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De la prononciation du grec, Wladimir Brunet de Presle

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De la prononciation du grec est un extrait de l'ouvrage La Grèce depuis la conquête romaine jusqu'à nos jours, de Charles Marie Wladimir Brunet de Presle, helléniste et historien, publié en 1860.

Quelques mots sur la prononciation du grec

CHAPITRE VII. QUELQUES MOTS SUR LA PRONONCIATION DU GREC.

[…] Nous avons donné dans les pages qui précèdent une liste nécessairement fort incomplète des Grecs qui ont bien mérité de l'Europe occidentale au quinzième et au seizième siècle. A ces trop courtes notices nous ajouterons encore quelques lignes à propos d'une question de prononciation.

Tous les Grecs qui ont contribué à propager la connaissance de leur langue en Occident, soit avant, soit après la prise de Constantinople, prononçaient te grec comme on le prononce encore aujourd’hui en Orient, et tout naturellement en enseignant leur langue ils enseignèrent aussi à la prononcer comme eux. Leurs disciples immédiats, en Italie, en France, en Allemagne, les Ange Politien, les Marsile Ficin, les Guillaume Budée, les Jean Reuchlin, qui prononçaient l'italien, le français ou l'allemand, comme les Italiens, les Français et les Allemands prononçaient chacune de ces langues, n'avaient fait aucune difficulté de prononcer le grec comme les Grecs le prononçaient.

Mais un savant d'un esprit très-subtil, Érasme de Rotterdam, fit remarquer, au commencement du seizième siècle, que, d'après la prononciation des Grecs de Byzance, des lettres diverses avaient un son identique, ce qui était l'indice d'une altération dans leur valeur primitive. Il appuya cette observation de quelques preuves historiques et proposa une prononciation qui devait avoir été, selon lui, celle des anciens, et où chaque lettre avait un son qui lui était propre. Elle fut adoptée dans les écoles comme plus commode pour l'enseignement; mais elle s'y modifia encore, chaque nation altérant les sons qui lui étaient étrangers et donnant aux lettres grecques à peu près la même valeur qu'à celles de leur alphabet. Les accents ne furent plus que des signes orthographiques sans attribut de son et d'harmonie.

Nous ne prétendons pas décider du mérite de ces deux méthodes d'après l'euphonie car, selon que l'oreille a d'abord été familiarisée avec l'une ou l'autre, les jugements sont très-différents. Les preuves historiques tirées de certaines consonances remarquées par les grammairiens, ou des jeux de mots des anciens comiques, ont souvent été discutées.

Plusieurs Grecs ont justifié avec talent leur prononciation nationale. MM. Georgiades, Minoïde-Mynas, et en dernier lieu Œconomos, ont publié des traités spéciaux sur cette question. Il paraît constant que, pour les consonnes, les Grecs ont bien conservé la prononciation de leurs ancêtres. Le son de notre v, qu'ils donnent à la deuxième lettre de l'alphabet (le β) peut s'autoriser de preuves de la plus haute antiquité. Quant aux voyelles, quelques altérations nous semblent évidentes.

L'iota (le ι), l'êta (η), l’ypsilon (υ) et les diphtongues ει et οι, se prononcent aujourd’hui i, tandis qu'il y avait au moins des nuances entre elles; mais la confusion a commencé de très-bonne heure. Nous voyons, en effet, que les Latins ont rendu par i les nominatifs pluriels des Grecs en οι ; l’υ avait un son très-analogue. D'autre part l’ει et l’ι sont souvent permutés dans les inscriptions antiques, les médailles et les manuscrits. Mais les fautes résultant de la confusion des cinq sons entre eux ne se multiplient qu'à partir du douzième siècle. Nous croyons beaucoup plus anciens le son d'e donné à la diphtongue αι (l’æ des Latins), et celui d'av ou af, ev ou ef des diphtongues αυ et ευ.

Les combinaisons qui résultent du rapprochement de certaines consonnes, telles que μπ, ντ, qui prennent les sens de notre b et de notre d, sans être constatées par des exemples anciens, sont conformes aux règles de l'euphonie grecque.

Mais quoi que l'on puisse penser du plus ou du moins de conformité de la prononciation grecque moderne avec la prononciation grecque ancienne, la n'est pas la question selon nous. L'exacte prononciation grecque ancienne est depuis longtemps perdue ; la prononciation grecque moderne est, après tout, celle qui doit s'en rapprocher le plus, et en outre elle est un fait positif, enfin la prononciation proposée par Erasme n'est qu'un ensemble de conjectures plus ou moins plausibles, et elle a amené chaque peuple de l'Occident à prononcer le grec d'une façon différente.

Cela étant, nous croyons qu'il y aurait un grand avantage à se conformer de nouveau à la prononciation des Grecs de Constantinople, elle est certainement plus conforme à l'ancienne que celle d'Erasme, elle serait une règle unique pour tous les peuples de l'Occident, elle faciliterait enfin les rapports de leurs érudits avec les Grecs modernes. La réforme de notre prononciation du grec nous paraît d'autant plus urgente que la décadence des Turcs promet aux Grecs un plus bel avenir. Quand les Grecs auront recouvré Constantinople, comment ne pas prononcer leur langue comme eux? Sachons donc faire, dès aujourd’hui.

Quelques mots sur la prononciation du grec

CHAPITRE VII. QUELQUES MOTS SUR LA PRONONCIATION DU GREC.

