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Universités privées en Grèce : garder les devises, chasser les cerveaux

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Από iNFO-GRECE,

Le gouvernement prendra prochainement des initiatives pour la reforme de la Constitution, a annoncé le secrétaire du Comité central de la ND (Nea Dimokratia, parti gouvernemental), Vanghelis Meïmarakis, dans une interview accordée à l'édition dominicale du quotidien athénien "Eleftherotypia". Une reforme qui ouvrirait la voie pour la création d'universités privées en Grèce comme cela figurait dans le programme électoral du Premier ministre, mais dont les effets semblent mal mesurés tant le projet obéît à des brumeuses considérations idéologiques plutôt qu'il ne vise au traitement pragmatique des dysfonctionnements dans l'enseignement supérieur.

Plus précisément, M. Meïmarakis a annoncé l'ouverture d'un dialogue pour la réforme de la Constitution qui viendra matérialiser le programme gouvernemental pour "la fondation d'universités privées à caractère non lucratif, à la condition que l'impasse constitutionnelle soit dépassée". Selon M. Meïmarakis, cette initiative permettra de limiter les grosses dépenses en devises vers l'étranger et développera une compétitivité saine afin que les universités d'Etat revalorisent leurs standards.

"Une partie des étudiants expatriés, préférant une carrière à l'étranger, ne rentrait plus en Grèce à la fin des études, allégeant d'autant les statistiques nationales du chômage."

Des milliers de Grecs, exclus du système universitaire national par des concours d'entrée réputés difficiles, préfèrent en effet suivre leurs études à l'étranger. Mais après le fleurissement désordonné des Instituts privés franchisés des Universités étrangères, la création d'Universités privées sonne comme un aveu de l'incapacité du système national de s'adapter aux nouvelles réalités.

Des barrières juridiques sur l'équivalence des diplômes qui permettaient de garder la primauté des titres universitaires nationaux par rapport aux diplômes "maïmoudes/singes", comme les Grecs qualifient les diplômes franchisés en utilisant les mêmes termes que pour les produits de contrefaçon, sont en passe de sauter sous la pression de l'Union Européenne.

Si la création d'Universités privées peut effectivement garder les devises en Grèce, il est à douter que les effets seront limités dans la mesure où il n'y a quasiment plus de… devises, du moins au sein de l'Union européenne, qui constitue la principale destination des étudiants expatriés. Les seuls pays concernés par la fuite des devises étant la Grande Bretagne et les Etats-Unis, l'impact financier sera plus que limité. En revanche, on ignore comment la Grèce, qui a déjà du mal à fournir un plein emploi à ses diplômés actuels, absorbera le surcroît de diplômés ainsi produits, puisque une partie des étudiants expatriés, préférant une carrière à l'étranger, ne rentraient plus en Grèce à la fin de leurs études, allégeant d'autant les statistiques du chômage.

"Que pèsent les frais d'études des quelques milliers d'étudiants grecs à l'étranger dans la balance commerciale, lorsque une dizaine d'années plus tard ils reviennent dans le pays formés dans les meilleures universités du monde chargés d'une première expérience dans les plus grandes entreprises et ce sans que l'Etat grec ait dépensé une drachme pour cela !"

Le deuxième argument veut que la concurrence entre le privé et le public soit de nature à pousser à la revalorisation du public. Or, on sait qu'en la matière, rien n'est naturel à part la propension idéologique à voir des effets naturels là où il n'existent pas. L'enseignement privé, là où il existe, se place à côté de l'enseignement public et pas en concurrence. Cela est facile à constater dans les pays d'Europe où les deux systèmes existent, à commencer par la France. En dehors de quelques exceptions, pas un seul enseignant ou directeur d'établissement ne se pose la question de la concurrence. Les deux systèmes tout simplement s'ignorent ! S'il y a une concurrence, elle est à chercher à l'échelle européenne entre… Universités publiques qui tiennent à garder le rang de leur réputation. Une autre concurrence s'exerce effectivement, celle entre Instituts privés qui, on le comprend, tiennent à attirer le maximum d'étudiants fortunés. Et pour cause…

