La marche est son rituel. Pas à pas, c'est ainsi qu'elle s'immisce dans son territoire et qu'elle génère ses idées. D'un rythme soutenu, elle contourne les orangers, esquive les passants qui attaquent de front et dépasse ces dames courbées, chevilles lourdes, qui lentement tirent un cabas de courses. A Athènes, les avenues sont larges mais les trottoirs étroits et si la marche était une discipline olympique, Noemi Niederhauser en serait la spécialiste. Silhouette fine affublée d'un manteau bleu marine au col haut et d'un épais foulard, elle brise l'air grec avec une grâce antique.
D'où tire-t-elle cette élégance naturelle? Des champs de tournesols qui cerclaient son village d'enfance au pied du Jura? De la liberté prise lorsqu'elle a décidé d'étudier la céramique alors que ses amis considéraient cet art comme une activité de hippie en mal de sous-tasses? Des tourbillons dans la Tamise qu'elle a pendant quatre ans traversée alors qu'elle affinait sa formation en arts visuels à Londres? Du monde qu'elle se construit, en équilibre entre réalité et fiction, où ce qui est poétique est insaisissable? Ou peut-être encore de sa fascination pour les matériaux qu'elle travaille...