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La collision avec le F-16 turc dans le ciel grec n’était pas accidentelle. La Turquie avait répété l’exercice trois semaines plus tôt.

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Από iNFO-GRECE,

Au lendemain de la collision entre deux avions de chasse F-16, un turc et un grec, au dessus du Dodécanèse, et après des premières déclarations visant à l’apaisement et la désescalade pour éviter une crise majeure, des inquiétudes se font jour ce mercredi à Athènes quant aux conditions sous lesquelles s’est produite la collision entre les deux appareils. Pendant que la polémique enflait à Athènes, le premier ministre grec, Costas Caramanlis, était en… gala à Paris ! De son côté, la Turquie était toute prête pour gérer « l’accident », après la répétition générale au début du mois.


Selon un communiqué de l’état-major de l’armée grecque, l’incident s’est produit lorsque trois F-16 grecs sont allés en reconnaissance de trois avions turcs, un appareil spécialisé dans la prises de vues photographiques et deux F-16 l’accompagnant, se trouvant à 21 miles au Sud-Est de l’île grecque de Karpathos et se dirigeant vers le nord de Crète. Un des pilotes turcs essaie de faire peur au pilote grec s’approchant dangereusement de son F-16 alors qu’ils évoluent à une hauteur de 27.000 pieds. C’est au cours de ces manoeuvres que la collision avec le F-16 grec s’est produite.

Un navire de commerce japonais battant pavillon panaméen a récolté le pilote turc qui a eu le temps de s’éjecter. Peu après, un hélicoptère Super Puma de l’armée de l’air grecque a posé sur le bateau une équipe de sauvetage pour amener le pilote à l’hôpital, mais ce dernier a refusé le secours grec arguant de son bon état. Des sources non confirmées racontent que le pilote turc aurait brandi son pistolet pour garder à distance les sauveteurs grecs. Après négociation avec les autorités turques, c’est au bord d’un hélicoptère turc que le pilote a regagné la Turquie.

Des recherches se sont poursuivies sans succès, toute la nuit du mardi et mercredi matin, pour trouver le pilote grec que le ministre turc de la Défense a considéré comme mort dès son premier communiqué mardi après-midi dans lequel il exprimait ses condoléances à la famille ! Toutefois, le pilote grec est peut-être mort sous le choc violent de la collision, le F-16 turc, heurtant avec la queue de son appareil le cockpit de l’appareil grec à une vitesse estimée à 500 miles.

Les états-majors politiques et militaires des deux pays sont entrés en communication aussitôt l’incident connu, et des deux côtés on soulignait hier la volonté de dédramatiser et de minimiser la portée de l’incident. Le premier ministre grec, Costas Caramanlis, se trouvait à Paris depuis lundi pour une réunion ministérielle annuelle de l'OCDE qu’il devait présider mardi, alors que le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyanni, était également absente d’Athènes, en visite officielle en Finlande.

M. Caramanlis, écourtant sa présence au déjeuner, a légèrement modifié son programme de l'après-midi pour mieux suivre l’évolution de la situation, mais il a choisi de rester à Paris en soirée pour participer au dîner de gala qu’il offrait aux participants de la réunion de l'OCDE. En marge des travaux de l'OCDE, M. Caramanlis devait rencontrer mercredi 24 son homologue français, Dominique de Villepin. Certainement que M. Caramalis n’a pas voulu rentrer précipitament à Athènes en donnant des signes d’inquiétude et éviter ainsi la dramatisation de l’incident, mais une telle attitude n’est pas sans risque de banalisation d'un conflit larvé au lieu de la dédramatisation recherchée, au moment même où l’on craint une escalade de ce type d’accrochages à l’approche de l’été et des échéances d'examen du processus l'adhésion de la Turquie.

La Turquie recherchera par tous les moyens à solder à son avantage tous les différends avec la Grèce avant une éventuelle adhésion à l’Union Européenne ; adhésion qui pourrait geler la situation, à l’avantage de la Grèce, estime-t-on dans les cercles du pouvoir militaire à Ankara.

