La France et la Turquie

13 décembre 2004

20:37 La France demandera à la Turquie de reconnaître le génocide arménien lors des négociations d'adhésion
BRUXELLES (AP) - La France demandera à la Turquie de reconnaître le génocide arménien au cours des négociations d'adhésion à l'Union européenne, a laissé entendre lundi à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier.
»La Turquie doit se réconcilier avec son passé», a déclaré le chef de la diplomatie française en marge de la réunion des 25 ministres européens, préparatoire au sommet de jeudi à vendredi. Il a toutefois pris soin de ne jamais prononcer le mot «génocide», catégoriquement rejeté par Ankara.
Paris demandera à Ankara de reconnaître la «tragédie qui a touché au début du siècle dernier plusieurs milliers d'Arméniens», a-t-il expliqué devant la presse, estimant qu'un «grand pays comme la Turquie doit faire son devoir de mémoire».
»Il était temps mais nous attendons d'autres signes forts», a estimé Harout Mardirossian, président du Comité de défense de la cause arménienne dans un communiqué. «Car il ne s'agit pas de massacres qui ont fait quelques centaines de milliers de morts mais bien d'un génocide, reconnu comme tel par la France, qui a fait disparaître près d'1.500.000 individus pour le seul motif d'être nés Arméniens, ce que Michel Barnier devrait savoir en tant que garant des lois de la République», a-t-il ajouté. Pour lui, «la reconnaissance d'un génocide ne peut être un élément de négociation, mais bien un préalable incontournable».
Le Comité de défense de la cause arménienne et d'autres organisations arméniennes font paraître mardi dans «Libération» et »Le Figaro» une lettre ouverte à Jacques Chirac dans laquelle elles affirment que la «Turquie n'est pas prête aujourd'hui» à entrer dans l'Union européenne et demandent au président français d'»affirmer haut et fort à la Turquie qu'elle ne peut continuer à nier la réalité historique».
L'Arménie accuse les Turcs de s'être livrés à un génocide en massacrant jusqu'à 1,5 million d'Arméniens entre 1915 et 1923, lorsque le pays faisait encore partie de l'Empire ottoman, ce que conteste Ankara, parlant de 300.000 victimes d'un conflit civil.
La reconnaissance du génocide arménien par le Parlement français en 2001 avait entraîné un refroidissement des relations franco-turques, entraînant même un boycott des produits français et l'exclusion d'entreprises françaises de contrats de défense.
Des organisations arméniennes appellent à une grande manifestation vendredi à Bruxelles devant le Conseil européens. AP
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