Enfin, là où la concurrence est actuellement la plus manifeste, c'est le domaine des études post-universitaires professionnalisantes (MBA, DESS, M2), indifféremment du privé ou du public, puisque même les universités publiques ont découvert la poule aux œufs d'or par le biais des financements de la formation continue. Des formations d'un an, nécessitant peu d'investissements (des conférences à la chaîne par des intervenants extérieurs, pas de laboratoires de recherche, pas d'amphithéâtres pour accueillir la masse des étudiants des premiers cycles), et destinées à donner le petit plus qui permettra l'embauche aux diplômes universitaires de "tout le monde". Mais là n'est pas le propos de la reforme constitutionnelle grecque qui vise surtout la formation universitaire de base.

"Le conservatisme grec est décidément d'un autre âge ! Lorsque l'Europe dépense des milliards via ses programmes Erasmus, Socrates, etc., pour faire circuler les étudiants des différents pays de l'Union, entendre la Grèce qui dit vouloir garder ses étudiants à la maison a quelque chose de révoltant."

Il est à craindre que l'ouverture d'universités privées en l'état et sans donner les moyens à l'université publique de surmonter ses difficultés, les effets contraires de ceux escomptés se produisent. D'une part le secteur privé, dont les "papiers" ne jouissent pas de la meilleure réputation dans le pays, risque d'entacher de cette réputation les nouveaux diplômes privés ; d'autre part, l'Université publique risque de s'enfoncer dans son isolement. Car, si concurrence il y a, elle le sera d'abord au niveau du recrutement du personnel (salaires alléchants du privé) plus que dans les programmes proposés, avec pour conséquence des "cerveaux" manquants à la recherche qui forme le socle de l'université publique.

Il est tout de même paradoxal qu'un parti gouvernemental de droite avance l'argument de la fuite des devises pour promouvoir une reforme constitutionnelle autorisant l'ouverture des universités privées, quant même la gauche admet la libre circulation des capitaux. Le conservatisme grec est décidément d'un autre âge.

Que pèsent les frais d'études des quelques milliers d'étudiants grecs à l'étranger dans la balance commerciale ? L'argument est mince, sinon mesquin. D'autant que ces dépenses reviennent en Grèce par d'autres biais : en billets d'avion, en séjours vacances, lorsque ce n'est pas en devises sonnantes et trébuchantes pour ces grecs restés à l'étranger et investissant en Grèce ou, encore mieux, lorsque une dizaine d'années plus tard ils reviennent dans le pays formés dans les meilleures universités du monde chargés d'une première expérience dans les plus grandes entreprises et ce sans que l'Etat grec ait dépensé une drachme pour cela ! Il n'y a qu'à regarder les CV des… ministres, ceux des directions des grandes entreprises nationales ou encore ceux du staff des derniers JO d'Athènes !

Les études à l'étranger ne sont pas qu'une affaire de fuite de devises, elles sont d'abord une opportunité de s'enrichir de l'expérience des autres. Lorsque l'Europe dépense des milliards via ses programmes Erasmus, Socrates, etc., pour faire circuler les étudiants des différents pays de l'Union, entendre la Grèce qui dit vouloir garder ses étudiants à la maison a quelque chose de révoltant. Il est vrai que le dernier slogan officiel pour le tourisme interne disait "nous restons à la maison / menoume Ellada". Voudrait-on aussi l'appliquer aux étudiants ? Ce serait une nouvelle grande erreur.

Certes, il n'est pas question d'empêcher l'initiative privée de proposer des formations universitaires. Ce serait devenir les vassaux d'autres a priori idéologiques. Mais tant qu'à entreprendre des grandes reformes, autant le faire avec des bonnes raisons.

i-GR/AE

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