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La Grèce et les Palestiniens maintiennent la pression sur le Patriarche de Jérusalem Eirinaios

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By iNFO-GRECE,

Alors que l'affaire de ventes de biens immobiliers du Patriarcat de Jérusalem à des hommes d'affaires israéliens continue à être commentée en Grèce, et que le Patriarche Eirinaios n'a pas cédé aux pressions refusant de démissionner, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georges Koumoutsakos, a rappelé jeudi le principe de non-intervention dans la relation Etat grec-Patriarcat de Jérusalem.


Il n'empêche que le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Panagiotis Scandalakis, doit se rendre dimanche 3 avril à Istanbul où il évoquera la situation avec le Patriarche œcuménique Bartholomeos 1er.

"Notre principe, qui régit toutes nos actions est celui de non-intervention dans les affaires intérieures du Patriarcat, et il reste pour nous un principe inébranlable", a dit M. Koumoutsakos, alors qu'en début de semaine il mettait SS Eirinaios "devant ses responsabilités, espérant qu'il [sache] ce que lui reste à faire". Effectivement, le ministère grec des Affaires étrangères précise que "ceci ne doit pas être compris comme un soutien à des personnes voire à des situations ne plaçant pas avant tout le prestige du Patriarcat. Le gouvernement grec n'indiquera pas certes au patriarche la façon dont il doit accomplir ses obligations vis-à-vis du Patriarcat, des fidèles et de la Nation", a déclaré M. Koumoutsakos, commentant la déclaration le jour même du Patriarche Eirineos en réponse à la prise de position la veille du gouvernement et le rapport publie des experts du ministère des Affaires étrangères ayant enquêté sur place à Jérusalem.

Dans ses déclarations, le Patriarche de Jérusalem demande pardon pour d'éventuelles négligences qui ont eu lieu sans qu'il en ait eu connaissance et dues à sa bonne foi, tout en exprimant sa satisfaction qu'Athènes soutienne l'orthodoxie grecque du Patriarcat de Jérusalem. Eirineos ajoute encore que l'Etat grec ne doit pas intervenir dans des affaires intérieures et dans le fonctionnement du Patriarcat.

"En tant que chef à vie de la Confrérie du Saint Sépulcre et fidèle à mon devoir envers l'institution du Patriarcat, des fidèles et de la Nation, je demande pardon pour les éventuelles négligences ayant eu lieu (...) Ce qui reste crucial est que le drapeau grec demeure sur les Lieux Saints, que soit maintenu le statut quo actuel et que soit restaurée la tranquillité de mes fidèles".

Entre temps à Athènes jeudi, le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, invité à commenter la déclaration implicite de non-démission du Patriarche, a rappelé que le ministère des AE "l'avait appelé (mercredi) à mesurer la gravite de la situation et à se montrer à la hauteur des circonstances et assumer ses responsabilités historiques".

Expliquant le fait que, bien que le Patriarcat se trouve en dehors de la juridiction de l'Etat grec, un groupe d'experts ait été dépêché à Jérusalem pour enquêter sur la gestion financière du Patriarcat, M. Antonaros a renvoyé "à l'aspect orthodoxe grec du Patriarcat et à ses liens étroits historiques et religieux avec la Grèce".

A propos de démission, 10 hauts chefs religieux du Patriarcat de Jérusalem ont réitéré leur demande jeudi, alors que le Premier ministre palestinien Ahmed Korei, dans une lettre adressée à Eirineos, lui demande de répondre "officiellement et directement si le Patriarcat greco-orthodoxe a bel et bien donne procuration pour la vente de biens immobiliers ou pour toute autre transaction de baux à long terme à des Israéliens ou autres personnes étrangères".

M. Korei souligne par ailleurs la vive inquiétude du peuple palestinien qu'ont provoqué les rumeurs et les informations sur la vente de biens à Jérusalem Est, se referant à des accusations à l'encontre du Patriarche que les ventes ont eu lieu avec son consentement. "S'il est confirmé que le Patriarcat a vendu ou loué ses biens (....) alors la crise s'aggravera encore plus", conclu M. Korei.

