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La Légende dorée des Dieux et des Héros, M. Meunier (Zeus ou Jupiter)

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Zeus ou Jupiter.

Zeus était, nous l'avons dit, le suprême roi de l'Olympe, le maître du monde, et le père commun des hommes et des Dieux. Le ciel et la terre étaient soumis à son sceptre ; et, depuis le brin d'herbe jusqu'à l'aigle rapace, tout dépendait d'un signe de sa tête. Trônant dans l'Empyrée, il disposait en chef de l'armée des nuages, et manifestait dans le ciel, radieux ou orageux, sa grandeur tour à tour bienfaisante ou terrible. C'est du ciel, en effet, que semblent descendre nos espérances et nos appréhensions. Ainsi, tous les prodiges divers, que le cours changeant des jours y faisait apparaître relevait-il du meilleur et du plus juste des Dieux. Quand l'azur éclatant du ciel de la Grèce étincelait dans la clarté d'un matin transparent, c'était Zeus, l'auguste père de la splendeur céleste, qui s'y montrai dans sa pure lumière. Quand il pleuvait, c'était Zeus lui-même qui pleuvait ; quand il neigeait, c'était encore Zeus qui recouvrait la terre d'un blanc manteau d'hermine. Les nuits, comme les jours, obéissaient à ses ordres. Mais, s'il pouvait à son gré rasséréner les cieux, éclaircir l'atmosphère, dissiper les nuages, faire briller l'arc-en-ciel, et envoyer sur la mer des vents propices aux navires, c'était surtout lorsqu'il déchaînait la tempête ou l'orage, que Zeus était censé manifester sa suprême puissance. Dieu des sombres nuées, il entassait alors des nuages opaques dans l'éther assombri, déchaînait le souffle des ouragans destructeurs, soulevait les flots de la mer et le sable des routes, dardait sur les sommets les flèches de l'éclair, transperçait les nuées pour ouvrir et vider les poches de leurs eaux, et faisait retentir, des hauteurs du ciel jusqu'au creux des vallées, le fracas grondant est prolongé du tonnerre. Voilà pourquoi Zeus était appelé le Dieu qui se plaît à faire jaillir la lueur de l'éclair, le Dieu qui frémit dans les hauteurs du ciel, l'assembleur de nuages qui roule dans les cieux le torrent mugissant et redouté de ses feux.

Mais la foudre dont était armée, comme d'un trait enflammé, la main puissante de Zeus, à quoi lui servait-t-elle ? En frappait-ils uniquement les cimes des montagnes ou les hautes demeures, pour effrayer les mortels et leur manifester son tyrannique pouvoir ? Non. Zeus, en effet, ce Dieu au trône élevé, était un monarque que guidait la Justice. S'il disposait en maître, des orages, des pluies et des beaux jours, il ne régnait qu'équitablement sur les hommes. Quoique ses conseils fussent impénétrables et que ces décisions se trouvassent irrévocables, tout ce qu'il pensait et voulait, était voulu et pensé par une infaillible et prudente sagesse. Sa providence s'étendait des plus puissants aux plus humbles mortels, et les porteurs de sceptre n'étaient pas plus devant lui que les porte-besace. Les biens et les maux de toute vie humaine étaient la conséquence de ces justes décrets. Quand les hommes étaient bons, la terre noire portait du froment et de l'orge, les arbres se recouvraient de fruits, les brebis se multipliaient, et la mère, en abondance, leur fournissait du poisson. Étaient-ils méchants, rendaient-ils des sentences iniques, chassaient-ils de leur cœur la justice, de leur esprit la sagesse ? Alors, l'ouragan saccageait leurs champs sous un furieux déluge, les fleuves débordaient, le tonnerre et l'éclair déchiraient les nuée, les torrents ravageaient les pentes des montagnes et la funeste grêle dévastait leurs récoltes.

