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Des milliers de civils on fuit vendredi 8 et samedi 9 le bourg d'Aracinovo après que les rebelles albanais avaient pris le contrôle de ce village à seulement 9 km de l'aéroport de la capitale de l'Ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM/FYROM). Les rebelles menacent de tirer sur Skopje s'ils venaient à être attaqués par l'armée.
Selon l'antenne de la Croix Rouge au Kosovo, 3500 réfugiés en provenance de l'ARYM étaient arrivés samedi dans la province serbe, voisine de la zone des combats de l'ARYM, s'ajoutant aux 2700 qui avaient fuit dès vendredi. Le nombre des réfugiés est bien supérieur si on tient compte que seule la population albanophone fuit vers le Kosovo, les slaves se dirigeant vers la Bulgarie ou les provinces à majorité serbe de la Yougoslavie.
Même le maire albanophone de la ville d'Aracinovo a pris la route avec femme et enfants. "La police a établi des points de contrôle autour de la ville", a-t-il déclaré au correspondant de l'Associated Press, "l'eau, l'électricité et le téléphone ont été coupés ; les gens ont commencé à paniquer". La quasi-totalité des femmes et enfants a quitté la ville.
Un reporter de l'agence Reuters a aperçu plusieurs dizaines de combattants albanais dans Aracinovo, mais aussi des hommes parmi les albanophones du village semblaient disposer d'armes dans leurs maisons, ce qui concorde avec les déclarations d'un commandant des rebelles dénommé Hoxha à l'AFP qui soutenait que 163 villageois ont rejoint son "armée". Le ministre de l'Intérieur, lui, fait état de 700 à 800 hommes armés qui seraient parvenus jusqu'au village et disposant d'armements lourds. Un commandant de l'autoproclamée "Armée de Libération Nationale", dans une conversation téléphonique avec un correspondant de l'Associated Press a dit que ses hommes étaient en mesure d'avancer sur Skopje mais qu'ils n'en avaient pas l'intention de le faire à moins qu'ils ne soient attaqués par l'armée officielle.
Pendant ce temps, le représentant de la politique étrangère de l'Union Européenne, Javier Solana, se trouvait à nouveau à Skopje, dans une tentative de trouver une issue politique au conflit entre les communautés serbe et albanaise de l'ARYM. Solana a rencontré le Président Boris Trajkovski ainsi que les principaux leaders des partis slaves et albanais représentés au Parlement et participant au gouvernement d'union constitué en mai dernier. "Tous les leaders soutiennent le plan du Président", a déclaré Solana. Mais le chef du principal parti des nationalistes albanais s'est empressé de nuancer : "beaucoup des choses ont besoin d'être corrigées", estima-t-il, sans plus de précisions.
Dimanche matin, la situation restait inchangée à Aracinovo, mais la tension est extrême. La police bloque les principales voies d'accès au village. Par contre l'armée annonçait ce matin avoir repris le contrôle dans les villes de Slupcane et Orizare et, dans une dernière opération de nettoyage, avoir engagé ses hélicoptères contre les positions des rebelles.