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Turcs, Kurdes, Arméniens, Grecs: le goût doux-amer du centenaire du traité de Lausanne

Published in Le Temps on

Lozan, Λωζάνη, Լոզան. Le 24 juillet 1923, Lausanne est le centre du monde. Pour les peuples d'Anatolie, son nom ne résonnera plus jamais comme avant. Aujourd'hui, les diasporas commémorent cette «paix» synonyme de gloire pour les uns, de deuil et d'humiliation pour les autres

Autour de la table, les hommes viennent de se servir un nouveau verre de thé fumant. Soudain, au détour de la conversation, le fantôme se met à planer dans la pièce: oui, c'est bien à Lausanne que leur sort s'est scellé. En fait, le Palais de Rumine où, il y a cent ans, a été signé le Traité de Lausanne qui enterrait le rêve d'un Kurdistan indépendant se trouve à quelques centaines de mètres à peine. Les hommes passent pratiquement tous les jours devant les portes du palais, en chemin vers le centre culturel du Kurdistan.

Azad, Amed, Masalah viennent de l'est de la Turquie, des régions kurdes de Diyarbakir et de Mus, ou alors d'Istanbul où s'étaient exilés leurs parents. Par la mer ou par les montagnes, ils ont bravé la répression et les dangers pour demander l'asile en Suisse et pour se retrouver finalement ici, précisément, dans cette ville qui résonne depuis un siècle comme le lieu du crime originel. «De Lausanne à Lausanne», résume l'un des hommes. Puis, d'un rire amer: «Tout ça pour ça.»... 

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