L’incident des deux appareils aurait-il été prémédité ? C’est en tout cas la question que se posent les médias grecs et plusieurs responsables à Athènes pour lesquels l’incident doit être mis au compte des relations internes en Turquie entre le pouvoir militaire et le gouvernement, et ce en vue de la marche de la Turquie vers l’adhésion à l’UE.

Outre le sentiment général des déclarations politiques que cet incident était « attendu » ou « programmé », simple question de probabilité étant donné le nombre des « combats virtuels » selon le jargon des interceptions des appareils turcs en Egée et de leurs reconduites, à INFO-GRECE on soulignait hier l’extrême rapidité avec laquelle les autorités turques ont diffusé leur version des faits dans les agences internationales de presse où elles soulignaient que les avions turcs « étaient dans leur droit. » Une version que les Grecs ont mis du temps à corriger en précisant que les plans de vol des appareils turcs n’avaient pas été déposés.

Un autre élément intervient au « hasard » des incidents routiniers, mais néanmoins dans une suite logique plaidant pour la préméditation. Au début du mois, un accrochage similaire, sans toutefois aller jusqu’à la collision, a eu lieu au-dessus de a mer Egée où l’aviation turque procède alors à un exercice militaire de… recherche et de secours en mer. Un exercice qui a finalement été d’une grande utilité et efficacité dans le sauvetage du pilote turc hier.

Le 9 mai, plus précisément, l’armée turque émettait un notam (Notice to Airmen, alerte sur des modifications des conditions de circulation) relatif à un exercice turc de recherches et de sauvetage en mer sous le nom « Lyon des mers » dans l’espace international de la mer Egée, entre les îles Psara et Skyros, dont la responsabilité de navigation aérienne incombe au FIR d’Athènes. La Grèce avait alors déclaré « nul et non advenu » le notam turc précisant que la recherche et le sauvetage à l’intérieur du FIR d’Athènes est du ressort de la Grèce et de son centre opérationnel basé au Pirée.

Le sauvetage en mer est une des brèches que, sous prétexte humanitaire, la Turquie tente d’ouvrir dernièrement dans sa mise en cause du droit maritime international régissant la région. Déjà un incident diplomatique avait eu lieu le 17 janvier dernier permettant à la Turquie de tester la réaction grecque, lors d’un naufrage près des îles Psara, où les sauveteurs turcs s’étaient empressés d’intervenir alors que le naufrage se situait dans une zone à responsabilité grecque.

L’hélicoptère turc sur lequel le pilote turc est finalement parti hier n’avait pas le droit d’entrer dans l’espace du FIR d’Athènes. Au ministère de la Défense grecque on explique que la procédure n’a pas été respectée pour des « raisons humanitaires. » Toutefois, tout indique que le pilote n’était pas en danger nécessitant un traitement "humanitaire" ; lui-même refusant le secours grec parce que « en bonne condition physique. »

Les deux F-16 turcs accompagnaient un avion de prises de vues photographiques. La prise de photos militaires en territoire étranger est une démarche caractérisée comme hostile dans le code des opérations militaires. Dès lors que les avions turcs étaient entrés illégalement dans l’espace contrôlé par le FIR d’Athènes, même étant dans l’espace international, le pilote turc devenait un… prisonnier de guerre ! Le pilote turc était donc, non seulement, physiquement en forme, mais aussi mentalement bien préparé en vue des enjeux diplomatiques.

Le trajet des pilotes turcs dans cette région est plus que connu de leurs collègues grecs. Depuis deux ans, la Turquie essaie de photographier les installations grecques de l’ombrelle antiaérienne faite de missiles longue portée russes S-300 déployée en Crète depuis les JO d’Athènes.

