A l'image des rassemblements dans plusieurs villes dans le monde accueillant l'immigration grecque, près de 300 personnes ont répondu à l'appel d'une trentaine d'organisations et se sont rassemblés vendredi vers 18h devant l'ambassade de Grèce à Paris en signe de "solidarité avec la jeunesse grecque".
Les manifestants ont scandé des slogans, déployé des banderoles et distribué des tracts.
Parmi les manifestants, le député de gauche, Jean-Luc Mélanchon, qui a quitté les rangs du Parti socialiste français il y a environ un mois, le président de l'UNEF, Jean-Baptiste Prévost et Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire.
Malgré une campagne sur Internet, le rassemblement n'a pas eu le succès escompté, avec une moyenne de 10 manifestants par organisation ayant participé à l'appel. Les militants du Nouveau parti anticapitaliste (ex-Ligue communiste révolutionnaire), venus grossir les rangs d'une dizaine de Grecs installés depuis longtemps à Paris, composaient l'essentiel de la manifestation de Paris.
Quelques incidents ont opposé les jeunes aux forces de l'ordre, à la fin du rassemblement, quand une centaine de jeunes a essayé de bloquer l'avenue des Champs-Elysées au moyen de barrières. Une voiture de police a été prise à partie et est repartie les vitres brisées, mais vers 19h30, la célèbre avenue retrouvait son rythme avec l'arrivée en nombre des CRS qui ont dispersé les derniers manifestants.
Mercredi, déjà, des inconnus avaient incendieé deux voitures devant le consulat grec de Bordeaux, tandis qu'à Grenoble trois jeunes ont essayé de forcer la porte du consulat.
Pour des raisons de sécurité, les consulats de Grèce à Grenoble, Nantes et Lille resteront fermés jusqu'à lundi, alors qu'en ce qui concerne les deux plus importants - Paris et Marseille - les services fonctionnent normalement. De même, une réunion prévue de longue date des associations grecques d'Ille de France qui devait se tenir à la Maison de la Grèce à Paris a dû être reportée à la demande du Consul général de Grèce qui a demandé la fermeture préventive de la Maison de la Grèce.
Malgré la mobilisation relativement faible des rassemblements, leur multiplication et la tendance au dérapage violent, fait craindre aux les états majors politiques une contagion généralisée des mouvements violents en Europe, alors qu'en France, un mouvement étudiant en évolution et les violences traditionnelles de fin d'année dans les banlieues rajoutent à l'inquiétude.
"Quand vous avez une telle dépression économique, une telle désespérance sociale, il suffit qu'il y ait une allumette qui se mette là-dedans et tout part", estimait le député socialiste de Seine-Maritime, Laurent Fabius, dans une déclaration à Europe 1, en accord avec un autre député socialiste, Julien Dray, lequel sur i-Télé estimait que "le syndrome grec menace l'ensemble des pays".
Des déclarations qui ont provoqué une réponse du secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano laquelle, dans les colonnes du Figaro, a vu dans ce parallèle entre la situation grecque et française une "quasi-incitation à la violence".
Sur son site web, l'UNEF expliquait que "les manifestations qui ont eu lieu en Grèce dépassent aujourd'hui de très loin la frange la plus militante de la population et ont gagné la quasi-totalité des villes du pays", indiquant aussi que "après la génération CPE en France, c'est aujourd'hui aussi la génération 600 euros en Grèce qui manifeste un même refus de la précarité et son inquiétude face à l'avenir".
Ailleurs dans le monde
Une manifestation pacifique a eu lieu vendredi après-midi à Vienne, à quelques dizaines de mètres de l'ambassade de Grèce dans la capitale autrichienne, la police ayant bouclé le quartier et empêché quelque 120 manifestants de s'approcher de l'immeuble. Les manifestants se sont dispersés dans le calme.
Un rassemblement plus important, réunissant un millier de personnes dont plusieurs centaines de Grecs, a eu lieu à Berlin, se dispersant sans incidents notables. Au contraire, quelques accrochages entre manifestants et la police allemande ont été signalés après un rassemblement à Francort.
A Melbourne, en Australie, des groupes de jeunes se sont rassemblés devant le consulat grec, lequel, quelques heures plus tôt, avait été objet de quelques graffitis contre la police grecque.
D'autres manifestations ont eu lieu ces derniers jours à Londres, Copenhague, Rome, Venise, Madrid, et jusqu'à Moscou et New York, en signe de solidarité avec les manifestants grecs et de protestation contre la mort d'Alexis Grigoropoulos, l'adolescent tué samedi dernier par un policier à Athènes.