"- Merci pour le sac."
"- Tu n'as pas à me dire merci, tu as travaillé pour cela."
Léandre est intraitable, il refuse les remerciements et porte fièrement son badge - Assemblée populaire ouverte de Perama - un badge qui marque la différence entre mendicité et prise en main, entre désespoir et réaction. Un badge qui combat la misère au lieu de simplement la dénoncer. Ici, dans ce petit local d'un quartier perdu de Perama, une banlieue du Pirée où 75 % de la population est au chômage, on collecte toutes les semaines de la nourriture sur les marchés, des plats cuisinés en trop dans les restaurants et kebaberies, des surplus de pains invendus dans les boulangeries et on met tout en commun pour le partager ensuite dans des sacs que chacun prend chez soi.
Ici, chacun travaille pour ce qu'il ramène chez lui et avec ses tomates et ses patates, il prend aussi et surtout une bonne de dose de dignité. C'est tout le but, d'où le recadrage clair et net de Léandre. "On ne mendie pas, on demande un coup de main" , souligne Léandre, ancien docker, père de quatre enfants, au chômage depuis presque cinq ans. "J'explique aux commerçants qu'on est leurs anciens clients et qu...