Scandale en Grèce : les USA livrent des armes à Israël depuis le port d’Astakos

Scandale en Grèce : les USA livrent des armes à Israël depuis le port d’Astakos

La polémique fait rage en Grèce. Le port d’Astakos, en Etolie-Acarnanie, aurait reçu une importante cargaison de munitions américaines à destination d’Israël. Le State Department a confirmé puis démenti cette livraison qui, selon certaines sources, aurait été bloquée en raison du conflit à Gaza. Le gouvernement grec dément tout en bloc, mais sans convaincre, face à une opinion publique très pro-palestinienne. Le commentaire enflammé du quotidien Ethnos.

Par Yorgos Delastik

Non, cette affaire de livraison par les Etats-Unis vers Israël de 325 containers de munitions qui seraient passés par le port – privatisé, il faut insister sur ce point – d’Astakos, en Etolie-Acarnanie, est loin d’être insignifiante. Elle a trop d’importance pour les relations traditionnellement amicales entre la Grèce et le monde arabe.

À l’heure où les Israéliens commettent des massacres impitoyables dans la bande de Gaza et où le monde voit avec horreur la férocité avec laquelle agissent les troupes de Tel-Aviv, le passage par Astakos d’une énorme cargaison de munitions destinées à être utilisées par les occupants israéliens contre les Palestiniens désarmés a des conséquences extrêmement dommageables pour la Grèce. La cargaison en question contient des bombes, des mines, des torpilles, du matériel explosif, des têtes de roquettes, des bombes à retardement, etc.

Le peuple arabe, même s’il est bien capable de comprendre les liens qui existent entre le gouvernement Caramanlis et les Etats-Unis, ne peut que ressentir de la colère en apprenant cette information, même si tout le monde arabe et musulman connaît les sentiments pro-palestiniens du peuple grec.

Il est tout de même remarquable que les Américains aient d’abord annoncé l’envoi de ces 325 containers de munitions vers Israël, montrant même le document d’appel d’offre international pour leur transport, document dans lequel il est fait formellement référence au port d’Astakos comme point de chargement. L’information a été aussi publiée dans le quotidien israélien Haaretz, et relayée par l’agence d’informations britannique Reuters. Ainsi, le monde entier était au courant. Et cette fois, ce n’était pas une publicité pour une croisière touristique en quête de clients !

Naturellement, il n’est pas du tout exclu que toute cette publicité faite par les Américains ne soit qu’une mesure de diversion : peut-être, pendant qu’ils attiraient l’attention sur les munitions d’Astakos, des armes encore plus nombreuses et importantes transféraient par Souda en Crète ou d’autres installations portuaires grecques en direction d’Israël. Cela, nous ne le savons pas.

Ce qui est certain en revanche, c’est que cette affaire et sa diffusion médiatique va causer des dommages dans les relations entre la Grèce et les peuples arabes. Or, les Américains comme les Israéliens ont tout intérêt à ce que ces relations connaissent un refroidissement.

Le gouvernement Caramanlis ne s’est même pas risqué à manifester une once de soutien aux Palestiniens de Gaza qui subissent mille maux – pas même un mot de solidarité. Pour les Etats-Unis et Israël, plus les relations gréco-arabes se détériorent et plus cela arrange leurs affaires, selon une logique implacable. Le gouvernement grec favorise donc leur politique.

La question maintenant est de savoir ce que fait le gouvernement. Jusqu’où vont les relations secrètes qu’il entretient avec le gouvernement assassin d’Israël et à quels dangers est-il prêt à exposer la Grèce juste pour soutenir l’occupant israëlien ?

Le Premier ministre soutient qu’il ne savait rien à propos du bateau et des armes qu’il transportait. Personne ne le croit, bien entendu. D’une façon indirecte, il essaie d’orienter l’opinion dans une autre direction : oui, ces armes devaient aller au port d’Ashdod en Israël, mais elles seraient destinées à des entrepôts de l’armée américaine, et non aux troupes israéliennes.

Soyons sérieux. Il est impossible que le gouvernement n’ait pas eu connaissance de l’appel d’offre international lancé par la Marine militaire des Etats-Unis, qui concernait le chargement de 325 containers de munitions, et dans lequel Astakos est cité explicitement. D’ailleurs, comme le disent les habitants de la région, les Américains chargent et déchargent des armes à Astakos depuis des années !

La politique choisie par le gouvernement Caramanlis face à Israël est en complète contradiction avec ce que pense une majorité écrasante du peuple grec. C’est une honte d’utiliser nos ports pour le transport d’armes destinées à tuer des Palestiniens. C’est la deuxième fois que le gouvernement Caramanlis se comporte en compagnon, voire en sujet servile de Tel-Aviv.

Personne n’a oublié le choc de l’été dernier, quand on a découvert que le gouvernement de la Nouvelle Démocratie avait intégré les forces armées grecques à un entraînement simulant une attaque israélienne contre l’Iran et accepté que l’entraînement se déroule sur son sol. C’est un jeu plus que dangereux pour la nation, qui pourrait provoquer des attaques terroristes en Grèce sans que le pays n’en tire le moindre bénéfice en terme de politique étrangère - notamment sur des sujets comme l’attitude de la Turquie en Egée ou le dossier Skopje.