[i] Le Haut Commandement hellénique donna les ordres suivants pour l'affectation des différentes unités :
a) Le détachement de Métsovon (un bataillon et une batterie d'artillerie), qui dépendait du Haut Commandement, reçu l'ordre de renforcer, sur ses positions de repli, le bataillon de couverture de Konitsa de la 8ème division. Ainsi fut créé le détachement de la rivière Aoos qui, placé sous le commandement de la 8ème division, avait pour mission de couvrir sur cette rivière et dans la région de Vryssochôri le flanc droit de celle-ci.
b) Le IIème corps d'armée (une division d'infanterie, une brigade d'infanterie, une brigade de cavalerie) reçut l'ordre de se déployer dans la région du Pinde, de stabiliser le front, d'empêcher l'élargissement de la poche ennemie vers le nord-est et d'attaquer ensuite, dans la direction générale Néapolis-Kérassovo-Konitsa, le flanc gauche et les voies de ravitaillement italiens, qui, par les vallées du Kérassovitiko et du haut Aoos, avançait vers Métsovon.
c) La division de cavalerie (moins les unités de la brigade de cavalerie affectée au IIème corps d'armée), qui avait été envoyée en hâte dans la région de Métsovon, et à laquelle fut subordonné le régiment d'infanterie avec une batterie d'artillerie qui était à la disposition du Haut Commandement, reçut l'ordre de couvrir l'axe Iôánnina-Kalambáka contre une attaque possible venant de la vallée du haut Aoos et de la vallée du Zagoritiko et ensuite d'attaquer en direction générale d'Éleftéron-Konitsa, tout en maintenant le contact entre la 8e division et le IIème corps d'armée, et d'appuyer l'action de ce corps contre Konitsa. La division de cavalerie, après liquidation de la situation à Distraton, prendrait sous son commandement le détachement de l'Aoos qui couvrait la droite de la 8ème division dans la région de Vryssochôri.
d) Le IIIème corps d'armée reçut, le 2 novembre, l'ordre de prendre sous son commandement la 9ème division et, s'étendant ainsi jusqu'au Grammos, de montrer une activité sans cesse croissante, et de chercher, en exécution de l'ordre général AP 101281 du 16 septembre 1940, à occuper certaines hauteurs en territoire albanais qui nous assureraient un tremplin favorable pour l'offensive que nous envisagions contre la Morava et Korytsa. Cette offensive, selon les intentions du Haut Commandement hellénique, devait commencer aussitôt que la concentration des moyens nécessaires serait effectuée.
Telles étaient les intentions et les décisions du Haut Commandement hellénique.
Le 1er novembre les forces italiennes d'Épire commencèrent leur tentative de percement de notre front dans la région d'Élaia. Leurs attaques furent principalement effectuées avec des chars d'assaut, accompagnés de forces réduites d'infanterie, et toujours fortement soutenues par l'artillerie lourde et leur aviation.
Le 2 novembre, l'ennemi réussit à prendre pied sur la hauteur de Grambala, à l'extrême droite de notre position d'Élaia.
Ce succès fut temporaire. Le 3 novembre, à 6h, les hauteurs de Grambala furent reprises par nos troupes. À la gauche de la position en fer à cheval d'Élaia, l'ennemi attaqua nos positions avancées de Granitsopoula-Moni Sossinou, à l'ouest de la rivière Kalamas, que la 8ème division évacua, pour économiser ses forces, et comme il avait été prévu à l'avance. Le repli s'effectua dans la nuit du 3 au 4 novembre sans que l'ennemi s'en aperçut, et nos troupes purent se retirer sur leurs positions de la rivière Kalamas, sans être inquiétées.
Le 5 novembre, à la suite de la tournure favorable des combats dans le Pinde, le Haut Commandement hellénique fixa comme défense principale la ligne Élaia-rivière Kalamas, avec autorisation pour la 8ème division, seulement en ce qui concernait le secteur de Thesprotie, d'effectuer un repli élastique, qui ne devrait pas dépasser la ligne des monts Soúli-marais de l'Achéron.
Le 8 novembre, à 2h du matin, l'ennemi occupa de nouveau les hauteurs de Grambala, qui furent reprises immédiatement par la contre-attaque de nos troupes. Les attaques de l'ennemi contre la position d'Élaia continuèrent jusqu'au 9 novembre. Du 9 au 13 novembre, l'activité italienne se confina à des tirs d'artillerie et à des interventions aériennes, la pression de l'infanterie se relâcha. Nos troupes reprirent en partie, du 11 au 13 novembre, les positions avancées de Granitsopoula-Moni Sossinou, qu'elles avaient évacuées dans la nuit du 3 au 4 novembre.
Dans le secteur de Thesprotie les forces italiennes, après avoir aménagé la route Konispolis-Sayadès, essayèrent, dans la nuit du 4 au 5 novembre ,de jeter un pont sur la rivière Kalamas, près du village de Vrysséla. Harassées par nos troupes, elles ne réussirent pas à terminer le pont jusqu'au matin, et celui-ci fut détruit dans la journée par notre artillerie.
L'ennemi reprit sa tentative dans la journée du 5 novembre et finalement, sous la protection de son artillerie et de son aviation, réussi à terminer ce pont à 14h30 du même jour et à faire passer un certain nombre de troupes dans la région de Parapotamos, au sud du village de Vrysséla. La nuit du 5 novembre trouva l'ennemi installé sur la ligne Kastri-Hagios Vlassios-Parapotamos au sud du Kalamas. Le lendemain, 6 novembre, l'ennemi élargit sa tête de pont, occupa Higouménitsa et obligea les forces réduites du secteur de Thesprotie (trois bataillons et de l'artillerie) à se retirer en désordre.
L'état de ces troupes ne leur permettait pas d'établir un front stable au sud de la rivière Kalamas, ni de poursuivre une action de retardement ; il leur fut ordonné de se dégager, et par un profond repli, de s'installer sur la position limite prévue : mont Soúli-marais de l'Achéron. Deux bataillons de la 3ème division d'infanterie, qui étaient en marche par l'Acarnanie pour le front d'Épire, furent détachés et envoyés par camion pour renforcer cette nouvelle position. L'ennemi ne prit pas contact avec cette position et ne chercha pas à presser nos forces ; il envoya néanmoins une force de cavalerie accompagnée d'artillerie jusqu'à Margariti.,
Nos forces, regroupées et renforcées, comme il a été dit, commencèrent, le 12 novembre, à avancer, et occupèrent le 13 novembre, la ligne : hauteurs de Koussizi 594,8 (6 km au nord-ouest de Mazaraki)-Mali-Bardi (7 km au nord de Mazaraki)-village de Koritiani (5 km au nord-ouest de Ménina) en contact étroit avec l'ennemi, qui, se repliant, s'était établi sur la ligne : village d'Hagia Marina (7,5 km au nord-ouest de Mazaraki)-village de Pestani-village de Dramessi.
Dans le Pinde, nos forces en retraite et les premiers renforts arrivés occupaient le 1er novembre la ligne : cols du Grammos-mont Voussion-rivière Aoos-mont Gkamila. Un vide existait entre le mont Voussion et la vallée du haut Aoos. Nos troupes, destinées à ce secteur, n'y étaient pas encore parvenues. L'effort ennemi se borne à cette région ; les Italiens, après avoir repoussé nos troupes, occupent, le 1er novembre, le mont Voussion et, le 2 novembre, le village de Samarína, ils continuent leur avance vers Distraton et le 3 novembre leurs avant-gardes occupent le village de Vovoussa, qui fut le point extrême de l'avance italienne dans le secteur du Pinde.
(à suivre)
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