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Vassilis Alexakis, des mots pour héros

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Littérature : entre Paris et Athènes
Rencontre avec un amoureux des mots

Vassilis Alexakis

Vassilis Alexakis passe son temps entre son studio parisien, son appartement à Athènes et sa maison à Tinos. S'exprimant tantôt en grec, tantôt en français, se traduisant lui-même, il est l’un des rares écrivains bilingues. Prix Médicis en 1995 avec La langue maternelle, il revient en septembre 2002 avec les Mots étrangers, et pour cause, il s'agit d'une aventure avec le sango, une langue de l'Afrique Centrale. iNFO-GRECE a demandé à une de ses internautes fidèles et lectrice infaillible d'Alexakis de nous le présenter.

La troisième langue

i-GR : Dans les mots étrangers, vous avez choisi d'apprendre une langue africaine: le sango, langue ni enseignée ni écrite, langue rare et méconnue, langue poétique: qu'est-ce qui vous a décidé dans ce choix?

V. A. : J'avais envie d'apprendre une langue africaine, mais une langue qui n'ait pas grand rapport avec l'arabe. Tant qu'à faire pourquoi ne pas apprendre la langue du centre de l'Afrique? On ne peut pas dire que j'ai entrepris d'apprendre le sango pour telle raison, c'est une aventure. J'ai appris la langue pour essayer de comprendre pourquoi je l'apprenais; c'est à dire que j'avais envie de cette ouverture, de ce dépaysement, de me sortir des allées-venues entre le grec et le français, que j'avais envie d'oublier certaines choses, mais cela n'était pas très conscient, que j'avais envie d'occulter la mort de mon père par exemple, je ne comptais pas du tout en parler dans ce livre.

Mais c'est vrai qu'à la différence de mon narrateur, je savais dès le début que j'apprenais la langue pour faire un roman : lui, ce n'est pas le cas: lui, il apprend la langue, il est plus innocent que moi; chez moi, il y avait quand même ce pari de remplacer l'héroïne féminine du Coeur de Marguerite (1999) ou de Talgo (1983) par une langue, c'était cela le pari, et, dès le début , j'avais l'intention de finir le livre en sango.

Une langue vaut mieux qu'une cathédrale, le grec vaut mieux que le Parthénon, que toutes les sculptures grecques; une langue, c'est le sommet de la création d'un peuple, son inventivité, son histoire aussi.

Je me disais que c'était une entreprise assez originale, excitante; non seulement d'introduire comme personnage une langue, mais de finir le livre dans cette langue. Donc, il y a dès le départ un décalage entre le narrateur et moi. Ce qui est vrai, c'est que je ne comptais pas du tout évoquer la mort de mon père - qui est présente pourtant dès le début du livre, qui m'a permis de commencer le livre - puisque j'avais besoin de mots en sango pour commencer. Il fallait tout de suite lancer le sango dès la première ligne. Et, je me disais, quels mots choisir? Et là, c'était très difficile parce qu'il y a tous les mots, et quand j'ai pensé que le premier mot ce pourrait être “baba”(papa), cela m'a paru d'une telle évidence ! Donc instinctivement, dans mon subconscient, le thème de la mort du père devait être déjà là, simplement moi, je ne le savais pas.

i-GR : Votre compagnon dans ce dernier roman est sans conteste le dictionnaire ou plutôt les dictionnaires: le grand Robert, le dictionnaire de grec et le dictionnaire de sango. On peut dire que vous êtes un amoureux des mots: que ce soit par le sens de ceux-ci, la musique de ceux-là, vous analysez parfaitement les particularités de chaque langue. Pensez-vous que la langue est le reflet de la richesse d'un pays?

V. A. : Je le pense de toutes les langues: les langues sont les créations les plus poétiques, les plus intelligentes, les plus sages de chaque peuple. Une langue vaut mieux qu'une cathédrale, le grec vaut mieux que le Parthénon, que toutes les sculptures grecques ; une langue, c'est le sommet de la création d'un peuple, son inventivité, son histoire aussi. Je trouve aberrant que l'on soit aujourd'hui ennuyé par le fait, qu'avec l'ouverture de l'Europe, de nouvelles langues vont entrer en Europe. Je trouve qu'on devrait se réjouir, que c'est une richesse inouïe que ces pays apportent. Et c'est la même chose pour la Centrafrique et je comprends très bien le combat de ceux qui cherchent à garder la langue: sans la langue, les peuples ne sont plus grand-chose.

i-GR : L'apprentissage du sango que vous faites tout au long du livre, le lecteur est forcé, contraint de le faire également. On se prend en faite au jeu de la traduction. Etait-ce un effet souhaité?