Or, Zeus, suprême arbitre de la justice éternelle, avait pourtant un père et une mère. Ce n'était point parce qu'il naissait réellement et véritablement, car Zeus était l'éternel existant, le premier de tous les êtres, le commencement et la fin de toutes choses, que les poètes nous racontaient sa naissance. Mais, comme il leur était aussi impossible de concevoir ce Dieu en tout l'éclat de sa gloire que de fixer le disque éblouissant du soleil, les poètes lui prêtèrent un corps, et se l'imaginèrent sous l'apparence d'un homme très puissant et très beau. Ils se représentèrent la vie heureuse de son éternité comme une image agrandie de la vie sur la terre. Et, pour exprimer son insaisissable nature, expliquer son action continue dans le monde, ils inventèrent de multiples légendes et le soumirent aux vicissitudes des conditions humaines. Ainsi, pour faire entendre que Zeus est éternel, les poètes nous dirent que le dieu de la foudre était le fils de Cronos, c'est-à-dire de la puissance créatrice et destructive du Temps. Sa mère, Rhéa, était une déesse qui présidait aussi au lent écoulement qui transforme les siècles. Rhéa, tout au long cours des âges, mettait au monde de multiples enfants. Mais ces enfants, à peine déposés sur les genoux de leur père, étaient par lui dévorés. Le Temps, en effet, dévore toute chose et ne cesse pas de détruire tout ce qu'il vient de créer. Toutefois, cette faim de destruction devait avoir un terme. De Rhéa, avait dit un oracle, devait naître un enfant qui régnerait en maître sur le monde, maintiendrait l'univers en son intégrité et détrônerait son père destructeur. Pour n'avoir point à pleurer, accablée d'une douleur sans bornes, l'engloutissement de ce nouvel enfant, Rhéa, dès qu'elle le sentit tressaillir dans son sein, descendit secrètement du ciel, et se rendit d'abord dans une vallée profonde. Là, cachée dans le plus épais d'un fourré, elle mit au monde le dieu qui fut appelé Zeus. Puis, comme elle cherchait une eau claire et courante pour y laver le nouveau-né, et que partout autour d'elle la terre était aride et desséchée, la vénérable Déesse, désespérée et mourante de soif, se mit à deux genoux et supplia la terre secourable en disant :

— O Terre, mère et amie, enfante, toi aussi ; tes « enfantements sont faciles ! »

Elle pria ainsi ; puis, élevant son bras, elle frappa le roc avec son sceptre. La pierre s'ouvrit, et une fontaine limpide et fraîche en coula. La souveraine Déesse baigna son fils, le purifiera, l'enveloppa de langes et le confia à une Nymphe pour le porter en la grande île de Crète et les cacher dans une grotte secrète.

Or, profonde et large était cette caverne. Une forêt compacte en dérobait l'entrée et un lierre était en tapissait les parois. À peine ce gracieux nouveau-né était-il entré dans cet antre sacré, que les Nymphes qui l'habitaient le reçurent en leur bras. Elles le couchèrent dans un berceau doré. Une chèvre, Amalthée, lui donna un lait pur et lui servit de mère-nourricière. Les abeilles pour lui distillèrent un doux miel. Parfois aussi, des colombes venues des bords lointains de l'Océan lui apportaient l'ambroisie, est un grand aigle, puisant le nectar à une source divine, lui offrait le breuvage de l'immortalité. Pour amuser le futur souverain de l'Olympe, une jeune Nymphe, Adrastée, lui fit présent d'un jouet merveilleux. C'était une boule ajourée, formée de cercles d'or entre lesquels un lierre ciselé serpentait. Quand l'enfant vagissait, Adrastée, comme une balle, lançait en l'air se jouet lumineux, et la boule ajourée retombait en traçant un long sillon doré. Zeus riait. Mais, lorsque ses cris et ses pleurs devenaient plus perçants, alors, autour de lui, les Corybantes ou les Curètes, serviteurs de son auguste mère, dansaient. Ils étendaient au-dessus de son berceau leurs boucliers d'airain ; et, pour marquer la cadence rapide de leur part, ils les frappaient avec leurs courtes épées. Le fracas des boucliers couvrait les cris du nouveau-né, et son père, Cronos, ne pouvait ainsi deviner la retraite où se cachait l'enfant qu'il avait cru dévorer en avalant une pierre.

