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La mort de Socrate, poème de Lamartine , in Premières méditations poètiques. (1)

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[i][center] [b][u]La mort de Socrate.[/u][/b]
d’Alphonse de Lamartine (1790-1869)

La vérité, C'est Dieu.

Le soleil se levant aux sommets de l'Hymette
Du temple de Thésée illuminait le faîte,
Et, frappant de ses feux les murs du Parthénon,
Comme un furtif adieu glissait dans la prison ;
On voyait sur les mers une poupe dorée,
Au bruit des hymnes saints, voguer vers le Pirée,
Et c'était ce vaisseau dont le fatal retour
Devait aux condamnés marquer leur dernier jour;
Mais, la loi défendait qu'on leur ôtât la vie
Tant que le doux soleil éclairait l'Ionie,
De peur que ses rayons, aux vivants destinés,
Par des yeux sans regard ne fussent profanés,
Ou que le malheureux, en fermant sa paupière,
N'eût à pleurer deux fois la vie et la lumière.
Ainsi l'homme exilé du champ de ses aïeux,
Part avant que l'aurore ait éclairé les cieux !

Attendant le réveil du fils de Sophronique,
Quelques amis en deuil erraient sous le portique;
Et sa femme, portant son fils sur ses genoux,
Tendre enfant dont la main joue avec les verrous,
Accusant la lenteur des geôliers insensibles,
Frappait du front l'airain des portes inflexibles !
La foule, inattentive au cri de ses douleurs,
Demandait en passant le sujet de ses pleurs,
Et reprenant bientôt sa course suspendue,
Et dans les longs parvis par groupes répandue,
Recueillait ces vains bruits dans le peuple semés,
Parlait d'autels détruits et des dieux blasphémés,
Et d'un culte nouveau corrompant la jeunesse,
Et de ce dieu sans nom, étranger dans la Grèce !
C'était quelque insensé, quelque monstre odieux,
Quelque nouvel Oreste aveuglé par les dieux,
Qu'atteignait à la fin la tardive justice,
Et que la terre au ciel devait en sacrifice !
Socrate ! et c'était toi qui, dans les fers jeté,
Mourais pour la justice et pour la vérité!
[/center][/i]

(à suivre)

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