Couverture : Les mots étrangers

V. A. : Oui. C'était assez clair, simplement il y avait une double difficulté: la première, c'était d'utiliser la langue comme un personnage de roman, alors, il fallait en parler dans des scènes réelles ; la seconde, c'est qu'il fallait trouver des situations qui permettent de parler de la langue très naturellement, d'abord, parce qu'il fallait rendre la langue vivante, il ne s'agissait pas de faire un manuel, et ensuite pour que les répétitions se justifient et que le lecteur ne se doute pas que je suis en train de lui apprendre une langue. Si le lecteur s'intéressait à l'histoire, je me disais qu'il allait être forcément pris au jeu. Cela aurait été trahir tout le jeu si je disais au lecteur: “faites attention, essayez de retenir quelques mots...” Non, il fallait jouer le jeu !

i-GR : En 1988, vous disiez dans l'épilogue de “Paris-Athènes” que vous seriez incapable d'apprendre une troisième langue, le français ayant absorbé toutes vos capacités. 12 ans après comment expliquez-vous ce changement?

V. A. : Oui, c'est vrai: je ne m'en croyais pas capable. Mais au fond, le jour où j'ai eu envie d'apprendre cette langue africaine, je me suis dit que finalement je m'étais trompé, et que je pouvais très bien apprendre une autre langue, que j'étais trop pessimiste, d'autant que, si j'apprenais une nouvelle langue, c'était pour me dépayser mais aussi peut-être pour retrouver l'innocence perdue que je n'ai plus dans les autres langues, pour retrouver la poésie des commencements.

i-GR : La musicalité de chaque langue est une composante essentielle dans tous vos romans. Elle est toujours présente à travers les dialogues, entre amants qui s'amusent à inventer des mots, à trouver les mots les plus longs, les plus courts, les expressions les plus colorées ; et tout cela, tour à tour, en grec, en français, en aborigène, et pour finir, en sango. Pourquoi une telle recherche?

V. A. : Il m'est difficile de répondre ; je ne suis pas le mieux placé pour analyser mes livres. Je fais ce qui m'amuse, ce qui me séduit. Je parle des jeux que je fais avec les mots. Cela ne fait que refléter l'importance des mots. J'ai passé ma vie comme cela, les mots ont toujours été au centre de ma vie sous toutes les formes: des mots étrangers, des mots connus, des mots inventés, des mots détournés.

i-GR : Il y a peu d'auteurs bilingues qui travaillent de cette façon?

V. A. : Oui, déjà des auteurs bilingues, il n'y en a pas beaucoup. Encore moins qui se traduisent eux-mêmes ; le seul qui faisait cela à ma connaissance, c'était Beckett. Il y en a d'autres qui sont passés au français mais qui ont renoncé à leur langue maternelle. Il y a des cas et ce sont les plus fréquents, de gens qui renoncent à leur langue maternelle, pour des raisons politiques, historiques ou autres, pour changer définitivement, comme Nabokov, Conrad. La difficulté, c'est de pouvoir garder les deux langues. Ca, je trouve que c'est une richesse extraordinaire.

Papa, maman et les femmes

i-G : Dans ce dernier roman, vous évoquez plus que jamais votre solitude, vos journées dans votre appartement parisien, solitude accentuée par la perte de vos deux parents. On peut rapprocher "Les mots étrangers" de "La langue maternelle": ils évoquent chacun à leur tour la perte d'un parent : écrire vous aide-t-il réellement à surmonter la perte de l'être cher ?

V. A. : Oui, certainement. Je pense que La langue maternelle m'a aidé, pas à dépasser, on ne dépasse rien du tout. On ne dépasse pas la mort de gens qu'on aime, bien sûr que non! Mais ça m'a permis d'en parler. Et c'est déjà un grand soulagement. C'est un peu la même chose d'ailleurs pour Les mots étrangers : quand j'écrivais La langue maternelle, je n'étais pas sûr que je serais capable de parler de la mort de ma mère. Et finalement par ce détour d'une étude sur le grec, sur la lettre epsilon, j'ai vu petit à petit resurgir la mort de ma mère. Finalement, j'ai pu en parler ; j'ai pu raconter son enterrement, j'ai pu raconter le dernier rêve que j'ai fait d'elle, où je l'ai vue.

