Le premier ministre, Costas Caramanlis, a appelé à un dialogue de fond sous la responsabilité des chefs de partis et à partir de zéro, dans le but de réformer l'enseignement secondaire et changer le système d'entrée à l'université, dans son discours vendredi au Parlement, mais l'opposition a aussitôt rejeté l'offre, y voyant une manipulation électoraliste.
Dans son intervention devant les parlementaires, lors du débat, vendredi, sur la réforme de l'enseignement, M. Caramanlis a proposé "que tous, aujourd'hui si possible, nous nous engagions vis-à-vis des scolaires et des familles", et que "les partis soient responsables de ce dialogue ouvert, que chaque formation politique désigne un de ses députés pour participer à un comité politique à haut niveau, dont les membres resteront en contact permanent avec le ministre de l'Education, informeront des positions de leur parti en faisant aussi le point sur les développements dans ce dialogue".
L'examen des propositions concrètes tant pour le Nouveau Lycée que pour les nouvelles modalités d'entrée dans l'enseignement supérieur doivent s'inscrire dans le cadre institutionnel existant, tel que le prévoit le décret présidentiel 127 de 2003, M. Caramanlis proposant en outre une étude des systèmes d'éducation au plan international pris en charge par le Conseil national de l'Education et le comité politique, alors qu'un groupe de travail aura pour mission d'analyser et valoriser - via Internet - les suggestions présentées par les enseignants et toute autre personne.
"Notre ambition", a relevé le premier ministre, "est d'élaborer un système libérant les jeunes de la très forte pression ressentie tout au long des années de lycée, délivrant les parents aussi du terrible poids de la para-éducation [le soutien scolaire dourni par les instituts privés, ndlr]", M. Caramanlis notant aussi être venu à ce débat, "non pas pour annoncer la position du gouvernement, mais pour tracer ensemble la voie que suivront les jeunes dans les prochaines 20 années".
Le premier ministre a abordé, à la même occasion et en allusion au débordements des manifestations estudiantines de décembre dernier, la question de la protection de l'asile universitaire "violé cruellement par des éléments extérieurs aux facultés, lesquels aussi exploitent les mobilisations pacifiques, interdisent la liberté d'opinion autre que la leur, se retournent avec violence contre les étudiants et enseignants".
"Il faut", a-t-il dit, "que tous sachent ce que nous entendons exactement par asile universitaire et ce qu'il protège précisément, et en aucun cas l'Université n'est un espace où personne ne serait responsable, un espace de refuge et de violence sauvage".
M. Caramanlis a appelé par ailleurs les formations politiques à prendre position à propos des phénomènes de violences, de destructions et occupations dans l'enseignement secondaire.
La proposition du premier ministre pour un dialogue à partir de zéro est "un effort de la dernière heure pour sauver le parti gouvernemental", a commenté le président du PASOK, Georgios Papandreou, en réponse au gouvernement, prenant la parole dans l'hémicycle, tout en annonçant présenter par la suite la position de son parti qui constituera sa ligne de conduite une fois le PASOK… au gouvernement.
M. Papandreou a convenu de la nécessité d'une révision en profondeur du système d'enseignement, relevant toutefois que le gouvernement actuel n'est pas en mesure de s'en charger, en expliquant qu'une nouvelle formule s'accompagnant d'un modèle de développement écologique pourrait s'assurer de l'aide de l'UE, citant à titre d'exemple "le livre électronique" ayant à sa disposition des milliers d'ouvrages en mémoire et qui, disponible sur le Net, pourrait être introduit a l'école.
En ce qui concerne les conditions à l'ouverture d'un dialogue, le président du PASOK a mis en avant une proposition que le Conseil national de l'Education devienne une autorité indépendante, et que soit mise en place une commission interpartis.
Présumant que le prochain gouvernement serait un gouvernement du PASOK, M. Papandreou s'est engagé à mettre fin à la sélection de classe, en revalorisant l'enseignement, en octroyant des emprunts sans taux d'intérêt pour les frais de logement et de séjour des étudiants, en abrogeant le système du nombre réduit des admis dans les facultés, en veillant à ne pas obliger les jeunes de choisir leur avenir à l'âge de 15 ans mais en faculté et, enfin, en donnant la priorité à la journée complète avec des cours moins nombreux mais plus approfondis. Le leader socialiste a reconnu que "tout ceci coûte", mais qu'une fois au gouvernement, le PASOK dégagerait une enveloppe supplémentaire d'un milliard d'euros pour l'enseignement.
De son côté, le secrétaire générale du parti communiste (KKE), Aleka Papariga, a dit "non" à ce type de dialogue avancé par le gouvernement sur l'éducation, faisant valoir que "cette page du dialogue qui est proposée n'est pas vierge, elle est pleine de mesures et de lois du PASOK et de la ND qui ont créé des données négatives".
Mme Papariga a déposé un texte de 9 pages recensant les propositions du KKE, tranchant que son parti ne cache aucune finalité électoraliste dans son refus de participer à ce dialogue, si ce n'est la finalité de combattre la politique gouvernementale.
"Nous sommes en désaccord radical avec la façon dont les deux grands partis conçoivent le développement", a affirmé Mme Papariga, refusant catégoriquement que la question du système d'examens soit au coeur même du problème, puisque "levier permettant d'accroître les barrages de classe dans l'accès à l'enseignement supérieur".
Pour sa part, le président de la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA), Alecos Alavanos, a posé trois conditions préalables à un dialogue crédible sur l'éducation, à savoir l'abrogation de la loi-cadre, le gel de la loi sur les dits Centre d'études libres et l'augmentation des dépenses pour l'éducation.
M. Alavanos a accusé le gouvernement d'être incapable de donner des solutions à tous les grands problèmes du pays, dont l'éducation, alors qu'il a tranché que la SYRIZA choisit pour l'éducation une logique qui rejette les corrections superficielles de ce système en déclin.
"L'éducation est un droit, une valeur, et non une marchandise ou une cession de miséricorde de la part de l'Etat", a dit M. Alavanos, critiquant avec vigueur une décision récente du tribunal administratif de première instance en faveur des collèges (niveau BTS ou IUT, ndlr) qui fonctionnent en collaboration avec des universités étrangères.
i-GR/ANA-MPA