Réponse à Arto

Salut Gisèle,

L'article sur la Grèce nous décrit simplement le candidat "Le Pen" grec. Il s'agit d'un citoyen moyen, venant de n'importe quel horizon traditionnel (gauche ou droite) et qui, sous des devants démocratistes, cache une intolérance fascisante peu reluisante. Nous en avons quelques exemples sur le site du forum... Ils se réfèrent souvent à la Patrie vendue par les politi-chiens argyrophiles, à la calamité albanaise musulmane, au mythe du grand complot sémite mondial contre la Grèce, à la Grande Grèce (Byzance, etc...), à l'Orthodoxie en danger, etc... Et même leur antiaméricanisme participe aux même principes. Tu vois le parallélisme parfait avec LE PEN ?

Il faut savoir que l'extrême droite nationaliste grecque ne s'exprime plus par la voix d'un parti. Au plus, a-t-elle quelques journaux populistes (Estia, Stochos, Orthodoxi Ellada, etc...) au tirage très limité. Par contre, le nationalisme protectionniste et populiste est bien implanté dans les partis traditionnels. Elle est au Parlement et même, peut-être, au gouvernement...

Exemple ? Christodoulos ! Exemple ? Le journal "Avriani" : par la diffamation et l'insulte, il s'agit de "déculotter" les ennemis intérieurs et extérieurs de la Grèce; le discours est d'un populisme lepénien bas et qui vise les "petits, les sans-grades, les exclus" (sic Le Pen - 21/04/2001).

En ce qui concerne, tes deux touristes japonaises, pourquoi leur expérience devrait me paraître étrange ? Idiot celui qui pense qu'il existe des PEUPLES mauvais ! Je m'explique : d'abord il y a le peuple (*); et, le peuple reste le peuple : quand il est méditerranéen, il est accueillant, hospitalier, heureux et enorgueilli quand il peut partager ses goûts, ses passions, ses danses, sa culture et ses traditions avec tout qui l'approche et fait ne fusse que mine de s'y intéresser.

Puis, il y a les gouvernements : démocratiques ou totalitaires. Et totalitaire veut dire une liste de fléaux comme l'endoctrinement nationaliste, les tortures, la presse muselée, les éliminations politiques ou ethniques, etc... La victime en est le peuple lui-même. Je ne vois par le Turc comme un ennemi mais comme une victime. Victime de la propagande primaire d'une armée qui se veut "kémaliste et laïque", d'un gouvernement factice et fantoche qui lui enseigne la haine du roumi, de l'arménien, du kurde, du rouge, du chrétien, qui lui apprend à l'école une histoire déformée...

Les Espagnols étaient gentils jusqu'en '36 et salauds sous Franco ? Les Portugais étaient-ils tous fascistes sous Salazar ? Les Allemands, qui ont voté pour Hitler, sont-t-ils foncièrement mauvais ? Allons, plus loin, et posons nous la question : les Français s'ils avaient élu Le Pen le 5 mai, auraient-ils été un peuple "mauvais" ? Je ne le pense pas : le peuple reste manipulable, s'emporte, regrette, tire ou ne tire pas de leçon en fonction de ce que veulent bien lui présenter comme réalité ses gouvernements, en fonction des responsabilités que ceux-ci ont assumées ou non...

Et, je crois que si la Grèce n'a pas de réel parti d'extrême-droite, c'est bien parce que la "metapolitesfi" a bien assumé la dictature : condamnation unanime, reconnaissance de la résistance anti-dictatoriale, rejet total des meneurs, emprisonnement (quels autres dictateurs du 20ème sont morts en prison ?). Un parti prenant pour référence la dictature de 67-74 n'a aucune chance en Grèce et pour longtemps je l'espère.

Mais, (et je reviens à mon sujet), le comble est que l'extrémisme turc, pour crier au loup, se nourrit du "LEPENisme" ou l' "EPENisme" grec (**). Plus, le nationalisme populiste grec se renforce, plus la dictature turque a d'arguments à présenter pour justifier son existence salvatrice : "Regardez les Grecs qui nous détestent, revendiquent notre terre et sont prêts à nous envahir ! Renforçons notre armée ! Muselons tout élan démocratique. Il est trop tôt pour de telles libertés en Turquie"...

Petite anecdote : un de mes amis vient de terminer son service militaire en Grèce; de retour en Belgique, il m'a parlé de chants militaires qui lui ont été enseignés sur les territoires "paramithoria" (frontières turques) : ce n'est que haine du Turc et fascisme latent; on y parle de villages à brûler en Anatolie, de reconquête de l'Ionie, de mosquées à détruire, etc... Et ses chants sont entonner à voix gueulante, lors des marches forcées, fusils à bras le corps par l'ensemble des miliciens. Note que mon ami ne faisait pas partie de quelque force spéciale ou unité para : c'était un simple logisticien...
(Pour que l'on ne m'accuse pas d'antimilitarisme primaire, je tiens à signaler que je suis officier de réserve de l'Armée Belge - classe 1990).

Voilà, j'espère avoir répondu à ta question.
Maintenant, gare aux réactions : tu verras très facilement de quels nationalismes populistes lepéniens mais grecs je parle...

A bientôt.

Grigoris

(*) si le mot "peuple" choque certains des internautes pour ces relents "marxisants" :-)), qu'ils le remplacent euphémistiquement par "populations"; cela froissera moins leurs chastes oreilles...
(**) L'EPEN est le parti créé après 1974 et soutenant les colonels