Et, donc évidemment, ce livre m'a énormément aidé à évacuer quelque chose, à exprimer ce qui me pesait énormément. C'est la même chose avec le sango: cette fois-ci, bizarrement, c'est une langue tout à fait exotique qui m'a permis de parler de la mort de mon père: je ne me voyais pas en train de faire ça. C'était trop tôt ; je n'avais pas envie d'en parler. Et pourtant, j'en avais besoin. Je pense que depuis Les mots étrangers, je me sens un peu apaisé. Même par rapport à la mort de mon père, je pense qu'il aurait été content de ce livre, que cela l'aurait amusé. Au fond, il y a un dialogue avec mon père à travers ce livre, un dernier dialogue. Cela fait du bien aussi.

i-GR : Dans vos romans, vous avez vis à vis des femmes une attitude plutôt légère (voir les girls du city boum-boum), des amours souvent tumultueuses, même le narrateur très amoureux de Marguerite collectionne les aventures. Pourquoi construisez-vous de tels rapports?

Η καρδιά της Μαργαρίτας : l'édition grecque du Coeur de Marguerite

V. A. : Il y a un aspect plus littéraire que réel. D'ailleurs, je plaisantais davantage sur les femmes dans mes premiers romans. Ensuite cela s'est atténué. Même, je trouve que le héros du Cœur de Marguerite raconte une histoire forte, lourde, durable. Les aventures féminines de mes narrateurs me permettent d'écrire des passages joyeux dans des livres qui ne sont pas toujours très gais. Les femmes sont très importantes dans mes livres, dans ma vie. Simplement, je trouve que je suis très pudique : je n'ai jamais écrit une réelle scène d'amour avec des détails comme on le fait beaucoup aujourd'hui. Dans Les mots étrangers, les femmes, ce n'est pas un sujet dominant ; c'est le sango qui prend toute la place. Mais il ne faut pas voir uniquement comment se comporte mon narrateur ; il y a d'autres personnages, secondaires, qui vivent aussi des histoires d'amour.

i-GR : Vous choisissez la langue de vos romans en fonction de vos héros: "Talgo" a donc été écrit en grec. J'ai un faible pour ce roman d'amour : vous avez su exactement décrire la sensibilité féminine lors d'une passion amoureuse, même vous vous substituez parfaitement à l'héroïne, prouesse de la part d'un écrivain méditerranéen !

Talgo

V. A. : Ce n'est pas si difficile que ça d'écrire un tel livre : il ne faut pas s'imaginer que la détresse amoureuse soit différente que l'on soit homme ou femme. Je décris la détresse que, moi, j'avais ressenti par rapport à certaines histoires d'amour. Le malheur est le même, je pense. Il faut un minimum de sensibilité, et une certaine attention aux femmes pour écrire un tel livre. On se fait une fausse idée, à la fois, les hommes des femmes, et les femmes des hommes. On n'imagine pas que les choses sont à peu près semblables. Ce n'est pas difficile de se mettre dans la peau d'une femme, et moi, cela m'amusait, cela m'excitait pas mal ! Il ne faut pas présenter les gens comme un bloc : réactions masculines, réactions féminines. Il y a peut-être des femmes incapables de ressentir la moindre chose ; elles ne sont pas toutes d'une sensibilité extraordinaire quand même!

"Je ne me sens pas émigré"

i-GR : Vous dites dans “Les mots étrangers” ne plus avoir beaucoup d'attaches avec Athènes, maintenant que vos parents en sont absents ; est-ce la réalité ou gardez-vous toujours des liens avec cette ville?

V. A. : Mon narrateur a moins de liens avec la Grèce que moi ; j'ai écrit cela encore dans un but romanesque. Dans la réalité, j'ai mon frère en Grèce, j'ai des amis... Dans la logique du récit, les rapports humains de mon narrateur passent au second plan. Mais je pense tout de même que lorsqu'on a perdu ses parents, même la langue pose un problème. On vit, on meurt dans une langue: la perte du père dans le roman, c'est un peu la perte du grec pour le narrateur. Il est en froid avec sa langue maternelle. Et c'est normal qu'il n'ait pas envie non plus de parler en français: il se sent un peu épuisé dans les deux langues. Il n'a pas envie de parler de la mort en français parce qu'au fond, ce n'est pas la langue de ses parents, ni en grec parce que c'était justement la langue de ses parents, parce qu'il n'y a pas de langue pour exprimer cela. Alors peut être le sango?

i-GR : Dans Le cœur de Marguerite, quand vous parlez de la diaspora grecque d'Australie, vous écrivez: "la tristesse des immigrés ne m'est pas inconnue : ils ont sur le front une ride supplémentaire qui n'est pas due au temps mais à la distance", quels sont aujourd'hui vos sentiments par rapport à la Grèce, vous sentez-vous encore un émigré ?