Enfin, dans l'après-midi on apprenait que le patriarche Eirineos a signé trois déclarations sur l'honneur, lors de ses entretiens de deux heures à Amman le jour même avec le ministre de l'Intérieur de Jordanie, Samir Habashneh. Il s'agit de l'acceptation du retour du Conseil mixte, de changements au Synode pour tous ceux n'étant pas porteur d'un passeport jordanien, et l'engagement que celui-ci n'a réalisé aucune vente ou cession de bail à long terme dans la ville de Jérusalem ou sur sol palestinien.

Selon ces mêmes sources, la 2e déclaration signée par Eirineos pointe à un changement des chefs religieux, Panaretos et Fotios, et un 3e personnage, alors que reviendront probablement vendredi au Saint Synode, que convoque le Patriarche, les métropolites Inokedios et Christoforos.

La 3e déclaration mentionnerait que s'il s'avère que le patriarche a vendu ou cédé à bail des biens, la Jordanie cessera automatiquement de le reconnaître.  

Le secrétaire d'Etat aux AE, Panagiotis Scandalakis, a rencontre jeudi le membre du CC du Parti communiste grec (KKE), Orestis Kolozov et le député européen et président du Rassemblement populaire orthodoxe (LAOS), Georges Karatzaferis pour les informer de la situation au Patriarcat de Jérusalem.

M. Scandalakis a déclaré à ses interlocuteurs que le caractère grec du Patriarcat est incontestable et doit être garanti.

Sans surprise, le SG du CC du KKE, Aleka Papariga, a fait clairement entendre qu'elle demandait le départ immédiat du Patriarche de Jerusalem, à la suite de sa rencontre vendredi avec l'attache d'affaires de l'Autorité palestinienne à Athenes, Ismat Sabri.

"Il n'est pas acceptable que l'on vende ou loue des territoires palestiniens pour une durée de 99 ans à des sociétés privées israéliennes et même à d'autres", a déclaré Mme Papariga, parlant d'"une sorte de trahison des intérêts du peuple palestinien luttant pour un Etat avec comme capitale Jérusalem Est".

Mme Papariga, appelant en outre le gouvernement à "être aux côtés des Palestiniens", s'est dit ne pas être convaincue par les arguments de M. Eirineos, puisque celui-ci n'ayant pu fournir notamment des preuves de son innocence. "Personne ne peut soutenir des actes tels que ceux de Eirineos, et je ne pense pas que le gouvernement grec les soutienne", a-t-elle dit, estimant encore que le "patriarche lui-même aurait dû choisir de faire ce qu'il faut pour aider au règlement de ces problèmes".

M. Scandalakis, qui poursuit ses contacts politiques pour informer sur la situation au Patriarcat de Jérusalem, a également reçu vendredi l'attaché d'affaires de l'Autorité palestinienne à Athènes, Ismat Sabri.

Dans ses déclarations de presse à l'issue de cet entretien, M. Scandalakis a résumé en trois points ce qui reste l'essentiel pour le gouvernement grec, a savoir le Patriarcat en tant qu'institution et sa dimension hellénique, le maintien des bonnes relations de la Grèce avec les pays voisins et, enfin, que cette crise ne dégénère en portant atteinte à la sécurité et la stabilité de la région.

Pour sa part, M. Sabri a souligné que l'Autorité palestinienne "ne mettait à aucun moment en doute le caractère hellénique du Patriarcat, comme cela a toujours été sa position", a-t-il dit.

Invité à commenter, en tant que signe de détente dans la crise, la signature la veille à Amman de trois déclarations sur l'honneur par le patriarche Eirineos, M. Antonaros, a simplement rappelé la position du gouvernement, et confirme toutefois comme fait nouveau la réception au Bureau de presse du Premier ministre de la lettre rédigée par le métropolite de Petra en date du 25 mars 2005, portant la signature de 10 métropolites et archevêques dépendant de l'autorité du Patriarcat de Jérusalem et demandant la démission de Eirineos.

Le cycle des consultations de M. Scandalakis devrait se terminer dimanche 3 avril à Istanbul où il sera reçu par le Patriarche œcuménique Bartholomeos 1er.

i-GR/ANA

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