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Thrace Orientale Turquie

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Soumis par Fani Borel le
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Bonsoir,

Qui a une information sur la petite ville de Sergen (en 1920 Sarakina) entre Demirköy (Samakovi) et Vizé (Vizyi), dans la Province de Kirklareli (Saranda Ekklisiès) en Thrace Orientale, maintenant territoire turc?

Merci et bonne soirée,

Fani B.

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Thomas Efthymiou

[i] Chère Madame,
Sarakína était un village qui se trouvait à huit heures de marche, au sud de du village d'origine de ma famille, Sammakóvi-Demirkeuï, en allant vers Vizýi. Le chemin qui y menait était accidenté.
On sortait près du puits «Koutoúki», on passait par les anciennes vignes « Baglatádès », franchissait la « Vánta », large ruisseau des lavandières, puis aboutissait à la tuilerie de
«Tsablís». Ensuite, on passait par les champs de la «Várka» (la barque), petit vallon parcouru par un ruisseau dont les parois de chaque côté avaient une telle pente que vues de haut elles le faisaient ressembler à une barque, d'où son nom.
Il fallait ensuite faire l'ascension du mont «Grántos», passant par le «tou Sourví ton’ astmá» (la clairière de Sourvis, astmá= ánigma, ouverture), le lieu très impropre aux cultures qui garda le nom de celui qui s'y était échiné jusqu'à sa mort. Ensuite on faisait étape à «Plyssiá » (= ablutions » ou les animaux pouvaient boire et les hommes se rafraîchir et se laver des poussières de la route. Toujours en descendant on passaits par l’«apidiá de Bistás» (le poirier de Bistás). Le lieu tenait son nom d'une anecdote rabelaisienne : Bistás, de Sammakóvi, était allé au « panaghýri » de Sarakína (fête patronale de l'église), au mois d'août, où les poiriers avaient donné beaucoup de leurs fruits. Il s'en gava. Sur le chemin du retour, il fut pris de colique, et dut se soulager sur le chemin, racontant ensuite à Sammakóvi son aventure... Peu de temps après, un poirier sauvage vint à pousser au même endroit, et les villageois facétieux attribuèrent au lieu le nom du « semeur », dénomination qui perdura !
Ensuite on montait vers le mont « Váva », à la cime duquel est une petite clairière entourée de hêtres, appelée «ta Dokímia» (les essais, les épreuves) où les agogiatès (âniers, muletiers) faisaient étape. Les plus jeunes s'essayait et se défiaient à soulever les lourdes pierres qui s'y trouvaient, d'où le nom. À partir de là commençait la rapide descente vers Sarakína.
On arrivait aux «Tsérkézikès kalývès », où s'étaient établis en 1829 des circassiens tcherkesses chassés de Bulgarie par les Russes, jusqu'à ce que les Turcs les envoient en Asie Mineure. Encore une petite montée par le chemin très étroit où le croisement était difficile aux charrettes, sous de très épais ombrages, appelé «Soúdès », assez étouffant, au-delà duquel s'ouvrait une riante petite plaine boisée appelée « Ostrygiès » (les charmes, arbres). Puis la route n'était plus que descendante, avec une étape à une fraîche source avec une vasque de marbre sculpté, la «Goúrna » (vasque, d'où le nom). Sarakína n'était plus quai une demi-heure de marche.
De Sarakína partaient deux routes, celle de droit allait vers le village grec «Kryónèro » (eau froide) et celle de gauche allait vers Vizýi. Par celle-ci, en une demi-heure on arrivait à «Sophídès », village grec, puis on passait par le village turc «Soflar » pour enfin aboutir à Vizýi, le chef-lieu de notre région.
[/i]

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ven 05/06/2009 - 09:07 Permalien