Athènes n'est pas tellement une ville où l'on se promène : la circulation est infernale, l'air est infect. Les seuls moments agréables pour se promener à Athènes, c'est les rarissimes fois où il neige! La ville est blanche, propre, impeccable, alors là, c'est merveilleux

V. A. : Je ne me sens pas comme un émigré, puisque je fais le voyage plusieurs fois par an vers la Grèce. Pendant mes premières années en France, pendant l'époque de la junte militaire en Grèce, oui, j'ai souffert de cet éloignement. Ce sentiment était très fort, ensuite il s'est atténué. Et il a disparu. Je reste grec malgré tout : je n'ai pas la double nationalité: je me sens grec malgré l'absence, plus grec que français. Mais j'ai eu le temps de banaliser un peu la Grèce. C'est à dire de ne pas me faire des illusions, de ne pas avoir justement ce regard d'immigré qui rentre en Grèce. Je connais les problèmes, je les subis comme les autres. C'est un regard plus objectif, donc moins romanesque. C'est vrai aussi que le français a occupé plus de la moitié de ma vie. Il y a des traces innombrables de cette présence, des thèmes qui reviennent ; bref cette langue m'a permis de faire des livres. Mais je me reconnais plus proche de la langue que du pays. La langue m'a permis en quelque sorte, de me réconcilier avec le pays.

i-GR : Vous écrivez encore dans Paris-Athènes : "A Athènes, on dit en une heure, des choses qu'on n'avoue qu'au bout de dix ans à Paris". Est-ce réellement une caractéristique du tempérament grec ?

V. A. : Oui, on parle beaucoup en Grèce, non seulement de politique mais aussi de ses états d'âme: les gens se racontent beaucoup. Ca ne veut pas dire qu'on devient très vite amis. Mais il y a en Grèce une tradition du discours, qu'on ne trouve pas en France. En Grèce on expose très facilement ses "trucs", mais cela crée parfois une fausse familiarité, et ça trompe: c'est très dangereux en Grèce, on peut croire qu'on est devenu copain, et puis le lendemain, les gens ne se souviennent même pas qu'ils t'ont raconté leur vie.

i-GR : Dans Le cœur de Marguerite, vous vouez un véritable culte à l'écrivain Eckermann: pour quel écrivain contemporain pourriez-vous éprouver une telle admiration?

V. A. : Je ne lis pas tellement les contemporains parce-que je ne veux pas être au courant de ce qui se publie. Je n'aime pas savoir quels sont les courants, les modes, ce qui se fait, ce qui ne se fait pas. Et puis, je n'ai pas le temps de lire des livres en dehors de ceux qui me sont nécessaires dans mon travail. Ainsi je ne crains pas de subir des influences, ni d'être détourné de mon travail. La littérature classique m'amuse: je pense qu'elle est de bon conseil.

i-GR : Peut-on qualifier votre oeuvre d'autobiographique? Quelle est la part d'imaginaire et quelle est la part de réalité dans vos romans?

V. A. : Il y a un malentendu : quand tu racontes bien une histoire, tout le monde croit qu'elle est vraie, or ce n'est pas le cas. La part autobiographique, c'est peut-être le tiers de ce que je raconte. Et ce n'est pas une part nécessairement assumée par le narrateur. Cela peut être autobiographique à travers d'autres personnages. Il y a une part autobiographique dans la mesure où il faut bien nourrir les romans de vérité, à commencer par sa propre vérité. Mais, le vrai moteur de la littérature, c'est l'imagination.

i-GR : Passons justement au réel : que pensez-vous de la politique ? par exemple, du gouvernement grec (socialiste) aujourd'hui?