Cependant le jeune dieu croissait en intelligence et en force. À peine marchait-t-il que sa pensée, n'était plus de son âge. Pour charmer les jeux de celui dont la main gouvernait l'éclair, les Cyclopes lui forgèrent les carreaux de la foudre, et Zeus, dès sa plus tendre enfance, se comptent plus annoncer les traits éblouissants qui portent le tonnerre.

Un jour qu’il folâtrait avec la chèvre Amalthée, sa mère nourricière, et qu’il essayait de la jeter à terre, il lui arriva de la faire buter contre un arbre, et de lui casser une de ses belles cornes. La Nymphe Mélissa soigna alors et pansa la tête meurtrie de la nourrice divine. Pour la récompenser, le fils de Cronos ramassa cette corne, lui conféra des vertus merveilleuses, et en fit don à la Nymphe au cœur compatissant. Depuis ce temps, cette corne fut appelée la Corne d’Abondance, car, sur un simple désir, elle se remplissait de toutes sortes de biens.

Lorsqu’un tendre duvet eut fleuri d’un collier d’or bruni les joues du fils de Rhéa, et que l’âge en eut fait un bel adolescent, Zeus détrôna son père et régna désormais sur le monde à sa place. Cependant certains monstres orgueilleux, enchaînés dans le sein de la Terre, ne voulaient pas se soumettre au nouveau roi de l’Olympe. Zeus, croyant mettre fin aux tremblements dont ils agitaient la surface du globe, aux bouleversements qu’ils causaient en ébranlant les montagnes et en disloquant l’écorce de la terre, les délivra. Mais, à peine sortis de leurs prisons souterraines, ces redoutables Titans partirent en guerre contre lui. Pour atteindre l’Olympe, ils entassèrent des montagnes les unes sur les autres, et lancèrent des rochers contre Zeus. Les uns, tombant dans la mer, la parsemèrent d'îles, et les autres, retombant sur la terre, y formèrent des collines. Durant plus de dix ans se poursuivit cette monstrueuse révolte.

Enfin, lassé de tant d'audaces, Zeus voulut mettre fin à leur rage insensée. Pour gagner la victoire qui devait assurer le triomphe de l’ordre, le fils de Cronos descendit d'abord dans les entrailles du globe, là où s'étend le ténébreux Tartare. C'était, bien au-dessous des fonds les plus bas de la mer, une région humide et désolée, remplie d'épaisses vapeurs et entourée d'une nuit éternelle. Là étaient enfermés les Cyclopes. Ces farouches créatures, d'une taille colossale et d'une force prodigieuse, n'avaient qu'un œil au milieu de leur front. De leurs bras robustes, ils forgeaient, sur des enclumes d'airain, les foudres que lançait le souverain du ciel. Là aussi se trouvaient enfermés, pour garder les Cyclopes, trois Géants à cent bras et à cinquante têtes.

— J'ai besoin, leur dit Zeus, pour mettre fin aux maux qui désolent la terre, du secours de vos bras et de l’aide que peuvent me forger vos enclumes. Prêtez-les-moi, et je vous délivrerai. Suivez-moi.

— Nous te les prêterons, répondirent à la fois les Géants aux cent bras et les intrépides Cyclopes.

