Au risque de se trouver prisonnier de son propre coup de poker, le premier ministre socialiste, Georges Papandréou, a joué le tout pour le tout dans une interview télévisée lundi soir - à quelques jours des élections territoriales du 7 et 13 novembre - menaçant d'élections anticipées si le résultat des élections ne se traduisait en une approbation claire de sa politique.
Dans l'intervention télévisée, diffusée à 21h locales et reprise par plusieurs chaînes, le premier ministre s'est offert une mise en scène qui nous ramenait des décennies en arrière, au temps de la junte des colonels : le porte-parole du gouvernement Giorgos Petaliotis a ouvert l'antenne et distribuât la parole aux 7 journalistes des grandes chaînes de TV, alignés comme des valets des deux côtés de la table de M. Papandréou qui, lui, faisait face à la caméra. A ses côtés, légèrement en retrait, M. Petalotis officiait en s'efforçant de donner un ton familier à l'émission tout en dictant les règles de conduite aux journalistes.
Si l'on voulait faire passer le message que le pouvoir a la maîtrise des médias, on ne s'en prendrait pas mieux. Il serait temps que M. Papandréou réalise que l'espace médiatique moderne est un espace indépendant et qu'un premier ministre n'y est pas naturellement chez lui. Mais cela restera certainement un vœu pieux, tant aucun de nos confrères sur place n'ait osé ou, pire, pensé broncher.
Le premier ministre a déclaré calmement mais fermement être déterminé à poursuivre les efforts faits depuis un an pour sortir le pays de la crise, mais aussi le transformer, répondant ainsi à tous ceux qui actuellement misent sur un échec de sa politique.
Néanmoins, ces efforts - dont le coût a été porté sur la population la plus démunie et aux retraités - n'ont pas produit les résultats escomptés et la faillite de la Grèce (ou, en usant de l'euphémisme, la restructuration de sa dette) semble de plus en plus certaine.
M. Papandréou lui-même, cherchant à semer la panique - moi ou la faillite -, a admis que 2011 sera la deuxième mi-temps critique, tout en promettant dès 2012 une croissante positive et en 2013 la sortie de la tutelle UE/BCE/FMI.
Certes, M. Papandréou a d'emblée écarté toute éventualité d'élections anticipées au vu des résultats du prochain scrutin, mais il a dûment souligné que si d'autres facteurs s'ajoutent à un vote peu favorable pour le parti gouvernemental et pouvant conduire à des impasses, ce serait au peuple de décider.
"Peu m'importe",-a-t-il dit, "le coût politique", affirmant être déterminé à s'opposer "aux forces qui retiennent le pays dans le passé" en même temps qu'il mettait en garde contre l'interprétation que feraient les marchés internationaux d'un éventuel échec des socialistes aux élections territoriales.
M. Papandréou a assuré qu'il n'y aura pas de nouvelles mesures frappant les bas revenus et les retraités, mais en même temps il s'est déclaré opposé à toute baisse des taxes et impôts. Au risque de diffamer une nouvelle fois le pays, le premier ministre n'a pas hésité à infantiliser son peuple et ses entreprises en disant que "tant que le citoyen ne comprend pas que l'impôt est justice sociale, l'Etat devra être perfusé par des recettes [fiscales, ndlr]" (sic!) "Nous diminuerons les impôts que si nous avons la garantie de tous les encaisser", a-t-il dit en référence à l'évasion fiscale, sans préciser auprès de qui l'Etat escomptait obtenir une telle garantie. A la remarque d'un journaliste qu'une fiscalité élevée découragerait l'investissement, dans un excès de naïveté - à moins que ce ne fut une démonstration de cabotinage faussement ingénu -, M. Papandréou a répondu que "si les entreprises savent que nous avons un environnement stable sans bureaucratie et corruption, alors la question de la fiscalité passe au deuxième plan".
Le dilemme posé par le premier ministre au peuple grec est à double tranchant, M. Papandréou n'ayant pas la garantie d'emporter les élections législatives qui pourraient avoir lieu en mars prochain, s'il perd les élections territoriales de ce novembre. A moins que M. Papandréou, devant la vague de mauvaises nouvelles à venir au 2e semestre 2012, il n'ait choisi de quitter le navire au printemps. Certains scénarios veulent qu'en cas de défaite, le parti du premier ministre (PASOK) convoque un congrès extraordinaire en mars où M. Papandréou pourrait passer le relais à son… prédécesseur Costas Simitis !
Les réactions de l'opposition
"Le Premier ministre menace de chantage le peuple grec", a dit Antonis Samaras le leader du principal parti de l'opposition (ND, centre-droite)
"La montagne a accouché d'une souris", a estimé de son côté Giorgos Karatzaferis (LAOS, droite traditionaliste)
Alexis Tsipras (SYRIZA, gauche radicale) a dénoncé la tentative de manipuler l'opinion publique et le chantage "Mémorandum ou faillite".
i-GR/ANA-MPA
et alors?
ce sont des techniques de communication moderne, tous les gouvernements (y compris de gauche) y ont recours ;les américains sont des professeurs en la matière...Mr papandreou a au moins le courage et l emérige d'avoir pris le taureau par les cornes alors que l'autre famille (ndlr caramanlis) a exélé ds le mensonge , la corruption et la gabegie....
la presse grecque ?
Merci pour cet article. La question que je me pose est pourquoi la presse grecque ne se lasse pas de montrer ces personnages, qui semblent se disputer le rôle de l'assassin et celui du fossoyeur à tour de rôle.
Papandreou
"tant que le citoyen ne comprend pas que l'impôt est justice sociale..." Bravo à Papandréou pour cette phrase qui demande du courage à être prononcée en Grèce.
Σε απάντηση του Papandreou από Ανώνυμος
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Oui, j'aimerais bien comprendre ce que l'auteur de l'article a dans la tête quand il écrit "le premier ministre n'a pas hésité à infantiliser son peuple et ses entreprises en disant que...(...)". Quand on connaît la situation en Grèce (fraude fiscale par ceux qui le peuvent, argent de la corruption / φακελακι qui est évidemment invisible par le fisc, et tout simplement aveuglement du fisc face à des gens qui vivent de façon évidente au-dessus de leurs moyens déclarés...), c'est par les propos de l'auteur de l'article qu'il faut être choqué, pas par ceux de Papandréou!
l'auteur
Je trouve toujours gênant de lire des éditos ou des articles non signés. Il serait bon que tout article paraissant dans ces rubriques soit signé de son auteur. Cela le rendrait plus crédible.
je suis surpris ...
... du ton véhément de cet article, totalement partial. Je ne lirai plus ce genre d'article, qui nous renseigne tout juste sur la nostalgie de son auteur pour le situation précédente.