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La défense des terroristes Grecs de la 17N entend mobiliser l'opinion française sur les conditions de son procès

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By iNFO-GRECE,

L'avocat et la compagne d'Alexandre Giotopoulos, celui en qui la justice grecque a reconnu le chef de l'organisation terroriste grec "17 Novembre", respectivement Giannis Rahiotis et Maïté Peynaud, ont tenu une conférence de presse ce vendredi matin dans les locaux de la Ligue des Droits de l'homme dans le 18e arrondissement de Paris, au cours de laquelle ils ont tenu à dénoncer les conditions dans lesquelles s'est déroulé le procès et à mettre en cause l'authenticité des preuves avancées par la justice grecque. Au lendemain des attentats terroristes de Madrid attribués à l'ETA, ce n'était pas le meilleur jour pour Mme Peynaud, basque d'origine, de défendre son compagnon franco-grec, mais l'assistance a évité l'amalgame entre l'actualité immédiate et les faiblesses de la justice grecque.


En décembre dernier au terme d'un procès qui aura duré dix mois, la justice grecque se prononçait sur le sort des ceux qui jusqu'à là n'étaient que membres présumés de l'organisation terroriste la plus meurtrière de ces dernières années en Grèce, connue sous le nom de 17 Novembre. Alexandre Giotopoulos reconnu par le tribunal être l'instigateur moral du groupe écopait de 21 fois la perpétuité, Dimitrios Koufodinas, bras droit exécutif du groupe, de 13 fois la prison à vie. Quatre autres membres avaient été condamnés à des peines de prison à perpétuité.

Giotopoulos a clamé son innocence tout au long du procès, malgré que certains de ses codétenus ont dit avoir reconnu en lui le "Lambros", nom de code du chef de l'organisation.

Le procès avait été mené sous la nouvelle loi "contre le crime organisé", dite loi antiterroriste, qui prolonge la durée de prescription des actes de 10 à 20 ans et qui suspend le principe du jury mixte, magistrats-jurés populaires, au profit d'une cour composée de trois magistrats tirés au sort dans un corps de juges choisis.

Au moment où le procès d'ELA la deuxième organisation terroriste grecque vient de reprendre, le principal reproche qu'adresse aujourd'hui à la justice grecque Giannis Rahiotis, l'avocat d'Alexandros Giotopoulos, est le caractère anti-démocratique de cette loi "contre le crime organisé". Dénonçant le fait que la Cour, tout en reconnaissant les motifs politiques des actions de la 17N, n'ai pas accepté la qualification "politique" du procès ce qui aurait permit d'échapper à la loi "anti-terroriste", M. Rahiotis a pointé ce qui a ses yeux est une machination voulant à tout prix désigner un chef et un auteur moral de toutes les actions de la 17 Novembre.

Giannis Rahiotis a rappelé que son client n'avait en aucun moment durant le procès reconnu son appartenance à l'organisation "17 Novembre" et il dénonce la faiblesse des preuves de la police, voire même leur "construction". Pour l'avocat de Giotopoulos il ne fait aucun doute que celui-ci a été condamné pour son refus de collaborer avec la police grecque et de prendre ses distances avec l'idéologie de l'organisation terroriste.

Pour sa part le représentant du bureau national de la Ligue des Droits de l'Homme François de la Sudda, justifiant l'accueil de la conférence de presse dans ses locaux, a rappelé que "la Ligue est attentive à la façon dont les conventions internationales sur les droits de l'Homme sont respectées par les pays signataires". "Nous soutenons tous ceux dont les droits sont bafoués sans entrer dans la considération de savoir s'ils sont coupables ou pas", a-t-il dit, profitant au passage pour dénoncer une ancienne directive européenne qui "justifie de réglementer les restrictions aux droits de l'Homme de manière aux résultats qu'on veut obtenir".

La compagne d'Alexandre Giotopoulos, Maïté Peynaud, une française d'origine basque anciennement enseignante au collège français d'Athènes, présente lors de cette conférence de presse, était peu prolixe et plutôt évasive dans ses réponses. Aux différentes questions posées par les journalistes, essentiellement des correspondants de la presse grecque, elle a répété ce qu'elle avait déjà dit lors du procès. Non, elle ne connaissait pas la double identité de son compagnon ; oui, elle a reconnu l'écriture de Giotopoulos sur des pièces à conviction de la police, mais seulement elle ressemblait, ce n'était pas la sienne ; les clés de la cache d'armes trouvées dans l'appartement athénien du couple étaient sans valeur puisque la police grecque les lui avait rendues. Elle a, enfin, appelé à la "mobilisation de tous ceux qui sont indignés à se battre pour le rétablissement de la vérité".

Le reste des interventions n'a apporté que peu d'éléments nouveaux par rapport aux thèses de M. Rahiotis sur l'innocence de Giotopoulos, que le jeune avocat grec a cherché à étayer par nombre de détails sur les erreurs de l'accusation, sur les pressions sur les témoins et sur les accusés, sur les dispositions exceptionnelles "anti-démocratiques" de la loi sur le crime organisé, sur les effets de la surmédicalisation du procès par des groupes de presse détenus par quelques grandes familles, sur la limitation des droits de visite, etc., le tout relevant d'une machination des services secrets britanniques et américains qui avaient établi une liste d'une trentaine de suspects, à la quelle l'Etat grec aurait été obligé de souscrire à l'approche des Jeux Olympiques.

iNFO-GRECE : Mme Peynaud, avez-vous essayé de comprendre pourquoi l'attention des autorités s'est portée sur Giotopoulos, plutôt que sur quelqu'un d'autre ? Des Grecs proches de l'extrême gauche vivant à Paris, il y en a plusieurs…

Maïté Peynaud (visiblement ce n'était pas la première fois qu'on lui posait la question) : J'ai déjà répondu… Les circonstances du moment en faisaient le coupable idéal.

i-GR : Qu'avaient de particulier ces circonstances ?

MP : L'explosion de la bombe avec Savvas Xiros...

i-GR : Cela concerne Xiros, quel rapport avec Giotopoulos ?

Giannis Rahiotis : Il y avait d'autres noms qui avaient été avancés à l'époque comme chefs supposés de la 17N, mais étant donné la personnalité de Giotopoulos, les autres ne faisaient pas le poids. Giotopoulos était une cible plus facile.

i-GR : Avez-vous des informations sur une éventuelle implication des services français dans la "construction" que vous dénoncez ?

Giannis Rahiotis : Non, vous imaginez que nous n'avons pas les moyens de savoir ce que font les services secrets français.

i-GR : Pourtant, vous donnez l'impression d'être très au fait du rôle et de la stratégie de la CIA et des services britanniques dans l'affaire...

Une personne de l'assistance : certains nous avions des informations à titre personnel, parfois liées à la surveillance dont nous étions l'objet.

i-GR/AE

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