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Collision entre deux avions de combat grec et turc au dessus du Dodécanèse

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By iNFO-GRECE,

Deux avions de combat F-16, un grec et un turc, se sont heurtés peu avant 13h00 locale mardi après-midi, à 15 milles au sud-est de Karpathos, selon les sources grecques, à 35 miles selon les sources turques. Les causes de la collision sont pour le moment inconnues, tandis que le ministère grec de la défense a annoncé ouvrir une enquête. Le pilote turc a été retrouvé sauf, tandis que le sort du pilote grec est encore ignoré. Le Premier ministre, Costas Caramanlis, qui se trouvait à Paris mardi matin, a été immédiatement informé de l’incident.


Le F-16 turc était entré dans l’espace aérien sous contrôle du FIR (Flight Information Region*) d’Athènes - une de ces violations quasi-quotidiennes sans dépôt de plan de vol– et selon la procédure, tristement routinière, un avion grec est allé à sa rencontre afin de repousser l’avion en infraction hors des limites du FIR. Il est à savoir que ce genre de violations se multiplient à l’approche de la saison touristique, la Turquie en usant pour créer un climat d’insécurité pénalisant.

Les deux appareils sont venus si près l’un de l’autre que la collision n’a pu être évitée alors qu’ils évoluaient à une hauteur de 34.0000 pieds. L’information sur la collision aurait été transmise par le pilote d’un avion de ligne égyptien qui volait 2.000 pieds au-dessus de l’accident sur le trajet Caire – Vienne.

Les deux pilotes auraient eu le temps de s’éjecter. Des hélicoptères Super - Puma de l'aviation grecque et des bateaux de la marine de guerre se sont aussi tôt dépêchés et ratissaient la région à la recherche des pilotes et des débris des avions. Trois hélicoptères turcs participaient également aux recherches.

Selon des informations, le pilote turc, ramassé par un bateau commercial battant pavillon panaméen aurait refusé d’être assisté par l’hélicoptère grec et être transporté à l’hôpital et a attendu l’arrivé d’un hélicoptère turc. Le sort du pilote grec était encore ignoré en fin d’après-midi.

Les ministères de la Défense grec et turc se trouvent en contact tandis que les états-majors essaient de minimiser la portée politique de l’incident. Selon les autorités turques « l’accident » a eu lieu dans l’espace international, quand « des avions de guerre grecs ont gêné les manœuvres de l’avion turc en mission éducative. »

Dans des déclarations devant la presse à Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères, M. Gül, a indiqué que les chefs des états-majors généraux des deux armées [turque et grecque] ont également eu un entretien téléphonique. « Nous tentons d'augmenter les mesures de confiance pour éviter que surviennent des accidents semblables », a-t-il conclu.

« Notre vol était programmé et l'Otan en avait été informé », a déclaré le ministre turc de la Défense, Vecdi Gönul, à la presse, anticipant le reproche grec sur la non présentation des plans de vol des avions militaires turcs au FIR d'Athènes comme le demande la réglementation internationale. Et, bien entendu, l'Otan, qui n'est pas un FIR, n'a aucune responsabilité sur le contrôle de l'espace aérien (voire vote en fin d'article), mais l'AFP, qui rapporte l'information, se garde de donner dans la nuance.

Les premières réactions côté grec indiquent que dans la capitale grecque on n’insiste pas sur la légalité ou pas de cette incursion dans le FIR d’Athènes afin de ne pas envenimer les relations entre les deux pays et éviter d’en faire un incident diplomatique. Le porte-parole par intérim du gouvernement grec, Evanghelos Antonaros, s’est gardé de confirmer la version turque des faits. « Les deux ministres [affaires étrangères grec et turc] se sont accordés que l’incident ne devrait pas influencer les efforts des deux pays pour l’amélioration de leur relation », note le ministère grec des Affaires étrangères dans un communiqué publié dans l’après-midi où il est souligné le contact téléphonique entre Mme Bakoyannis, en voyage à Helsinski, et son homologue turc Abdulah Gül. Mme Bakoyannis qui devait passer par Paris, où M. Caramanlis présidait aujourd’hui une réunion de l’OCDE, a annoncé qu’elle rentrera directement à Athènes.

Le premier ministre, Costas Caramanlis, qui se trouve à Paris, a immédiatement été informé de l'incident par ministre de la défense nationale, Vangelis Meïmarakis. Les deux hommes restent depuis en contact permanent.

Mais alors que le gouvernement grec cherchait encore à comprendre les causes de l’incident, la Turquie diffusait déjà sa version auprès des agences de presse et des médias internationaux, dont les dépêches ont fait immédiatement le tour du monde.

Le chef du premier parti de l’opposition en Grèce, le socialiste Yorgos Papandreou, n’a pas manqué l’occasion de critiquer le gouvernement lui tenant pour… responsable de l’augmentation de l’intensité des incidents et accusant « que [le gouvernement] n’a pas exploité les occasions qu’il avait pour résoudre définitivement les différends [avec la Turquie] ». Toutefois, M. Papandreou a déclaré que « les droits et la souveraineté de notre pays  sont donnés et non négociables » appelant en même temps la Turquie à « respecter le cadre de bon voisinage et les termes posés par l’Union Européenne en tant que candidat à l’adhésion. »

Pour le leader de Synaspismos (gauche radicale), Alecos Alavanos, l’incident était attendu et il l’a attribué à l’effort de la Turquie de sortir de la crise intérieure qu’elle traverse.

Pour le parti communiste (KKE), la collision est une conséquence de la tension entretenue dans la région par l’OTAN, les Etats-Unis et… l’UE.

Répondant à M. Papandreou, le porte-parole du gouvernement, M. Roussopoulos, a dit que « sur un sujet pareil, lequel s’offre à tout sauf à une exploitation partisane, il [s’] attendait à plus de responsabilité de la part de quelqu'un qui a servi pendant dix ans au ministère des Affaires étrangères. »

i-GR/ANA-MPA

Notes complémentaires

* Les FIR (Flight Information Regions) sont des zones de responsabilité du trafic aérien définies par l'Organisation Internationale de l'Aviation Civile (ICAO) selon les termes de la convention internationale de Chicago en 1944. Le FIR d'Athènes a été ensuite précisé dans les différentes réunions de la « European regional aviation » pour être fixé définitivement en 1958 (avec la participation et l’accord de la Turquie). Il couvre tout l’espace aérien national de la Grèce plus quelques parties de l’espace international. Conformément aux règles et pratiques internationales, tout avion civil ou militaire doit soumettre ses plans de vol au FIR correspondant. Néanmoins, depuis 1974, la Turquie a étendu unilatéralement son espace aérien national jusqu’au milieu de… la mer Egée ! Arguant que la convention de Chicago ne s’applique pas aux vols nationaux, elle refuse de soumettre les plans de vol de ses avions militaires au FIR d’Athènes.

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