V. A. : Je n'en pense pas grand-chose. J'ai été plus intéressé par les élections en France en avril dernier : c'est un vrai désastre pour la gauche, c'est vrai qu'il n'y a plus tellement d'idées à gauche aujourd'hui, c'est le grand vide. Entre la France que j'ai connue après soixante-huit et la France d'aujourd'hui, je ressens une grande déception. Alors en Grèce; moi j'ai le sentiment que le PASOK (Parti socialiste) est resté très longtemps au pouvoir, trop longtemps. Cette mainmise sur toute l'administration... Je pense qu'il serait sain que la droite gagne en Grèce, moi, je ne voterai jamais à droite, et je n'ai aucune considération pour Caramanlis, mais ce n'est pas très bon qu'un parti reste si longtemps au pouvoir.

i-GR : Et le résultat des dernièrees élections en Turquie?

V. A. : Moi, j'aime bien les Turcs, j'aimerais avoir plus de rapports avec eux. Mon roman La langue maternelle a été traduit en turc. On a une parenté, on a une histoire commune avec eux. Mais je pense que les problèmes viennent de la Turquie et non de la Grèce. C'est le problème de la mainmise de l'armée sur la vie politique, c'est le problème des minorités (des kurdes),c'est le problème de l'islamisme, c'est aussi le problème du contrôle des américains sur la Turquie : cela fait trop de problèmes d'un coup. Ce pays, on ne sait pas par quel bout le prendre... Et on perd de vue l'essentiel, c'est à dire le peuple turc avec lequel on aimerait avoir plus de liens. Il y a de plus en plus de contacts entre les deux pays, mais c'est surtout au niveau des artistes que cela se passe et il faut continuer dans cette direction.

i-GR : Si je vous demande de me citer vos endroits préférés à Paris?

V. A. : J'aime beaucoup la place des Vosges, ça me rappelle les trois mousquetaires.
Les carrières souterraines de Paris. J'aime beaucoup les restaurants vietnamiens de Paris ! J'aime beaucoup Le Train Bleu à la Gare de Lyon, la vue du haut de la Samaritaine, le Pont-neuf, et le quartier latin, c'est là que je me sens le plus chez moi.

i-GR : Et vos endroits préférés à Athènes?

V. A. : Il y a des restaurants que j'aime beaucoup, des restaurants un peu traditionnels ou des tavernes qui subsistent : à Kolonaki, il y a "le guérisseur de ma femme", "Philippe", il y en a aussi à Exarchia. La vie nocturne est très agréable encore. Mais Athènes n'est pas tellement une ville où l'on se promène : la circulation est infernale, l'air est infect. Les seuls moments agréables pour se promener à Athènes, c'est les rarissimes fois où il neige! La ville est blanche, propre, impeccable, alors là, c'est merveilleux de s'y promener. Et j'aime bien la pluie aussi à Athènes. Au fond, c'est sans doute parce-que la pluie et la neige lavent l'atmosphère de la ville.

i-GR : Dernière question, pour nos internautes amateurs de football: quel club grec supportez-vous?

V. A. : L'AEK d'Athènes bien sûr, qui a eu des résultats splendides contre le Réal de Madrid. Cela a toujours été mon équipe préférée !

Propos recueillis par
Nathalie Marchand
Paris, oct. 2002

Le Paris-Athènes de Vassilis Alexakis

Vassilis Alexakis est né à Athènes en 1943. A l'âge des dix-sept ans, il quitte la Grèce pour la France où il suit les cours de l’Ecole de journalisme de Lille.

Il écrit et dessine pour des journaux (La Croix, Le Monde), puis anime des chroniques sur France-culture.

Son premier roman sort en 1974. En 1984 paraît "Contrôle d'identité". Alexakis développe à travers l'écriture un incessant va et vient entre les deux langues: le grec et le français qui aboutira, en 1988, à l'autobiographique "Paris-Athènes" qui le fera connaître à un public plus large en France, comme en Grèce. Suivront en 1995 "La langue maternelle" (prix Médicis), puis en 1999 "Le Cœur de Marguerite".

Alexakis passe son temps entre son studio parisien, son appartement à Athènes et sa maison à Tinos. Choisissant de s’exprimer tantôt en grec, tantôt en français selon le lieu d’écriture, se traduisant lui-même, il est l’un des rares écrivains bilingues présents aujourd’hui.

Poursuivant sans cesse une méditation sur le langage, sur la richesse des langues initiée avec "La langue maternelle", il décide avec "Les mots étrangers", son dernier roman, de faire une infidélité à ses deux langues en apprenant une langue africaine : le sango.

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