Selon des sources proches du ministère de la Défense grecque, les pilotes grecs avaient des instructions d’être plus sévères que d’habitude envers les incursions turques dans le FIR d’Athènes. Depuis la fin de la semaine dernière, le navire allemand de recherches océanographiques « Poséidon » se trouve en Crète pour une mission dans la zone maritime grecque. Or, la Turquie avait exigé et obtenu que l’Allemagne, en plus de l’autorisation grecque, demande une autorisation à la Turquie ! Des informations faisaient état de plans turcs de photographier la mission de Poséidon et à l’occasion les installations militaires grecques en Crète et en particulier la base de Souda et les missiles longue portée S-300. A Souda, où se trouve aussi une base de l'Otan, et où venait de débarquer le porte-avion américain « Edelvais » Le ministre de la Défense, M. Meïmarakis, devait justement visiter la base de Souda le jour de l’incident. Décidement, il y avait du monde dans le coin.

Une politique des Turcs d'envoi de messages à peine codés aux ministres grecs déjà mise à l'oeuvre le 5 avril dernier, au moment où le ministre grec des Affaires étrangères, Dora Bakoyanni, nouvellement nommée, effectuait son premier voyage diplomatique à Chypre, la Turquie avait salué l’événement avec un barrage d’infractions en mer Egée. Et dimanche dernier, Chypre venait d’élire son nouveau parlement dans des élections législatives d’où les partis opposés au plan Annan de réunification, considéré trop favorable à la Turquie, sont sortis renforcés.

Toutefois, pour des raisons évidentes de diplomatie internationale, les gouvernements grec et turc nient l’escalade de l’affrontement dont l’enjeu n’est autre que la souveraineté en mer Egée avec toutes les conséquences que cela implique.

« Les autorités grecques ont réagi avec un grand sens des responsabilités, en connaissance des règles de sécurité de l'aviation internationale et pour la protection des intérêts nationaux et droits souverains du pays », a déclaré mardi soir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georgios Koumoutsakos, commentant l'accident aérien de deux appareils grec et turc de l'armée de l'air en mer Egée.

« Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nos relations bilatérales avec la Turquie imposent des attitudes devant renforcer notre relation de bon voisinage et aidant a l'optique européenne de ce pays », a poursuivi M. Koumoutsakos, alors que répondant a une question de presse, il a ajouté que dès l'instant que l'accident avait été connu, un mandat avait été donné au Centre compétent de Recherche et sauvetage du Pirée qu'il demande au cargo commercial battant pavillon panaméen de se rendre sur les lieux et de procéder à des recherches de sauvetage.

M. Koumoutsakos a parlé encore des inquiétudes exprimées par le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, sur le sort du pilote grec, et son espoir qu'il soit vivant, celle-ci adressant par ailleurs ses voeux de sympathie a la famille.

Le ministère des AE a annoncé avoir d'ores et déjà informé l'OTAN et qu'il compte en informer aussi les instances compétentes de l'UE, alors que mercredi le ministère procèdera à une démarche de protestation auprès de la Turquie.

Le représentant du Département d'Etat américain, Sean McCormack, a fait part de ses regrets mardi pour l'accident aérien au-dessus de la mer Egée et exprimé l'espoir que les deux gouvernements collaboreront en vue d'éviter à l'avenir de tels accidents, mais il a dit qu'il ne disposait pas d'informations complètes sur les détails de la collision et la gestion de cette affaire par la Grèce et la Turquie, se limitant donc à exprimer.

Invité à commenter le fait que l'appareil turc se trouvait dans l'espace du FIR athénien, M. McCormarck a déclaré "je ne compte pas tirer des conclusions si l'un ou l'autre appareil se trouvait dans l'espace aérien de l'un ou l'autre pays. Ceci est un point qui reste à éclaircir. Je n'ai pas toutes les informations. Voyez, l'Egée est une petite région, et nous savons tous les divergences qui existent entre la Grèce et la Turquie sur cette question. Ainsi donc, ce que nous aimerions voir c'est que les deux alliés de l'OTAN collaborent pour que ne se reproduisent plus de tels accidents."

Enfin à la question de savoir s'il y a eu des contacts du gouvernement américain avec les parties concernées, M. McCormack s'est retourné pour s'informer auprès de son adjoint et a répondu alors qu'il y a eu des contacts au niveau des ambassadeurs. "Nos ambassades communiquent avec les deux gouvernements", a-t-il dit.

i-GR/ANA-MPA

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