[…] Nous avons donné dans les pages qui précèdent une liste nécessairement fort incomplète des Grecs qui ont bien mérité de l'Europe occidentale au quinzième et au seizième siècle. A ces trop courtes notices nous ajouterons encore quelques lignes à propos d'une question de prononciation.

Tous les Grecs qui ont contribué à propager la connaissance de leur langue en Occident, soit avant, soit après la prise de Constantinople, prononçaient te grec comme on le prononce encore aujourd’hui en Orient, et tout naturellement en enseignant leur langue ils enseignèrent aussi à la prononcer comme eux. Leurs disciples immédiats, en Italie, en France, en Allemagne, les Ange Politien, les Marsile Ficin, les Guillaume Budée, les Jean Reuchlin, qui prononçaient l'italien, le français ou l'allemand, comme les Italiens, les Français et les Allemands prononçaient chacune de ces langues, n'avaient fait aucune difficulté de prononcer le grec comme les Grecs le prononçaient.

Mais un savant d'un esprit très-subtil, Érasme de Rotterdam, fit remarquer, au commencement du seizième siècle, que, d'après la prononciation des Grecs de Byzance, des lettres diverses avaient un son identique, ce qui était l'indice d'une altération dans leur valeur primitive. Il appuya cette observation de quelques preuves historiques et proposa une prononciation qui devait avoir été, selon lui, celle des anciens, et où chaque lettre avait un son qui lui était propre. Elle fut adoptée dans les écoles comme plus commode pour l'enseignement; mais elle s'y modifia encore, chaque nation altérant les sons qui lui étaient étrangers et donnant aux lettres grecques à peu près la même valeur qu'à celles de leur alphabet. Les accents ne furent plus que des signes orthographiques sans attribut de son et d'harmonie.

Nous ne prétendons pas décider du mérite de ces deux méthodes d'après l'euphonie car, selon que l'oreille a d'abord été familiarisée avec l'une ou l'autre, les jugements sont très-différents. Les preuves historiques tirées de certaines consonances remarquées par les grammairiens, ou des jeux de mots des anciens comiques, ont souvent été discutées.

Plusieurs Grecs ont justifié avec talent leur prononciation nationale. MM. Georgiades, Minoïde-Mynas, et en dernier lieu Œconomos, ont publié des traités spéciaux sur cette question. Il paraît constant que, pour les consonnes, les Grecs ont bien conservé la prononciation de leurs ancêtres. Le son de notre v, qu'ils donnent à la deuxième lettre de l'alphabet (le β) peut s'autoriser de preuves de la plus haute antiquité. Quant aux voyelles, quelques altérations nous semblent évidentes.

L'iota (le ι), l'êta (η), l’ypsilon (υ) et les diphtongues ει et οι, se prononcent aujourd’hui i, tandis qu'il y avait au moins des nuances entre elles; mais la confusion a commencé de très-bonne heure. Nous voyons, en effet, que les Latins ont rendu par i les nominatifs pluriels des Grecs en οι ; l’υ avait un son très-analogue. D'autre part l’ει et l’ι sont souvent permutés dans les inscriptions antiques, les médailles et les manuscrits. Mais les fautes résultant de la confusion des cinq sons entre eux ne se multiplient qu'à partir du douzième siècle. Nous croyons beaucoup plus anciens le son d'e donné à la diphtongue αι (l’æ des Latins), et celui d'av ou af, ev ou ef des diphtongues αυ et ευ.

Les combinaisons qui résultent du rapprochement de certaines consonnes, telles que μπ, ντ, qui prennent les sens de notre b et de notre d, sans être constatées par des exemples anciens, sont conformes aux règles de l'euphonie grecque.

Mais quoi que l'on puisse penser du plus ou du moins de conformité de la prononciation grecque moderne avec la prononciation grecque ancienne, la n'est pas la question selon nous. L'exacte prononciation grecque ancienne est depuis longtemps perdue ; la prononciation grecque moderne est, après tout, celle qui doit s'en rapprocher le plus, et en outre elle est un fait positif, enfin la prononciation proposée par Erasme n'est qu'un ensemble de conjectures plus ou moins plausibles, et elle a amené chaque peuple de l'Occident à prononcer le grec d'une façon différente.

Cela étant, nous croyons qu'il y aurait un grand avantage à se conformer de nouveau à la prononciation des Grecs de Constantinople, elle est certainement plus conforme à l'ancienne que celle d'Erasme, elle serait une règle unique pour tous les peuples de l'Occident, elle faciliterait enfin les rapports de leurs érudits avec les Grecs modernes. La réforme de notre prononciation du grec nous paraît d'autant plus urgente que la décadence des Turcs promet aux Grecs un plus bel avenir. Quand les Grecs auront recouvré Constantinople, comment ne pas prononcer leur langue comme eux? Sachons donc faire, dès aujourd’hui.

Charles Marie Wladimir dit BRUNET de PRESLE était un helléniste et historien, qui enseigna le grec moderne à l'École des langues orientales vivantes. Il vecut à Paris de 1809 à 1875. Il a été Membre de l'Institut et de l'Académie des inscriptions et belles lettres. Avec son collègue Félix-Désiré Dehèque (1794-1870), il a souvent publié sous le pseudonyme collectif de Georges Théocharopoulos. Le texte que nous vous présentons ci-après est un extrait de l'ouvrage La Grèce depuis la conquête romaine jusqu'à nos jours, publié chez Firmin Didot Frères en 1860.

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