Le 10 février 1975 meurt d'un accident artériel cérébral Le poète Nikos Kavvadias. C'est un vrai poète de la mer, de la vie des marins, et son oeuvre, admirable est devenue très populaire grâce à la mise en musique, en particulier par Mikroutsikos (Stavros tou notou, Croix du sud). Il a bénéficié en cela, malheureusement après sa mort, de la grâce qu'ont eue les poètes grecs du XXe siècle : de remarquables compositeurs de musique, faisant connaître leur poésie à leur peuple tout entier.
Nikos Kavvadias naquit le 11 janvier 1910, à Kharbin, en Mandchourie, ou son père, gréco-russe, était négociant. En 1914 La famille revint en Grèce d'abord à Argostoli, ville ionienne des origines familiales, puis s'installa au Pirée, où l'enfant fit ses études primaires et secondaires.
Il commença très tôt à écrire des vers. Élève de 12 ans, il rédigeait seul le journal scolaire : Scholikos satyros.
En 1928, il voulut commencer des études de médecine, mais dans l'année, la lourde maladie de son père lui imposa d'y renoncer pour travailler. Il fut comptable-employé aux écritures dans un bureau maritime, publia de la poésie sous le pseudonyme de Pétros Valchalas de la poésie, et collabora aux revues littéraires. Il écrit un feuilleton, qu'il ne termina jamais, dans le journal Piraïko Vima. L'année suivante, en 1929, à la mort de son père, s'il embarqua comme matelot de commerce. Après quelques années de ce métier, qui en dehors des voyages, ne lui donnait aucune sécurité et professionnelle et matérielle, il décida de devenir sans-filiste, pour continuer à naviguer dans de meilleures conditions. Il était trop tard pour étudier et obtenir un brevet de capitaine au long cours. Diplômé en 1939, il ne put aller en mer, et combattit en Albanie. Pendant la dure occupation italo-germano-bulgare, il resta à Athènes.
À la libération, en 1944, il embarqua, et navigua sans interruption pendant 30 ans, jusqu'en novembre 1974.
Trois mois à peine de vie terrestre le feront mourir à 65 ans...
Son oeuvre naît en 1933, avec les poèmes : « Marabout », qui lui acquiert la bienveillance de Phôtis Politis. Son poème Athina (Athènes) et publié en pleine guerre avec le pseudonyme Tapinos. En 1947, est complété et réédité « Marabout ». Sa deuxième oeuvre poétique, « Poussi », est éditée la même année. En 1954 paraît : «Vardia » ( le quart) long récit, traduit et publié en français.
Sa troisième oeuvre poétique «Traverso », en 1975, et des textes en prose (Li, De la guerre, A mon cheval), en 1985, seront des éditions posthumes.
Ce Grec hétérochthone, né au coeur de l'Asie, est probablement le meilleur poète « maritime » de son siècle. Les navires, les marins, les amours passagères, les bagarres, les morts, les mers et les ports lointains, ses nostalgies, sont décrits dans toute sa poésie. Ses vers sont caractéristiques par leur facture classique populaire et rimée. Il utilise aussi bien la langue quotidienne et que l'argot des matelots grecs, le sabir des cargos et des transcriptions étrangères. Cette particularité ne donne que plus de couleurs et d'évocations À cette très émouvante poésie odysséenne contemporaine.
Ce poète de la mer, un solitaire, n'avait pas l'Ithaque au bout de son existence terrestre, que nous chante le poème d'un autre poète grec hétérochthone, Kavaphis .
10 février 1975, le poète Nkos Kavvadias embarque pour l'au-delà...
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