et projet.

Ici, depuis plus de vingt-cinq siècles, la poésie a rencontré la philosophie, la science, la culture et la démocratie. Cet esprit commun qui nous rassemble n'est pas une conception unique et figée du monde, mais au contraire une passion de la recherche, de la découverte, de la connaissance et du dialogue. André Malraux faisait dire, ici même, à l'esprit de la Grèce, en lui rendant hommage sous la nuit étoilée, il y a près d'un demi siècle, ces quelques mots qui nous éclairent aujourd'hui, sous le soleil de midi : " J'ai cherché la vérité, et j'ai trouvé la justice et la liberté (…) ". Et d'ajouter : " l'Acropole est le seul lieu du monde hanté à la fois par l'esprit et par le courage ".

Virtuosité de l'intelligence, générosité du cœur, force de la création et de l'action : seule la Grèce pouvait donner à l'esprit européen ces qualités si rares, et si précieuses. Puissent-elles à nouveau nous inspirer aujourd'hui !

C'est dire combien l'Acropole méritait d'être le premier lieu inscrit sur la liste du patrimoine européen, et la dimension hautement symbolique de cette inscription que vous allez dévoiler dans un instant. Haut lieu de culture, de mémoire et de patrimoine, ce site est aussi et surtout l'un des foyers majeurs de la conscience européenne, de cet esprit qui a fait de l'Europe ce qu'elle est devenue, qui fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui, et qui forgera nos desseins communs.

Comme à l'abbaye de Cluny, nous sommes côte à côte, ensemble, pour exprimer que ce label est plus qu'un symbole, plus qu'un signe de reconnaissance, il est un témoin de l'origine et du sens de notre communauté, de notre Union européenne, unie dans la diversité, fière de ses racines et confiante en son projet.

Découvrir aujourd'hui cette plaque, c'est marquer à la fois l'ancienneté et la modernité de notre communauté de destin. Comme l'écrit Jacqueline de Romilly, " quand je prononce le nom de l'Europe, j'ai l'impression que quelque chose de moi va vers Athènes ". Tous les Européens peuvent se reconnaître dans cette conviction, qui est un appel à poursuivre, à approfondir et à enrichir la construction de l'Europe, par la culture.

Je vous remercie.

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