Dès qu'ils parvinrent à la clarté du jour, Cyclopes et Géants se trouvèrent en face des Titans révoltés. Les Cyclopes brandissaient des piques étincelantes et les Géants aux cent bras étaient armés de rochers. Alors, un cri de guerre effroyable s'éleva tout à coup, et un horrible fracas éclata sur la mer : l'écho en retentit des palais de l'Olympe jusqu'aux abîmes ténébreux du Tartare. Les deux armées lançaient l'une sur l'autre mille traits douloureux ; mille rochers détachés des montagnes s'abattaient sur l'un et l'autre camp. De grands cris retentissaient dans la mêlée terrible, et une clameur inhumaine et sauvage montait jusqu'aux étoiles. Comme la victoire était encore indécise, Zeus, au plus fort du combat, apparut sur un char. Messagère ardente d'une main victorieuse, la foudre, du haut du ciel, sur les Titans tout à coup s'abattit. Le tonnerre fendit en deux des montagnes, et les traits vengeurs de l'éclair dévorant firent flamber des forêts. Alors une épaisse fumée, rabattue par le vent sur leurs lignes, étouffa les Titans et les paralysa. Profitant de ce tumultueux désarroi, trois cents rochers, lancés à la fois par les trois cents mains des trois Géants aux cent bras, s'abattirent sur les rangs ennemis et les engloutirent sous une avalanche de roches. Vainqueurs de ses puissants adversaires, Zeus les reprécipita dans le sombre Tartare, et le ciel et la terre n'obéirent plus dès lors qu'à un unique chef.

Une fois son pouvoir fermement établi, Zeus s'associa pour épouse Héra au trône d'or. Douée d'une beauté radieuse et magnifique, les habitants de l'Olympe accueillirent avec joie cette reine aux bras blancs et l'honorèrent à l'égal du maître du tonnerre. Zeus pourtant ne connut pas qu'une femme, et les poètes nous le représentent souvent descendant sur la terre pour y choisir et y aimer des Nymphes. Or ces Nymphes qu'il aima ne sont rien autre que les images gracieuses des forces diverses en jeu dans la Nature ; et, quand on dit que Zeus venait les épouser, il faut entendre qu'il venait les unir par son intervention à la loi qui préside à l'harmonie du monde. Les plus célèbres de ces Nymphes aux pieds blancs furent Europe, Danaé et Léda.

(À suivre)

Zeus ou Jupiter.

Zeus était, nous l'avons dit, le suprême roi de l'Olympe, le maître du monde, et le père commun des hommes et des Dieux. Le ciel et la terre étaient soumis à son sceptre ; et, depuis le brin d'herbe jusqu'à l'aigle rapace, tout dépendait d'un signe de sa tête. Trônant dans l'Empyrée, il disposait en chef de l'armée des nuages, et manifestait dans le ciel, radieux ou orageux, sa grandeur tour à tour bienfaisante ou terrible. C'est du ciel, en effet, que semblent descendre nos espérances et nos appréhensions. Ainsi, tous les prodiges divers, que le cours changeant des jours y faisait apparaître relevait-il du meilleur et du plus juste des Dieux. Quand l'azur éclatant du ciel de la Grèce étincelait dans la clarté d'un matin transparent, c'était Zeus, l'auguste père de la splendeur céleste, qui s'y montrai dans sa pure lumière. Quand il pleuvait, c'était Zeus lui-même qui pleuvait ; quand il neigeait, c'était encore Zeus qui recouvrait la terre d'un blanc manteau d'hermine. Les nuits, comme les jours, obéissaient à ses ordres. Mais, s'il pouvait à son gré rasséréner les cieux, éclaircir l'atmosphère, dissiper les nuages, faire briller l'arc-en-ciel, et envoyer sur la mer des vents propices aux navires, c'était surtout lorsqu'il déchaînait la tempête ou l'orage, que Zeus était censé manifester sa suprême puissance. Dieu des sombres nuées, il entassait alors des nuages opaques dans l'éther assombri, déchaînait le souffle des ouragans destructeurs, soulevait les flots de la mer et le sable des routes, dardait sur les sommets les flèches de l'éclair, transperçait les nuées pour ouvrir et vider les poches de leurs eaux, et faisait retentir, des hauteurs du ciel jusqu'au creux des vallées, le fracas grondant est prolongé du tonnerre. Voilà pourquoi Zeus était appelé le Dieu qui se plaît à faire jaillir la lueur de l'éclair, le Dieu qui frémit dans les hauteurs du ciel, l'assembleur de nuages qui roule dans les cieux le torrent mugissant et redouté de ses feux.

