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Coup d'oeil sur la denière insurrection des Grecs, suite (5), de Mme Dufrénoy édité en 1825. [Serment de vengeance prononcé par les Grecs; exécutions à Andrinople, justice du sénat d'Hydra; insurrection à Négrepont, revers des Grecs]

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[i] Vers ce même temps, la Porte fit de grands préparatifs de guerre et sur terre et sur mer. Les janissaires refusant de se mettre en campagne, furent pour la plupart désarmés; on équipa la flotte avec célérité ; mais c'est alors qu'on éprouva la difficulté de remplacer les Grecs qu'on avait exterminés, et la Porte se vit contrainte à prier les ambassadeurs des princes européens, de lui permettre d'employer à son service les marins de leurs nations, qui exerçaient divers métiers dans les villes ottomanes ; on leur promit une forte solde et des égards particuliers. Les équipages, formés d'hommes novices dans l'art de la navigation, n'offraient qu'un armement bizarre, et devaient nécessairement échouer contre la petite armée navale des Grecs, qui suppléait à la force et au nombre par l'adresse et par l'expérience.

Le sultan, instruit que les Grecs s'enfuyaient de toutes les provinces de son empire, défendit aux rayas de sortir de la Turquie ; il obtint des ambassadeurs européens la promesse que leurs agents consulaires n'accorderaient plus de refuge aux proscrits ; il ordonna aux capitaines du commerce de ne plus transporter de Grecs hors des états ottomans ; enfin il autorisa les fonctionnaires turcs à visiter les navires européens, pour s'assurer de l'exactitude des ministres des puissances à remplir leurs conventions.

[center]SERMENT DE VENGEANCE
prononcé par les Grecs ;

Exécutions à Andrinople ; justice du sénat d'Hydra ;
insurrection à Négrepont ; revers des Grecs.[/center]

Quand les Grecs apprirent l'atrocité commise sur la personne de leur vénérable patriarche, toutes les îles retentirent de cris de fureur et de désespoir ; ils jurèrent de ne quitter les armes qu'après avoir déchiré les entrailles de leurs oppresseurs ; les moines et les prélats applaudirent à leur résolution et combattirent dans leurs rangs.

Une nombreuse armée turque se présenta dans les premiers jours d'avril sur les frontières de la Valachie ; dans l'impossibilité de lui résister, les Aethéristes lui laissèrent un libre passage ; seulement plusieurs détachements du corps d'Ypsilanti la harcelèrent. Elle pilla sur son passage, et elle arriva devant Bucharest, le 16 avril, tandis que les troupes navales des Turcs débarquaient à Kara-Kerman, et se dirigeaient sur Garatz. Cette ville n'étant point en état de se défendre, l'armée turque la saccagea, et mit en pièces tous les habitants, femmes, enfants et vieillards.

La mésintelligence qui régnait entre les chefs de l'armée des Aethéristes, empêcha Ypsilanti, qu'ils abandonnèrent presque tous, de pouvoir défendre Bucharest, et dans leur première expédition en Valachie, les Turcs soumirent cette province, sans avoir à combattre d'autres ennemis que le bataillon de la garde d'Ypsilanti. Pendant cet intervalle, une forte armée turque marchait sur la Morée avec un pacha à sa tête, et des forces considérables menaçaient les frontières de la Thessalie. Les Grecs, maître de diverses places et de quelques pièces de campagne, ivres d'amour pour la liberté, feignirent de s'éloigner, pour attirer l'ennemi dans le cœur du pays, où ils l'extermineraient plus sûrement.

Tandis qu'ils se flattaient de vaincre leurs cruels oppresseurs, les exécutions se multipliaient dans Constantinople et dans les provinces de l'empire. Le sang ruisselait dans Andrinople ; on pendit aux portes de leur maison vingt des Grecs les plus distingués, et l'archiprêtre grec de cette ville, qui avait autrefois rempli les fonctions de patriarche, périt du même supplice à la porte de son église. On ne voyait que des massacres au sein des villes et dans les campagnes ; on assassina dans Énos plus de deux cents Grecs ; Smyrne était livrée à la plus horrible anarchie, et les troupes turques qui campaient sous les murs du château de mer, se portaient aux derniers excès contre les bâtiments qui arrivaient de l'Europe ou de l'Archipel.

Les sénats des îles cherchaient au contraire tous les moyens d'empêcher la piraterie, que les scélérats, dont leurs pays était infectés, exerçaient contre les navires européens. Des lois rigoureuses arrêtèrent le brigandage et protégèrent le commerce étranger. Un navire autrichien, nolisé par les Turcs barbaresques pour la côte de Syrie, ayant été contraint par les vents de relâcher à Tine, alors indépendante, eut ses marchandises confisquées par un capitaine grec, qui, bravant les défenses du sénat, sut par un moyen illicite que la cargaison appartenait à des Turcs. Les marchandises furent vendues à la hâte, et fort au-dessous de leur valeur. L'agent de l'Autriche protesta contre cette violation du droit des gens et de la neutralité. Des commissaires envoyés à Tine par le sénat condamnèrent le capitaine grec à la dégradation et à la restitution du prix intégral ; ensuite le sénat fit publier qu'un pavillon européen couvrait tout, et qu'il était sévèrement interdit aux navires de la coalition de les aborder sous aucun prétexte. [/i]

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