La Grèce en guerre, 1940-1941, Deuxième phase de la guerre (du 14 novembre au 28 décembre1940), par le maréchal Alexandros Papagos, suite 5.

[i]Le 16 novembre 1940, la situation demeura inchangée dans le secteur nord (Mt Ivan). Nous réussîmes à occuper dans le secteur sud, une partie de la position principale fortifiée italienne, au nord et au sud du col de Dárzas. Nos forces occupaient, le soir du 16, la ligne des cotes 1873 – 1827 – 1259 – 1500 – 799 (au nord du col de Dárzas et sur le sommet principal de la Morava).

Il fut prouvé, dans la soirée, que les Italiens avaient renforcé leurs troupes par l'envoi, sur ce front, d'une nouvelle division : la 53e division d'infanterie d'Areggio. Quatre divisions italiennes défendaient maintenant la position Morava – Mt Ivan.

Le Haut-Commandement hellénique, suite au renforcement de l'ennemi, engagea, pour mieux soutenir notre attaque, la 11e division dans le secteur sud, entre les 10e et 9ème divisions et, au nord de la 9ème division, la 13e division, soit, en tout, cinq de nos divisions.

Le 19 novembre, pour faciliter le commandement, les 10ème et 11e divisions formèrent le Groupement K. Les 9ème, 13e, et 15e divisions furent affectées au IIIème corps d'armée. Le groupement K. et le IIIème corps d'armée furent placés aux ordres de l'armée de Macédoine occidentale, qui dépendait du Commandant en chef.

Les 17 et 18 novembre, malgré la résistance acharnée des Italiens, de l'action de leur artillerie, de nombreuses contre-attaques, et de l'activité exceptionnelle de leur aviation, nos troupes réussirent à élargir la brèche faite dans leurs positions principales. Le soir du 18 novembre, elles occupaient la ligne : cotes 1878 – 1827 – 1259 – hauteurs de Própas – cote 1779 – hauteurs de Svéti Athanas – cote 1764 – contreforts au nord-ouest du village de Hotsitsé – village de Babans. Les cotes 1137, 1165 et 1154 au nord de Viglítsa, les cotes 935 - 964 – village de Prógri – village de Motsoritsé – les contreforts ouest des cotes 1403 et 1285. Le 18 novembre nous apprîmes de prisonniers italiens la montée sur ce front d'une nouvelle division ennemie, la 2ème division alpine Tritentine. Ainsi, le nombre de divisions italiennes engagées dans la bataille de la Morava se montait donc à cinq.

Le 19 novembre 1940, malgré de continuelles contre-attaques italiennes, et l'intervention en force de l'aviation ennemie, le col de Dárzas est conquis par nous. Le 21 novembre, le massif de la Morava est entièrement occupé par nos soldats.

Le 21 novembre, nos forces occupent du sud au nord, la ligne : village de Kréssové – village de Boutké – village Kotsèl – cotes 1878 et 1720 – hauteurs de Vígla (avec ses hauteurs au sud et au nord-ouest) – cote 1764 – sommet de la Morava – hauteur de Hotsitsé – cotes 1602 – 1402 – 1211 – village de Prógri – village de Motsoritsé, et les contreforts est et nord-est du Mt Ivan.

Le 22 novembre, le Mt Ivan, la ville de Korytsá et la passe de Kiaphé-Karitélas sur la transversale Korytsá – Erséka – Leskovíki sont occupés. Le soir du même jour nos troupes étaient positionnées, du nord au sud, sur une nouvelle ligne : hauteurs de Léska – Zvezda – sortie ouest du défilé de Tsangóni – Korytsá – col de Kiaphé-Karit. Plus au sud, du mont Grámmos jusqu'à l'Aoos, nos troupe, soit le IIème corps d'armée (première division d'infanterie, Vème brigade d'infanterie, brigade de cavalerie) sous les ordres de l'armée de Macédoine occidentale, et la division de cavalerie constituant l'extrême droite du Ier corps d'armée continuent leurs durs efforts pour chasser l'ennemi du sol national.

Le IIème corps d'armée, attaquant dans le Mt Smólikas – Grámmos, cherchait par sa droite, en avançant vers Erséka, à appuyer l'action entreprise plus au nord par le IIIème corps d'armée. Ceci d'abord par le Groupement K, ensuite par sa gauche, attaquant en direction de Leskovíki, pour faciliter l'action de la division de cavalerie qui constituait l'extrême droite du Ier corps d'armée, engagée du Mt Smólikas au Mt Gkamilas. Ainsi, le 16 novembre, par une attaque combinée de l'aile gauche du IIème corps d'armée au nord, et de la division de cavalerie à l'est, Kónitsa est reprise, malgré la résistance italienne, et jusqu'au 21 novembre, à la suite de durs combats, nos troupes passent la frontière albanaise entre le Mt Grámmos et la rivière Aoos. Elles occupent Erséka et Bórova le 22 novembre, Leskovíki a été occupé et nos forces ayant dépassé vers l'ouest de la route carrossable Leskovíki - passe de Kiaphé-Karit, tiennent au soir de ce jour la ligne nord -Sud : Mt Mali i Vónditsès – contreforts est du village Guinizé – Mt Mélissini – cotes 950 et 900. Ainsi nous nous assurons le libre usage de la route carrossable Leskovíki – Kiaphé-Karit.