Mais la foudre dont était armée, comme d'un trait enflammé, la main puissante de Zeus, à quoi lui servait-t-elle ? En frappait-ils uniquement les cimes des montagnes ou les hautes demeures, pour effrayer les mortels et leur manifester son tyrannique pouvoir ? Non. Zeus, en effet, ce Dieu au trône élevé, était un monarque que guidait la Justice. S'il disposait en maître, des orages, des pluies et des beaux jours, il ne régnait qu'équitablement sur les hommes. Quoique ses conseils fussent impénétrables et que ces décisions se trouvassent irrévocables, tout ce qu'il pensait et voulait, était voulu et pensé par une infaillible et prudente sagesse. Sa providence s'étendait des plus puissants aux plus humbles mortels, et les porteurs de sceptre n'étaient pas plus devant lui que les porte-besace. Les biens et les maux de toute vie humaine étaient la conséquence de ces justes décrets. Quand les hommes étaient bons, la terre noire portait du froment et de l'orge, les arbres se recouvraient de fruits, les brebis se multipliaient, et la mère, en abondance, leur fournissait du poisson. Étaient-ils méchants, rendaient-ils des sentences iniques, chassaient-ils de leur cœur la justice, de leur esprit la sagesse ? Alors, l'ouragan saccageait leurs champs sous un furieux déluge, les fleuves débordaient, le tonnerre et l'éclair déchiraient les nuée, les torrents ravageaient les pentes des montagnes et la funeste grêle dévastait leurs récoltes.

Or, Zeus, suprême arbitre de la justice éternelle, avait pourtant un père et une mère. Ce n'était point parce qu'il naissait réellement et véritablement, car Zeus était l'éternel existant, le premier de tous les êtres, le commencement et la fin de toutes choses, que les poètes nous racontaient sa naissance. Mais, comme il leur était aussi impossible de concevoir ce Dieu en tout l'éclat de sa gloire que de fixer le disque éblouissant du soleil, les poètes lui prêtèrent un corps, et se l'imaginèrent sous l'apparence d'un homme très puissant et très beau. Ils se représentèrent la vie heureuse de son éternité comme une image agrandie de la vie sur la terre. Et, pour exprimer son insaisissable nature, expliquer son action continue dans le monde, ils inventèrent de multiples légendes et le soumirent aux vicissitudes des conditions humaines. Ainsi, pour faire entendre que Zeus est éternel, les poètes nous dirent que le dieu de la foudre était le fils de Cronos, c'est-à-dire de la puissance créatrice et destructive du Temps. Sa mère, Rhéa, était une déesse qui présidait aussi au lent écoulement qui transforme les siècles. Rhéa, tout au long cours des âges, mettait au monde de multiples enfants. Mais ces enfants, à peine déposés sur les genoux de leur père, étaient par lui dévorés. Le Temps, en effet, dévore toute chose et ne cesse pas de détruire tout ce qu'il vient de créer. Toutefois, cette faim de destruction devait avoir un terme. De Rhéa, avait dit un oracle, devait naître un enfant qui régnerait en maître sur le monde, maintiendrait l'univers en son intégrité et détrônerait son père destructeur. Pour n'avoir point à pleurer, accablée d'une douleur sans bornes, l'engloutissement de ce nouvel enfant, Rhéa, dès qu'elle le sentit tressaillir dans son sein, descendit secrètement du ciel, et se rendit d'abord dans une vallée profonde. Là, cachée dans le plus épais d'un fourré, elle mit au monde le dieu qui fut appelé Zeus. Puis, comme elle cherchait une eau claire et courante pour y laver le nouveau-né, et que partout autour d'elle la terre était aride et desséchée, la vénérable Déesse, désespérée et mourante de soif, se mit à deux genoux et supplia la terre secourable en disant :

