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11 novembre 1912, libération de Kastoria, en Macédoine occidentale, après six siècles d'occupation turque.

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[i] La guerre balkanique, la première, est déclenchée le 18 octobre 1912. Encouragée et inspirée par Isvolsky (Ministres des Affaires étrangères de Russie de 1906 à 1910 puis ambassadeur à Paris jusqu'en 1917, où il mourra deux ans après), qui n'eut de cesse de renforcer l'alliance franco-russe, et qui rêvait de la venue des Russes à Constantinople, et du contrôle des Détroits.
L'empire ottoman (environ 26 000 000 de sujets) avait autour de 6 000 000 de sujets dans les Balkans, Constantinople comprise, dont moins de la moitié étaient musulmans, et parmi ces derniers pas tous turcs. Tous les autres étaient des Roumis, chrétiens, grecs, slaves, albanais et bulgares, dont le service dans les armées turques n'était pas souhaité, et aurait été peu efficace. Ces sujets évitant de combattre leurs congénères et coreligionnaires. Les plans furent établis par les Turcs et les Allemands pour combattre les quatre Alliés.
La Bulgarie, enfant chéri de la Russie dans les Balkans, et la vaillante Serbie, profitant de la guerre italo-turque en Libye, décident de libérer autant que faire se peut leurs nationaux et les chrétiens du joug européen turc. À cette alliance adhèrent le Monténégro et la Grèce. Les combats dureront moins d'un mois.
Les Turcs ont trois armées en Europe, celles de Macédoine, du Vardar et de Thrace. Une mission allemande réorganise ces troupes régulières (les troupes de réserves n'étaient pas entraînées et préparées). L'armée de Macédoine était sous les ordres d'Ali Riza pacha, et faisait face aux Grecs. L'armée du Vardar, commandée par Chalepli Zéki pacha était basée à Ouskoub (aujourd'hui Skoplié), contre les Serbes. L'armée de Thrace avait à sa tête Nazim pacha et devait contenir les Bulgares (qui arriveront sous les murs de Constantinople).
La guerre italo-turque de Libye (où devait se distinguer, avant les Dardanelles, un officier de valeur, Mustapha Kemal...) réduisait les effectifs balkaniques de l'armée turque. Les renforts ottomans du Proche-Orient ne pouvaient rejoindre le front européen par voie de mer, à cause de la marine hellénique, la meilleure et plus capable force maritime de la région. La voix de terre était difficile, lente, éprouvante, pour remonter jusqu'aux Détroits.
C'est dans ce cadre que Kastoria, la principale ville de Macédoine occidentale, capitale économique et intellectuelle de la province, et centre mondial du travail et du commerce de la fourrure, sera libérée.
Un petit escadron de la division de cavalerie hellénique, qui avait libéré Phlôrina reçue l'ordre de marche pour libérer Kastoria. Vingt-sept cavaliers, étaient menés par le lieutenant d'escadron Artis, le libérateur de Phlôrina. Avec lui faisaient mouvement le lieutenant de cavalerie Nikolaïdis et le sous-lieutenant makédonomaque Pichéôn, originaire de Kastoria.
Au petit matin du 10 novembre 1912, les cavaliers grecs occupèrent le village d'Aposképo. Le chef du détachement, le lieutenant Artis fit porter par un paysan la lettre qui suit, au métropolite de Kastoria, Iôakim Leptidis :

« La ville est encerclée de toutes parts par des forces de 25 000 hommes, aussi toute résistance ou retrait militaire de la ville est impossible. Je souhaite ne pas détruire la ville. Pressez-vous d'obtenir l'accord du commandant militaire de la ville, pour une reddition sans condition, dans l'heure suivant la réception du présent message. Sinon je serais dans la l'obligation de bombarder la ville avant ce soir.
Signé: Iôánnis Artis, chef d'escadron.»

Ce leurre, digne de l'ancêtre Odyssefs-Ulysse réussit. Les soldats et fonctionnaires turcs évacuèrent la ville.
Le lendemain matin, dimanche 11 novembre 1912, le chef d 'escadron envoya à Kastoria, cinq cavaliers, avec le sous-lieutenant Zacharopoulos et son compagnon d'armes kastorien, le makédonomaque Pichéôn, annoncer et afficher de la libération de sa ville natale.
Ils furent reçus dans la liesse par le métropolite Iôakim et le maire Kônstantínos Goussis. Le lendemain, un corps de 200 Crétois, volontaires, arriva à son tour (leur île était encore sous le joug du turc).
Six siècles d'occupation turque venaient de prendre fin. C'était la fête onomastique de Saint Minas, saint protecteur de la ville, et chaque année la commémoration se fait ce même jour.
Rappelons que deux jours plus tôt, le 9 novembre 1912, la garnison turque de Thessalonique, 26 000 hommes, se rendit aux Grecs, au grand dam des Bulgares, arrivé le lendemain. L'armée du Vardar, qui combattaient les Serbes, fut coupée de tout soutien logistique, et fut vaincue.
Le traité de Londres, du 30 mai 1913, mit fin à cette Première guerre balkanique. La deuxième sera déclenchée par les Bulgares le 29 juin 1913, un mois plus tard, qui attaqueront leurs alliés de la veille,les Serbes et les Grecs.
La guerre italo-turque de Libye se termina le 18 octobre 1912, par le traité d'Ouchy-Lausanne, qui donna à l'Italie la Tripolitaine et la Cyrénaïque.
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