Il n'y a déjà plus de fauteuils pour les retardataires. Qu'importe, des grappes de jeunes gens se massent au fond de la salle. Mercredi 4 février au soir, dans le centre-ville de Dublin, on est venu écouter Paul Murphy, le jeune chef de file et député de l'Alliance anti-austérité (AAA), un mouvement d'extrême gauche lancé en mai. Celui que certains surnomment déjà le « Tsipras irlandais » revient tout juste d'Athènes. Il a vu. Ce jour où l'Europe a basculé. Ce jour où le parti de la gauche radicale grecque, Syriza, a arraché le pouvoir. Déjà, la salle se tait, haletante. « Irlandais, il ne faut pas laisser passer cette opportunité historique de s'unir contre l'austérité. Syriza a ouvert la voie, à nous de suivre », lance Paul Murphy, 31 ans, des airs d'adolescent mais une verve de tribun. « Comment a-t-on pu accepter d'être asservis à la troïka [Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne] quand d'autres ont le courage de dire stop ? », renchérit-il sous les vivats.
L'Irlande s'est officiellement soustraite à la tutelle de la « troïka » fin 2013 et le pays renoue enfin avec la croissance mais chacun, ce...