— O Terre, mère et amie, enfante, toi aussi ; tes « enfantements sont faciles ! »

Elle pria ainsi ; puis, élevant son bras, elle frappa le roc avec son sceptre. La pierre s'ouvrit, et une fontaine limpide et fraîche en coula. La souveraine Déesse baigna son fils, le purifiera, l'enveloppa de langes et le confia à une Nymphe pour le porter en la grande île de Crète et les cacher dans une grotte secrète.

Or, profonde et large était cette caverne. Une forêt compacte en dérobait l'entrée et un lierre était en tapissait les parois. À peine ce gracieux nouveau-né était-il entré dans cet antre sacré, que les Nymphes qui l'habitaient le reçurent en leur bras. Elles le couchèrent dans un berceau doré. Une chèvre, Amalthée, lui donna un lait pur et lui servit de mère-nourricière. Les abeilles pour lui distillèrent un doux miel. Parfois aussi, des colombes venues des bords lointains de l'Océan lui apportaient l'ambroisie, est un grand aigle, puisant le nectar à une source divine, lui offrait le breuvage de l'immortalité. Pour amuser le futur souverain de l'Olympe, une jeune Nymphe, Adrastée, lui fit présent d'un jouet merveilleux. C'était une boule ajourée, formée de cercles d'or entre lesquels un lierre ciselé serpentait. Quand l'enfant vagissait, Adrastée, comme une balle, lançait en l'air se jouet lumineux, et la boule ajourée retombait en traçant un long sillon doré. Zeus riait. Mais, lorsque ses cris et ses pleurs devenaient plus perçants, alors, autour de lui, les Corybantes ou les Curètes, serviteurs de son auguste mère, dansaient. Ils étendaient au-dessus de son berceau leurs boucliers d'airain ; et, pour marquer la cadence rapide de leur part, ils les frappaient avec leurs courtes épées. Le fracas des boucliers couvrait les cris du nouveau-né, et son père, Cronos, ne pouvait ainsi deviner la retraite où se cachait l'enfant qu'il avait cru dévorer en avalant une pierre.

Cependant le jeune dieu croissait en intelligence et en force. À peine marchait-t-il que sa pensée, n'était plus de son âge. Pour charmer les jeux de celui dont la main gouvernait l'éclair, les Cyclopes lui forgèrent les carreaux de la foudre, et Zeus, dès sa plus tendre enfance, se comptent plus annoncer les traits éblouissants qui portent le tonnerre.

Un jour qu’il folâtrait avec la chèvre Amalthée, sa mère nourricière, et qu’il essayait de la jeter à terre, il lui arriva de la faire buter contre un arbre, et de lui casser une de ses belles cornes. La Nymphe Mélissa soigna alors et pansa la tête meurtrie de la nourrice divine. Pour la récompenser, le fils de Cronos ramassa cette corne, lui conféra des vertus merveilleuses, et en fit don à la Nymphe au cœur compatissant. Depuis ce temps, cette corne fut appelée la Corne d’Abondance, car, sur un simple désir, elle se remplissait de toutes sortes de biens.

Lorsqu’un tendre duvet eut fleuri d’un collier d’or bruni les joues du fils de Rhéa, et que l’âge en eut fait un bel adolescent, Zeus détrôna son père et régna désormais sur le monde à sa place. Cependant certains monstres orgueilleux, enchaînés dans le sein de la Terre, ne voulaient pas se soumettre au nouveau roi de l’Olympe. Zeus, croyant mettre fin aux tremblements dont ils agitaient la surface du globe, aux bouleversements qu’ils causaient en ébranlant les montagnes et en disloquant l’écorce de la terre, les délivra. Mais, à peine sortis de leurs prisons souterraines, ces redoutables Titans partirent en guerre contre lui. Pour atteindre l’Olympe, ils entassèrent des montagnes les unes sur les autres, et lancèrent des rochers contre Zeus. Les uns, tombant dans la mer, la parsemèrent d'îles, et les autres, retombant sur la terre, y formèrent des collines. Durant plus de dix ans se poursuivit cette monstrueuse révolte.

