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Basterot, 28 septembre, au long des côtes de Caramanie et de l'Histoire...

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Submitted by Thomas Efthymiou on

[i] 28 SEPTEMBRE. Navigation charmante sur une mer paisible. Nous avons traversé dans la nuit le golfe profond de Satalie dans la matinée, nous apercevons le cap Anamour, et nous ne quittons plus de vue la terre.
Ces côtes de la Caramanie sont admirables, trois rangées de montagnes s'étagent l'une sur l'autre, de vastes forêts avec des bois de construction pour des flottes entières, descendent des sommets et s'étendent jusqu'à la mer de tous côtés des îles, des havres bien abrités, des promontoires hardis. Mais tout est désert, on dirait que ce sol s'est lassé de porter des hommes. Ces côtes se nommaient autrefois Lycie, Pamphylie, Cilicie.
Aux époques pré-historiques, elles furent les frontières des deux grandes races tandis que les Aryas occupaient tout le reste de l'Asie Mineure, ils se trouvaient ici en contact avec des populations sémites. Les inscriptions, la numismatique de ces contrées en font foi. Elles ne furent que nominalement soumises aux Perses. Les dix mille de Xénophon et Alexandre firent un long détour vers le Nord, pour s'aventurer le moins possible dans ces montagnes. Entièrement indépendantes sous les Séleucides, et dans les premiers temps de la conquête romaine, elles couvrirent les mers de ces flottes de pirates qui ruinèrent le commerce, rançonnèrent le navire du jeune César et ne furent réduites que par Pompée, armé de pleins pouvoirs et à la tête d'une expédition formidable.
Ces instincts de pillage reparurent plus tard comme un héritage de famille parmi ces populations. Au temps de l'Empire Grec, nous les voyons braver les forces impériales et étendre leurs déprédations sur toute l'Asie Mineure.
Mais à partir des victoires de Pompée, sous la république romaine, et les empereurs, ces côtes se couvrirent de villes florissantes, de ports renommés. C'était la grande route des Romains de distinction, qui faisaient leur voyage d'Orient. On partait par Brindisi, on arrivait par la route que j'ai déjà décrite à Corinthe. Une visite à Athènes était obligatoire. On traversait l'Archipel pour aller offrir ses présents au temple de Diane, à Ephèse, magnifiquement reconstruit par les successeurs d'Alexandre. Rhodes venait ensuite, île de philosophie et de plaisirs, où Tibère, qui semble avoir aimé les îles et les beaux climats, vécut longtemps, fort décrié, avec sa cour d'astrologues et de mignons. Puis, on s'avançait le long de ces côtes, sans s'éloigner de terre et relâchant souvent dans les ports. C'est ainsi que voyagèrent Cicéron, dont nous suivons l'itinéraire, dans les lettres d'Atticus; Marc-Antoine, qui trouva Cléopâtre à Tarsous Caïus César, fils d'Agrippa et de Julie, et son beau-frère Germanicu
Ce voyage fut fatal à ces derniers, Caïus César mourut des fièvres en Lycie, et Germanicus, l'idole du peuple romain, la seule lueur d'espérance au milieu du sombre règne de Tibère, en disgrâce, oisif, découragé, après avoir parcouru tout l'Orient et pénétré jus- qu'aux cataractes, expirait à Antioche au mois de novembre 19, empoisonné sans doute par Pison.

Suberat occulta formido reputantibus haud prosperum in patre ejus favorem vulgi avunculum ejusdem Marcellum flagrantibus plebis studiis intra juventam creptum; breves et infaustos populi romani amores (Tacite, II, 41) [/i]

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