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Christos Ikonomou met en mots la rage des Grecs

Published in Le Temps on
Célébrations de Pâques dans l'île de Chios.
Légende

Célébrations de Pâques dans l'île de Chios. © YANNIS BEHRAKIS

Dans le précédent recueil de Christos Ikonomou (Quidam, 2016), des habitants de la banlieue d'Athènes tentaient de s'encourager en répétant: Ça va aller, tu vas voir. Et, bien sûr, ça n'allait pas du tout. D'autres (leurs semblables, leurs frères) ont fait le saut et sont allés voir si «le salut viendrait de la mer». Ils se sont installés sur une île des Cyclades, avec plein de projets pour conjurer la crise sans fin: agriculture biologique, tourisme équitable, vie nouvelle, proche de la nature. Sauf que l'île n'est pas déserte et qu'ils ne sont pas les bienvenus. Pour la population îlienne, ils sont «les Athéniens», d'où qu'ils viennent, «ceux d'aut'part».

En retour, les nouveaux venus traitent les insulaires de «rats». Le salut viendra de la mer est porté par la même rage que Ça va aller, tu vas voir. La langue est toujours aussi verte, efficace, frappante, rythmée et répétitive (remarquablement rendue par Michel Volkovitch), mais la tonalité est plus solennelle, presque prophétique, chargée de nuées d'apocalypse. Et aussi polluée par l'usage des insultes les plus grossières: «Je dis que depuis notre arrivée ici, on a cessé peu à peu de parler comme...

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