Enfin, lassé de tant d'audaces, Zeus voulut mettre fin à leur rage insensée. Pour gagner la victoire qui devait assurer le triomphe de l’ordre, le fils de Cronos descendit d'abord dans les entrailles du globe, là où s'étend le ténébreux Tartare. C'était, bien au-dessous des fonds les plus bas de la mer, une région humide et désolée, remplie d'épaisses vapeurs et entourée d'une nuit éternelle. Là étaient enfermés les Cyclopes. Ces farouches créatures, d'une taille colossale et d'une force prodigieuse, n'avaient qu'un œil au milieu de leur front. De leurs bras robustes, ils forgeaient, sur des enclumes d'airain, les foudres que lançait le souverain du ciel. Là aussi se trouvaient enfermés, pour garder les Cyclopes, trois Géants à cent bras et à cinquante têtes.

— J'ai besoin, leur dit Zeus, pour mettre fin aux maux qui désolent la terre, du secours de vos bras et de l’aide que peuvent me forger vos enclumes. Prêtez-les-moi, et je vous délivrerai. Suivez-moi.

— Nous te les prêterons, répondirent à la fois les Géants aux cent bras et les intrépides Cyclopes.

Dès qu'ils parvinrent à la clarté du jour, Cyclopes et Géants se trouvèrent en face des Titans révoltés. Les Cyclopes brandissaient des piques étincelantes et les Géants aux cent bras étaient armés de rochers. Alors, un cri de guerre effroyable s'éleva tout à coup, et un horrible fracas éclata sur la mer : l'écho en retentit des palais de l'Olympe jusqu'aux abîmes ténébreux du Tartare. Les deux armées lançaient l'une sur l'autre mille traits douloureux ; mille rochers détachés des montagnes s'abattaient sur l'un et l'autre camp. De grands cris retentissaient dans la mêlée terrible, et une clameur inhumaine et sauvage montait jusqu'aux étoiles. Comme la victoire était encore indécise, Zeus, au plus fort du combat, apparut sur un char. Messagère ardente d'une main victorieuse, la foudre, du haut du ciel, sur les Titans tout à coup s'abattit. Le tonnerre fendit en deux des montagnes, et les traits vengeurs de l'éclair dévorant firent flamber des forêts. Alors une épaisse fumée, rabattue par le vent sur leurs lignes, étouffa les Titans et les paralysa. Profitant de ce tumultueux désarroi, trois cents rochers, lancés à la fois par les trois cents mains des trois Géants aux cent bras, s'abattirent sur les rangs ennemis et les engloutirent sous une avalanche de roches. Vainqueurs de ses puissants adversaires, Zeus les reprécipita dans le sombre Tartare, et le ciel et la terre n'obéirent plus dès lors qu'à un unique chef.

Une fois son pouvoir fermement établi, Zeus s'associa pour épouse Héra au trône d'or. Douée d'une beauté radieuse et magnifique, les habitants de l'Olympe accueillirent avec joie cette reine aux bras blancs et l'honorèrent à l'égal du maître du tonnerre. Zeus pourtant ne connut pas qu'une femme, et les poètes nous le représentent souvent descendant sur la terre pour y choisir et y aimer des Nymphes. Or ces Nymphes qu'il aima ne sont rien autre que les images gracieuses des forces diverses en jeu dans la Nature ; et, quand on dit que Zeus venait les épouser, il faut entendre qu'il venait les unir par son intervention à la loi qui préside à l'harmonie du monde. Les plus célèbres de ces Nymphes aux pieds blancs furent Europe, Danaé et Léda.

(À suivre)

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