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Coup d'oeil sur la dernière insurrection des Grecs, in Beautés de l'histoire de la Grèce moderne, et récits et faits mémorables des Hellènes, depuis 1770, de Mme Dufrénoy, 1825. (suite 8) : Préparatifs contre Samos.

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[i] [center][b][u]Préparatifs contre Samos ;[/u][/b]

Incendie d'un vaisseau turc dans les eaux du golfe Adramite ; retraite de l'escadre ottomane.[/center]

La Porte, résolue de soumettre l'île de Samos avant les autres îles insurgées , fit d'immenses préparatifs pour cette expédition. Plus de cinquante mille hommes furent assemblés aux environs d'Éphèse et de Scala Nuova, que les Françaisde appellent Échelle-Neuve.

Les troupes turques se conduisirent d'abord avec assez de modération ; mais bientôt revenues à leurs caractère barbare, elles dévastèrent les villages voisins, massacrèrent tous les Grecs et marchèrent en désordre sur Échelle-Neuve. Cette place, alors gouvernée par un seigneur musulman, d'une famille illustre et recommandable, surtout par ses hautes vertus, avait toujours joui d'une profonde tranquillité. Le prince Élez-aga, ami de la justice de l'ordre, n'admettait aucune différence entre ses sujets grecs ou musulmans. Il traitait avec sévérité le coupable et protégeait l'innocent quels que fussent leur pays et leur religion. Les richesses d'Élez-aga le mirent en péril une année avant la révolution ; les sacrifices faits à la Porte sauvèrent ses jours ; mais on l'avait dépouillé d'une partie de sa puissance et réduit à la dignité secondaire d'aga. Les Grecs, plus industrieux que les Turcs, trouvaient un appui dans Élez-aga ; il leur confiait la culture de ses terres, la vente de ses récoltes. Toutefois il cachait avec adresse aux Turcs sa prédilection pour les Grecs, et ses procédés équitables le rendaient également l'objet de l'estime des deux nations. La Porte chargea Élez-aga de diriger l'expédition contre Samos. C'est à Scala-Nuova, un des dépôts de l'artillerie de l'empire, que devait s'approvisionner l'armée. Les dispositions faites devinrent inutiles par le long retard de la flotte ottomane.

Les punitions qu'essuyèrent les Turc de la province d'Élez-aga, qui se livrèrent à des atrocités contre les Grecs, éveillèrent les murmures des janissaires ; on l'accusa de trop de modération. Les brigands qu'on avait bannis de Smyrne, s'étant réunis aux Crétois, formèrent des régiments, dans l'espoir de faire à Samos un riche butin, le grand-seigneur ayant ordonné de massacrer tous les Samiens, à l'exception des enfants de huit ans, et de réduire les femmes en esclavage.

Jaloux de se repaître de pillage et de sang, les bandes d'assassins s'avancèrent sur Échelle-Neuve, demeurée fidèle à son souverain, comme sur un pays révolté. La voix de la terreur publique instruisit Élez-aga des scènes horribles qui se passaient dans sa province. Il fit punir de mort les assassins ; leurs compagnons, plus exaspérés dans leur fureur, se portèrent à des excès dont la seule image inspire l'épouvante. Des milliers de Grecs expirèrent sous le glaive de ces barbares. Ils enfoncèrent les maisons de la ville, massacrèrent des familles entières, détruisirent à coups de hache les maisons des Grecs, dont ils renversèrent les débris sur les cadavres de ces infortunés. Enfin l'incendie succéda au carnage. Échelle-Neuve devint en grande partie la proie des flammes ; elle aurait été réduite entièrement en cendres, si quelques Turcs propriétaires ne lui eussent donné du secours ; les musulmans emmenèrent les femmes et les enfants de leurs victimes pour les vendre comme esclaves. Tel fut le résultat des préparatifs de guerre faits contre Samos. La Porte, qui cherchait depuis longtemps à perdre Élez-aga, saisit avec joie cette terrible que circonstance pour le disgracier. On attribua à son incapacité les malheurs qu'il avait vainement cherché à empêcher. Il fut relégué à Scio. Tandis que tout le monde le pleurait, on donna sa place à un pacha indigne de cet honneur.

L'escadre turque attendait à Métélin le reste de la flotte ; les chefs craintifs restaient enfermés dans la rade, tandis que les divisions grecques épiaient le moment de leur sortie. Plusieurs jours se passèrent ainsi. La flotte n'arrivait point ; le chef de l'escadre ordonne à un vaisseau de 74 d'aller reconnaître l'ennemi vers les Dardanelles. Cette imprudence causa la perte du bâtiment.

Il fallait la présomptueuse ignorance le capitaine ottoman, pour exposer un seul vaisseau sur un point où les Grecs étaient nombreux. Il comptait sur l'armement du navire ; la défense des Grecs « devait, dit M. Raffenel, être celle de David contre Goliath (in Histoire des événements de la Grèce) ; le général turc n'eut pas l'esprit de le prévoir. »

Le vaisseau en mer n'aperçut aucune voile ; encore un jour, il se croyait en sûreté aux Dardanelles, mais les apparences étaient trompeuses ; les navires grecs, légers et fins voiliers, cachés derrière les écueils des bords de l'île, voyaient sans s'être aperçus. Ils avertirent par un aviso les stations voisines de la sortie de l'Ottoman. Le danger fit perdre la tête à ce dernier ; une fausse manœuvre le livra à l'ennemi ; huit cents Turcs périrent et les Grecs ne perdirent pas un seul homme. Le commandant de l'escadre, craignant le même sort pour le reste de sa division, donna sur-le-champ l'ordre d'appareiller, tandis qu'avec les quatre vaisseaux qui lui restaient, il aurait pu détruire jusqu'au dernier bâtiment des Grecs. Il les vit à pêcher les canons de l'ennemi ; mais dans sa frayeur il passa et n'osa tirer un coup de canon contre quatre de leurs petits navires qui feignaient de le poursuivre. La terreur de l'escadre turque ne cessera que lorsqu'elle se fut avancée et dans les Dardanelles. Le triomphe des Grecs combla toutes les îles de joie ; Hydra le célébra par une fête magnifique. Le pavillon des insurgés ne trouva plus d'ennemis dans l'Archipel ; mais le commandant anglais des îles Ioniennes fit signifier au Sénat d'Hydra qu'on regarderait le nouveau pavillon comme un signal de piraterie, et les ports d'Italie, de la France, et du nord de l'Europe furent interdits aux Hellènes.

Toutefois leur cause enflammait la jeunesse européenne ; on vit plusieurs officiers français, illustrés dans les guerres de leur patrie, courir vers le Péloponnèse ; ils y trouvèrent des soldats à demi nus. Attirés par l'honneur de vaincre, ils n'en furent pas découragés : ils savaient que dans les guerres soutenues pour l'indépendance, la pauvreté et le dénuement ont fait plus d'un héros. [/i]

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