Skip to main content

Guerre de déclarations entre Athènes et Ankara à la veille de la rencontre Bakoyannis – Rice à Washington

Profile picture for user iNFO-GRECE
By iNFO-GRECE,

Le ministre grec des Affaires étrangères, Mme Bakoyannis, a appelé la Turquie à honorer ses obligations vis-à-vis de l'UE et à réviser l'anachronisme de son dogme de casus belli envers la Grèce, en réponse aux récentes déclarations turques réitérant l'inflexibilité du pays voisin dans ses relations avec la Grèce et sur la question chypriote. Une montée de la tension à mettre sur le compte de la rencontre, jeudi à Washington, du ministre grec des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, avec le chef du Département d'Etat américain, Condoleezza Rice. Avant son départ d'Athènes, Mme Bakoyannis s'est entretenu de la question chypriote avec le président de la Chambre de Chypre, Dimitris Christofias.


M. Christofias a évoqué des développements favorables pour la Grèce et Chypre, mentionnant pour exemple la récente approbation par l'UE du règlement financier pour la communauté turco-chypriote, les positions de Nicosie sur la gestion commune de Famagouste (Ammochostos) sous l'égide de l'UE et la rencontre du SG de l'ONU, Kofi Annan, avec le président chypriote, Tassos Papadopoulos.

M. Christofias a souligné que la rencontre Papadopoulos - Annan peut ouvrir des nouvelles perspectives "à la condition qu'Ankara accepte la mise en place de commissions d'experts pour les questions afférentes au départ des forces armées, le recensement de la population et les différends entre la Turquie et Chypre concernant le règlement de la question chypriote".

"Il va de l'intérêt des Chypriotes-grecs et des Chypriotes-turcs de mettre en place des commissions d'experts pour entamer une discussion sur les aspects qui ont été cités", a souligné M. Christofias, ajoutant qu'il en avait discuté en détail avec Mme Bakoyannis en vue de sa visite aux Etats-Unis.

"Aux Etats-Unis, Mme Bakoyannis aura des rencontres importantes, et j'espère que les Etats-Unis feront preuve de compréhension face à des positions qui sont logiques et qui peuvent créer les conditions nécessaires pour le règlement du problème de Chypre", a-t-il ajouté.

Invité à commenter les récentes déclarations du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan - selon lesquelles la Turquie ne compte pas ouvrir ses ports et ses aéroports aux navires et avions chypriotes jusqu'à ce que soit levé l'"isolement des Turco-chypriotes", M. Christofias a souligné qu'indépendamment des conditions posées par M. Erdogan, "la Turquie doit remplir ses obligations concernant sa marche d'adhésion à l'UE. M. Erdogan doit comprendre qu'il ne peut pas menacer l'UE, et l'UE doit faire preuve de dignité. Il va dans l'intérêt de tous que la Turquie réexamine sa position".

Les relations greco-turques, la question chypriote et l'avenir des Balkans occidentaux constitueront des dossiers-clé des entretiens de Mme Bakoyannis avec son homologue américain, Condoleezza Rice, jeudi à Washington. Malgré la réponse très rapide de Mme Rice –estimée par les milieux diplomatiques comme un signe positif – pour caller dans l'agenda le rendez-vous avec le ministre grec, la tâche de Mme Bakoyannis ne sera pas des plus faciles, la rencontre intervenant quelques jours après l'annulation par la Grèce de l'achat de 10 avions F-16 supplémentaires.

Dans une interview accordée à Associated Press mardi, Mme Bakoyannis a déclaré que le gouvernement turc doit autoriser la réouverture de la faculté de Théologie de Halki, une institution importante à la vie et au fonctionnement du Patriarcat œcuménique de Constantinople, le siège du chef spirituel de quelque 250 millions d'Orthodoxes dans le monde entier.

Le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a appelé la Turquie à honorer ses obligations vis-à-vis de l'UE dans sa perspective d'en devenir membre, y compris l'abrogation du casus belli qu'elle avait émis si la Grèce étend ses eaux territoriales à 12 milles en Eger.

"Tous les pays ont ajusté leurs lois, accepté les normes européennes, afin de pouvoir rejoindre l'UE. La Turquie doit le faire aussi. Il n'y a pas d'Europe à la carte pour aucun pays, ni pour la Turquie", a affirmé Mme Bakoyannis.

En début de semaine, le Conseil des ministres du gouvernement turc a adopté le "dogme" de sécurité nationale, déjà validé en octobre dernier par le Conseil national de sécurité (une instance sou l'emprise du puissant lobby militaire du pays).

Le texte adopté confirme et maintient les principaux axes de la politique étrangère turque et, en ce qui concerne les Grecs, la menace de casus belli envers la Grèce et la présence militaire turque en Chypre.

"Le gouvernement [turc, ndlr] considérera comme cause de guerre (casus belli) le cas où la Grèce éteindra ses eaux territoriales à 12 miles", titrait aussitôt le quotidien Hurriyet. Une ligne inflexible que le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a confirmée dans une interview publiée lundi au magazine autrichien Profil. "Nous n'envisageons pas d'ouvrir nos ports et nos aéroports aux grecochypriotes tant que les mesures contre Chypre du Nord ne sont pas levées", a-t-il déclaré, prévenant "quelque en soit le coût pour nous" a propos des obligations découlant de la dite marche européenne pour l'adhésion de la Turquie à l'UE et du protocole signé d'extension de l'Union douanière. Comme quoi la signature turque ne vaut que ce les Turcs veulent qu'elle vaille.

Be the first to rate this article