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Fête de la francophonie en Grèce : les espoirs de la diversité culturelle

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By iNFO-GRECE,

Jeudi soir 2 décembre, les 2000 places du Mégaron Mousikis étaient prises d'assaut par une foule venue nombreuse assister à l’ouverture des états généraux de la francophonie en Grèce. Jamais Athènes n'avait compté autant de francophones, ravis de ces premières retrouvailles malgré quelques absences remarquées mais vite oubliées à la clôture de la soirée dans les applaudissements de Sakis Rouvas et de Nana Mouskouri.

Quelques 200 personnes n'ont pu entrer dans la grande salle du Megaron et participer à la fête. "Qui aurait pensé que cette soirée aurait un tel succès ?" se justifie Patrick Maisonnave, premier secrétaire de l’Ambassade de France, en charge des 4500 invitations envoyées et qui n’imaginait pas avoir un tel taux de retour.

Un temps annoncé, le Premier Ministre grec et ministre de la Culture, Costas Caramanlis a finalement préféré l'inauguration d'une exposition sur le fondateur du Musée Benaki. Mais le monde politique grec était largement représenté pour honorer la soirée avec deux ministres et un vice-ministre, la maire d’Athènes Dora Bakoyannis et son père l’ancien Premier Ministre Constantin Mitsotakis, tandis qu'aucun ministre français n'avait fait le déplacement, malgré la double portée de l'événement : premiers états généraux de la francophonie en Grèce et adhésion de la Grèce à l'Organisation internationale de la francophonie.

A l’intérieur, les invités défilent au micro. Les uns, Marietta Giannakou, Ministre de l’Education et des cultes, et Georges Orphanos, ministre délégué à la Culture, se félicitent de rejoindre la francophonie. Les autres comme Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, ou l'écrivain et académicien Erik Orsenna, expriment leur honneur d’accueillir parmi eux un pays aussi riche culturellement que la Grèce : la défense du plurilinguisme et de la diversité culturelle a trouvé un nouvel allié.

Une dizaine de Grecs francophones évoquent avec émotion ce que le français leur a apporté : un mari, une culture, une carrière universitaire (Hélène Ahrweiler), cinématographique (Katerina Didaskalou) ou télévisuelle (Nikos Aliagas) et surtout beaucoup de plaisir. Nikos Aliagas termine son allocution par un cri : "parlez français !" qu’il adoucit aussitôt par "c’est un plaisir". Nikos mimant le grec né en France parlant grec avec l'accent français donne le ton pour la suite de la soirée.

Après les doctes allocutions, place au spectacle avec un plateau d'humoristes francophones. Ce sera un Grec qui volera la vedette : Giorgos Mitsikostas imitant, outre la classe politique grecque et l'ancien Premier ministre Constantin Mitsotakis présent dans la salle, qui d'autre… que Jacques Chirac ! A l'applaudimètre, la salle est acquise à l’humoriste sud-africain "couleur chocolat au lait" Eric Bouvron qui surprend son public en émaillant son spectacle de bribes de grec, qui malgré l'accent franco-africain n'en forment pas moins de tournures que seule une bonne maîtrise de la langue permettrait. A-t-il bien appris son texte lorsqu’il parodie les salutations grecques ? Non, il est bien hellénophone grâce à une grand-mère grecque d'Egypte !

Enfin, lorsque Sakis Rouvas entre en scène –magnifique interprétation de "Dis-lui" d'Edith Piaf-, toutes les jeunes femmes dégainent leurs photophones. Des images envoyées dans la seconde à leurs copines accompagnées d’un « kil est bo », en v.o. pour la circonstance bien sûr. Pour Nana Mouskouri, qui succède à Sakis, c’est plutôt les mamans qui seront les destinataires des messages….

Après un "buffet francophone" –l'appelation d'origine... incontrôlée n'a pas échappé au journaliste Giannis Pretenderis qui présentait la soirée, "même le buffet parle"- la soirée se poursuit jusqu’à tard dans la nuit par une boom à l’Institut français animée par le DJ Nikos Mouratidis.

Le lendemain, place aux discussions sérieuses avec pas moins de cinq forums se déroulant dans différents points d'Athènes : la coopération universitaire, le monde des Affaires, la mobilité de la jeunesse, les échanges culturels, les médias… Des acteurs de la francophonie présentent leurs expériences et débattent avec un public principalement grec.

Une francophonie souvent présentée comme un rempart face à la domination de l'anglais et pire encore, face à l'Amérique. Ce n'était pas forcement la meilleure manière ni la plus positive de faire avancer la francophonie. Athanassios Evanghelou, fondateur d'iNFO-GRECE, s'exprimant dans le forum médias en compagnie de Claude Serillon, TV5, de Georges Lory, RFI, de Pavlos Tsimas, Mega TV, d'Henri Bouvier, AFP, et d'autres représentants de médias grecs, s'est voulu justement rassurant quant à l'omniprésence de l'anglais sur Internet : "s'il y a davantage de contenus en anglais sur le Net, ça l'est par effet mécanique du fait que la population anglophone est beaucoup plus importante dans le monde et que les pays anglophones ont été les premiers à se connecter au réseau et à produire des contenus pour l'Internet", a-t-il expliqué. Une situation destinée à évoluer au fur et à mesure que d'autres pays font leur entrée sur le Net avec leur propre langue. "Aujourd'hui, grâce à Internet, quelqu'un peut lire les nouvelles du jour en grec depuis n'importe quelle province de France, et de même accéder à des milliers de sites en français depuis une petite ville des Etats-Unis. Quelle autre média a offert une telle possibilité jusqu'ici ?", a lancé M. Evanghelou, vantant la réussite d'info-grece.com, information francophone sur la Grèce "qui n'a pas son équivalent en anglais".

Passé ce week-end intense, la question qui reste en suspens est de savoir que restera de cet élan francophone, quelles actions concrètes vont suivre. Par quelle volonté politique et quels moyens les idées développées dans les différents forums pourront se matérialiser et combler les espoirs manifestes ?

i-GR/MVN/AE

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