En Épire, notre offensive commença également le 14 novembre, quoi que l'arrivée de la 2ème division d'infanterie sur ses positions de départ demanda deux à trois jours encore. Il parut cependant opportun que notre offensive commençât par la 8ème division et la 3ème brigade d'infanterie, pour donner l'impression à l'ennemi d'une offensive générale sur tout le front, du lac Préspa à la mer ionienne, et d'exercer ainsi une pression morale sur les Italiens.

Notre attaque dans le secteur d'Élaia partit des deux côtés de la position défensive en fer à cheval. Elle fut, au début, menée par nos forces se trouvant sur place. La 2ème division d'infanterie, montée au front, à pied , à marches forcées depuis Kalambáka, ayant parcouru ainsi près de 200 km, fut engagée le 17 novembre. Elle passa immédiatement à l'attaque, sans avoir pu se reposer. Ainsi, la 2ème division attaquait dans le secteur est du front, et une partie de nos forces de la 8ème division et de la IIIème brigade d'infanterie dans le secteur ouest. La totalité de nos forces du secteur d'Épire dépendait du 1er corps d'armée, sous les ordres du Général en chef. Ce corps d'armée avait la mission d'occuper et de s'assurer du nœud de Mertzáni, et, plus à l'ouest, la ligne Kakavia – Bouráto – Makrýkampos. Nos troupes chassèrent l'ennemi de ses positions de défense. Le 20 novembre elles occupèrent sur leur gauche le défilé de Delvináki, et sur leur droite, le Mt Doúchka, poussant les Italiens vers Mélissópétra. Les Italiens disputèrent le terrain avec acharnement, surtout dans la région de Delvináki, jetant dans la bataille de nombreux chars de combat et engageant une nouvelle unité, le 2ème régiment de bersaglieri.

L'ennemi tenta à tout prix de nous empêcher d'occuper la sortie ouest du défilé de Delvináki. Le 22 novembre, nos troupes passèrent la frontière albanaise à l'ouest de l'Aoos. Elles s'assurent, par le nord-ouest, de la région de Mertzáni. Elles occupent les côtes 1420 et 605 à l'ouest de l'Aoos. Elles prennent la passe de Drymádès et s'établissent plus au sud-ouest, à l'étroit contact avec les Italiens, sur la ligne : village Dólo – hauteurs de Prophitis Ilias à l'ouest de Koutsókrano – débouché ouest du défilé de Delvináki – hauteurs à l'est de la côte 597,01 – hauteurs à l'est de Valtítsa – hauteurs au sud de Kastaniáni.

Au sud-ouest, en Thesprotie, notre détachement repousse les Italiens, et poursuit son avance, commencée le 12 novembre, vers le nord.
Le 17 novembre il reprend Higouménitsa, et force l'ennemi à se replier sur la rive droite du Kalamás.
Le 20 novembre, le détachement de Thesprotie réussit, par surprise, à franchir le Kalamás à hauteur du village de Ménina et continue son avance vers Kéramítsa.
Le 21 novembre, étroit contact avec les Italiens qui occupent les hauteurs de Vryssélas, au nord du Kalamás, le col de Malliá Kténi, le village d'Aráchova, les hauteurs de Véloúna au nord-est de Kéramítsa.
Le 22 novembre, à la suite du franchissement du Kalamás, par la gauche, de notre détachement de Thesprotie aux environs de Parapotamos, de la prise de Philiatès, de l'occupation de la rive droite de Kéramítsa, les Italiens sont contraints de se retirer sur les passes de la frontière albanaise.

Du 14 au 22 novembre 1940, des changements eurent lieu dans le dispositif des forces helléniques, avec les marches suivantes :
a) la 3ème division monte de la région d'Arta à celle d'Iôánnina ; la 4ème division a terminé sa concentration dans la région de Kalambáka, et commence à monter, elle aussi, vers l'Épire.
b) la 17e division passe de la région de Kozáni à la région ouest de Kastoriá.
c) la XVIème brigade passe de la région de Tríkkala à celle de Grévéná.
d) la 5ème division passe de la région de Thessalonique à celle de Ptolémaïs.[/i]