Les élèves grecs sont malades de leur école

Les élèves grecs sont malades de leur école

Traduit par Didalia Papakonstantinou

http://tovima.dolnet.gr/

Une grande enquête menée au niveau européen révèle que les élèves grecs sont les plus sensibles au stress. Ainsi, 30% des collégiens et des lycéens grecs auraient des problèmes psychologiques, soit plus de 200 000 enfants de 12 à 18 ans. La peur de l’échec scolaire serait la principale cause de ces symptômes.

Par Nota Trika

Durant l’été 1997, une jeune fille de 18 ans s’est suicidé en se jetant par la fenêtre du quatrième étage d’un immeuble. La veille du suicide, elle avait échoué à deux épreuves du bac et donc n’avait pas le droit de se présenter aux examens d’admission des études supérieures. Ce suicide avait bouleversé la Grèce entière et des tonnes d’encre ont coulé pour analyser les conséquences néfastes des examens sur la santé des enfants.

Les années suivantes, la tragédie s’est reproduite et a parfois été évitée de justesse. Évidemment, tous les enfants n’en viennent pas au suicide, mais un grand nombre d’entre eux, qui considèrent la réussite aux examens et l’admission à l’Université comme leur seul choix de vie, sont menacés. La majorité de ces élèves, écrasés par le stress, sombrent dans la dépression et certains, fatalement, ne résistent pas.

Certains lycéens de terminale sont excédés par leur peur d’échouer. Les psychologues chargés de les aider à surmonter leur stress préfèrent ne pas s’imaginer ce qui pourrait arriver à ces enfants s’ils ne recevaient pas le soutien psychologique nécessaire.

Au vu de ces données, le résultat de l’enquête européenne n’est plus une surprise mais une triste confirmation de la réalité. Il s’agit d’une enquête scientifique sur la qualité de vie des adolescents dans 13 pays européens. Elle révèle que la santé psychique des élèves grecs est plus menacée que celle des enfants de la plupart des autres pays. Un élève grec sur trois souffre d’anxiété et un grand nombre de ces enfants sombrent dans la dépression. Plus de 20 000 des 70 000 lycéens de terminale sont affectés par le stress.

Selon l’enquête, 30% des collégiens et des lycéens grecs ont des problèmes psychologiques. Il s’agit de 200 000 enfants de 12 à 18 ans ! L’équilibre psychique des écoliers français et polonais du même âge est également fragile. Moins de 20% des enfants autrichiens, suisses et hollandais ont des problèmes psychologiques. En Allemagne et en Espagne les pourcentages varient autour de la moyenne européenne, 25%.

L’enquête indique que les adolescents grecs sont aussi les moins indépendants dans l’organisation de leur temps libre. 40% d’entre eux ne se sentent pas suffisamment autonomes pour organiser leur temps libre et leur vie sociale, alors qu’en Autriche, en Allemagne et aux Pays Bas le même problème ne concerne que 20% des adolescents, en Espagne et en Irlande 25%, et en Tchéquie un peu moins de 30%. Les adolescents français et anglais sont aussi moins concernés par ce problème que les grecs, 35% environ, le moyenne pour l’Europe étant 30%.

Les universités et d’autres institutions des pays participant à l’enquête ont évalué la qualité de vie de 22 300 adolescents européens. La Faculté de Médecine de l’Université d’Athènes et l’hôpital pour enfants Agia Sophia se sont chargés de mener l’enquête en Grèce. Le comportement de 1 200 adolescents a été étudié. Leur relation avec leurs parents et la contribution de ces derniers à la construction de la personnalité des adolescents ont été évaluées.

Selon les résultats de l’enquête, en Grèce, la qualité des relations entre parents et adolescents est inférieure à celle dans les autres pays participants. Elle est aussi inférieure à ce que veulent croire les parents grecs. 22.3% des adolescents grecs annoncent que leurs parents ont rarement du temps à leur consacrer. 20% annoncent pouvoir rarement parler à leurs parents quand ils veulent. Seulement la moitié des parents ont été d’accord avec les plaintes de leurs enfants. Pour 10% des parents il n’y a pas de problèmes particuliers.

Des cours contre le stress

Plusieurs parents, cherchant à sortir du cercle vicieux du stress accablant toute la famille pendant la période des examens, recourent aux cours contre le stress. En Grèce, ces dernières années, ces cours ont connu un grand succès. « Le stress dans la famille commence avec l’entrée de l’élève au lycée. Plus l’élève réussit à l’école, plus les attentes des parents augmentent et le niveau du stress aussi », signale Mme Androniki Filippatou, psychothérapeute et conseiller familiale qui organise des séminaires aidant à combattre le stress.

« Le stress des examens d’admission aux études supérieures, qui résulte soit de la difficulté de l’épreuve elle-même, soit des attentes de la famille et de la société, continuera à saper le bien-être psychologique des élèves tant que les examens restent le seul choix des jeunes pour entrer dans la vie adulte », remarque Monsieur I. Tountas, professeur de médecine sociale à l’Université d’Athènes et directeur du Centre d’études des Services Médicales de la Faculté de Médecine.

La psychologue Eleftheria Pnayotopoulou signale que pendant la période des examens le stress des élèves augmente parallèlement au nombre de visites à l’hôpital. Plusieurs élèves courent à l’hôpital dès le début de l’année scolaire, et quelques fois les symptômes dont ils souffrent les accompagnent toute leur vie.

La psychologue clinicienne Mme Hara Nomikou remarque également que : « des élèves viennent à l’hôpital avec des symptômes comme des vomissements, une température plus élevée que d’habitude, une grande fatigue où des troubles gastro-entériques. Les filles sont les plus affectées par le stress ».