"Le gouvernement restera inflexible sur la voie des réformes dans l'enseignement supérieur", a déclaré le premier ministre, Costas Caramanlis, depuis la tribune du parlement lors du débat extraordinaire sur l'éducation au niveau des chefs de partis, qui a eu lieu vendredi à la demande du président du parti de l'opposition Synaspismos, Alecos Alavanos, alors que le chef de la première formation de l'opposition, le socialiste Georgios Papandreou s'est rallié au gouvernement pour demander l'amendement de l'article 16 de la Constitution qui place les universités sous le contrôle exclusif de l'Etat.
Malgré ce rapprochement des points de vue entre les deux principales formations de la droite et de la gauche grecque, les différences restent notables. Alors que M. Caramanlis répétait que "la voie des réformes ne se négocie pas", tout en précisant "être ouvert à un dialogue et appelant toutes les parties intéressées à y prendre part", M. Papandreou a accusé le gouvernement d'avoir opté pour l'autoritarisme et sur une confrontation avec la société lors des grandes mobilisations et 5 semaines de grève des enseignants.
Répondant aux contestations dans les rangs de l'opposition et aux mobilisations du corps enseignant des derniers mois, M. Caramanlis a insisté sur l'impératif d'aller de l'avant dans les réformes, expliquant qu'il n'est pas possible que "les formations politiques, la communauté des enseignants, s'alignent sur une conception conservatrice qui exige que rien ne bouge".
Le premier ministre a souligné qu'"une telle conception signifie de rester inerte vis-à-vis des besoins de la société et laisser à l'abandon la nouvelle génération", appelant alors à ce que "les partis sortent de leurs logiques habituelles sans se soucier du coût politique", et insistant que l'opinion publique exige des prises de position loin de tout dogmatisme, loin de tout parti pris.
Dans un état des lieux de la situation actuelle attribuée à "l'héritage du passé", M. Caramanlis a observé que "la soi-disant éducation gratuite a fini par être un des poids financiers les plus lourds pour les familles", les universités ne produisant, a-t-il relevé, que des chômeurs diplômés, faute de relations entre l'enseignement et le secteur de production, au moment où la Grèce détient le record du monde d'exportation d'étudiants. Ainsi, a poursuivi le premier ministre, l'université qui devrait en fait être le moyen fondamental pour que l'on soit reconnu socialement et professionnellement "a commencé à s'estomper dans les développements socio-économiques".
Une réalité qui s'est formée "en raison d'un manque d'audace, de laxisme et de stagnation dans le passé", selon M. Caramanlis qui a expliqué que, "depuis des années on n'en parle pas sous couvert de conceptions profondément conservatrices", fustigeant au passage "les mentalités prônant le moindre effort, des intérêts établis", et ceux qui "s'inspirent d'un populisme irresponsable qui, soi-disant protège les catégories sociales les plus faibles, mais qui fonctionne finalement à leur désavantage".
Affirmant que "le plus grand défi est de briser le cercle vicieux de l'immobilisme", M. Caramanlis a appelé toutes les formations politiques à participer "au changement de cette situation et à l'effort de revalorisation de l'université publique".
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Le dirigeant du principal parti de l'opposition a proposé entre autres d'amender l'art. 16 de la Constitution qui place les universités sous le contrôle exclusif de l'Etat, critiquant le refus des partis de gauche sur ce point, critiquant aussi le gouvernement d'avoir opté sur l'autoritarisme et sur une confrontation avec la société lors des grandes mobilisations et 5 semaines de grève des enseignants.
"Je connais", a-t-il dit, "les positions de Synaspismos et du KKE (parti communiste) et ne suis pas d'accord que l'art.16 garantisse le caractère public des universités. Nous l'avons hérité de la droite. L'art. 16 est la conséquence d'une Grèce en guerre civile, d'une Grèce qui n'a pas confiance en soi. Il n'est pas le germe d'une revendication pour le progrès". Selon M. Papandreou, l'art. 16 "place l'université publique en position d'infériorité par rapport au privé et aux établissements étrangers".
Décrivant ses propositions pour l'enseignement supérieur, le président du PASOK a cité l'amélioration des infrastructures, des ordinateurs gratuits et l'accès à Internet haut débit pour les étudiants ayant terminé le lycée avec des diplômes en langue étrangère et en informatique; la formation des enseignants et revalorisation de leurs salaires selon un système d'évaluation; des jardins d'enfants et écoles primaires plus autonomes, l'éducation préscolaire gratuite pour tous, l'autonomie des universités, des changements dans le système d'entrée à l'enseignement supérieur, l'accroissement des dépenses pour l'Education en vue d'atteindre les 5% du PIB et, enfin, d'associer éducation et recherche avec la production.
Prenant à son tour la parole le secrétaire générale du KKE, Aleka Papariga a défendu que "les luttes dans l'espace de l'éducation sont, pour le Parti communiste de Grèce, porteuses d'espoir et signe de réaction saine".
Mme Papariga a exprimé son opposition catégorique à la révision de l'article 16 de la Constitution garantissant l'université publique, soulignant que l'ensemble des solutions avancées à la fois par la ND et le PASOK ne sont faites que pour servir les intérêts privés d'hommes d'affaires et à abroger encore plus le rôle social des universités publiques.
De même, le président de Synaspismos, M. Alavanos, a rejeté vigoureusement la réforme préconisée par le gouvernement pour l'éducation, dénonçant par ailleurs dans le discours du premier ministre un "fossé entre ce que vous dites et ce que vous faites".
"Ce que vous dites, ce n'est pas une réforme parce que c'est contre les professeurs des universités, de l'enseignement secondaire et primaire, contre les étudiants et les élèves. Avec qui pour alliés allez-vous faire la réforme ? Quels sont vos alliés au-delà de certains centres d'études ou universités privées de l'étranger ?", a lancé M. Alavanos, assurant qu'il souhaite certes le dialogue et la recherche de points communs entre les forces politiques, mais sur la base que les universités publiques constituent la question-clé du débat.
i-GR/ANA-MPA