ISTANBUL - Le premier ministre, Costas Caramanlis, a déclaré lundi à l'issue de la rencontre avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, en marge du Sommet de l'Organisation de la Coopération économique de la Mer noire (CEMN) que "la pleine normalisation des relations greco-turques reste notre objectif principal". Parmi les autres rencontres de M. Caramanlis, celle avec le président russe, Vladimir Poutine, lequel a confirmé la participation de la Grèce au nouveau gazoduc South Stream.
L'entretien Caramanlis-Erdogan a duré environ une heure et a porté essentiellement sur "les retombées positives attendues des mesures négociées d'établissement de la confiance". Les deux hommes ont souligné la nécessité d'éviter des actes contraires au droit international et susceptibles d'engendrer des tensions.
Se référant ensuite à la question chypriote, M. Caramanlis a déclaré qu'une solution, juste, viable et en accord avec l'ONU et l'UE contribuerait à la stabilité et au développement de la région. Sur la marche européenne de la Turquie, le premier ministre a rappelé que la Grèce la soutient dès lors que le pays candidat remplira les critères posés par l'UE.
M. Caramanlis a aussi souhaité bonne chance à M. Erdogan pour les prochaines élections législatives en Turquie, informant par ailleurs que
M. Erdogan a, de son côté, remercié la Grèce pour son soutien au sein de l'UE et ajouté avoir évoqué avec son interlocuteur l'ouverture des discussions sur certains chapitres de négociations d'adhésion.
Au cours du week-end, le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, dans une interview publiée dans l'édition dominical du quotidien athénien Kathimerini où il estimait que "la Turquie et la Grèce ont des intérêts légaux et vitaux en Egée et accordent une grande importance à la sécurité et leur souveraineté nationale".
M. Gül a également rappelé que les deux pays se sont engagés à respecter ces principes avec la signature de l'accord de Madrid en 1997 par le premier ministre grec de l'époque, Costas Simitis, et le président turc, Suleyman Demirel, qui prévoit que les deux pays doivent s'abstenir d'actes allant à l'encontre des droits souverains et des intérêts de l'autre.
Evoquant la Faculté de Théologie de Halkis, M. Gül a indiqué "nous cherchons des moyens de surmonter les impasses juridiques afin de garantir le fonctionnement de la Faculté dans le cadre de notre Constitution et de notre système d'éducation culturelle", alors qu'au chapitre de Chypre il affirme que Nicosie "tente sans espoir depuis trois ans de transférer le dossier du problème chypriote de l'ONU à l'UE afin d'aboutir à des concessions unilatérales de la Turquie".
Caramanlis: Le Patriarcat oecuménique doit jouer son rôle sans obstacle
Le premier ministre, Costas Caramanlis, en visite à Istanbul où il doit assister à la réunion au sommet de l'Organisation de Coopération économique de la mer Noire (CEMN), a eu un entretien au Phanar avec le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholoméos I.
M. Caramanlis a insisté que le Patriarcat doit oeuvrer sans obstacle, et notamment sans ceux qui portent atteinte aux droits de l'Homme, leur respect étant un présupposé à la marche européenne de la Turquie, ajoutant également en réponse au patriarche qu'"il est de son devoir de soutenir le patriarcat" et que, face aux défis de notre époque, l'intervention majeure de l'Eglise est d'autant plus nécessaire.
SS Bartholoméos a de son côté critiqué la Turquie de l'empêcher d'exercer son rôle et, se référant implicitement aux déclarations du ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, qui avait parlé d'"obstacles juridiques", le patriarche a appelé à ce que "ces empêchements légaux soient levés, c'est possible si la volonté politique existe, il est inconcevable que le Patriarcat n'ait pas sa propre Faculté de Théologie", faisant référence à la question de la réouverture de la Faculté de Halki. Le patriarche a ensuite remercié le premier ministre de son soutien et lui a dit qu'il "était le garant de l'unité de la nation".
Le patriarche a enfin évoqué les problèmes de santé de l'archevêque d'Athènes et primat de Grèce, Mgr Christodoulos, et lui a souhaité un bon rétablissement et un retour rapide à sa tâche, mettant l'accent également sur le fait que "Mgr Christodoulos est une forte personnalité".
Rencontre Caramanlis-Poutine en marge du Sommet de la CEMN
Le premier ministre, Costas Caramanlis, a rencontré le président russe, Vladimir Poutine, lundi à Istanbul, en marge des travaux du Sommet de la Coopération économique de la mer Noire (CEMN), l'occasion d'un tour d'horizon des relations bilatérales greco-russes.
M. Caramanlis, qui a rappelé la récente présence du chef de l'Etat russe à Athènes à l'occasion de la signature de l'accord pour l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis, a déclaré avoir discuté avec M. Poutine de la coopération bilatérale dans tous les domaines, à la fois de dossiers mis en route et de nouveaux comme le gazoduc South Stream devant doit porter le gaz russe jusqu'en Italie en passant par le nord de la Grèce, l'Albanie et traverser la mer Adriatique.
Le gazoduc, a ajouté M. Caramanlis, renforcera la sécurité énergétique et la diversification des voies du gaz naturel vers l'UE. La Grèce a examiné la question avec la Russie, la Bulgarie et l'Italie, et est prête à faire avancer cet ouvrage. Le profit sera grand pour tous les pays d'Europe. Le gazoduc, conjointement avec l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis et le gazoduc Turquie-Grèce-Italie transforme notre pays en carrefour énergétique international, non seulement pour le pétrole et l'électricité, mais aussi pour le gaz naturel.
De son côté, M. Poutine s'est félicité du niveau des relations bilatérales greco-russes et ajouté que la participation de la Grèce au gazoduc donne plus de poids à cet ouvrage. Néanmoins, certains experts commencent à douter de la capacité de la Russie à alimenter tous les réseaux qu'elle est en train de construire.
i-GR/ANA-MPA