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Saranta Ekklisies / Kirklareli généalogie

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Submitted by Fanny Borel on
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Yasas,

Ma grand'mère devait fuire de Kirklareli (Thrace orientale) à Xanthi/GR en 1922. Je l'ai connue quand j'avais env. 8 ans. Tous les témoins directes, oncles et tante, sont décédés depuis. Pour retracer l'histoire de mes ancêtres, je m'intéresse à tous les renseignements sur Saranta Ekklisies dans les années 1920. Qui a également ses origines à Saranta Ekklisies et échangerait des informations? Je connais les faits historiques et politiques tels qu'on les trouve sur le NET déjà. En effet, sur le grand-père personne ne disait rien (mort avant ou pendant l'exode?). Aussi le nom de famille semble avoir subi des modifications et nous sommes la seule famille avec ledit nom. Le nom de jeune-fille de ma grand'mère est également pas usuel, finissant en -on, donc ne semble ni grec ni arménien.

Un grand merci d'avance pour toute information.

Fanny
Suisse

PS. j'ai essayé de contacter Thomas Efthimiou par e-mail, qui ne semble pas valable car revenu?

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Th. Efthymiou

Madame,
Il y a quelques années, alors que je dirigeais le service de Médecine interne de l'hôpital Marcellin Berthelot, à Courbevoie, y arrivant un matin (et j'étais obligé d'arrivée le premier... puisque j'étais le « patron »), Mlle Garnier, ma surveillante générale, m'indiqua qu'un Grec avait été hospitalisé, durant la nuit, dans le service. Quand, examinant les entrants, je vins à son chevet, sa femme, française, me donna des renseignements. À la question habituelle des Grecs : « d'où est-il ? », elle me répondit, à ma grande surprise, qu'il était originaire de Thrace orientale, et qui plus est de Sarrantakklissiès... Il s'appelait Paraskévas. Cette famille, après le traité de Lausanne, s'était installé à Grenoble, où elle a encore, je crois, des membres.
Ils engagèrent la conversation, et s'aperçurent qu'ils fréquentaient la même école des enfants grecs de Sarrantakklissiès, la même année, au même niveau, lui chez les garçons et elle chez les filles. L'année scolaire 1915-1916. Ils ne se souvenaient absolument pas l'un de l'autre. Ils retrouvèrent cependant quelques noms de connaissances communes. Depuis le départ des Bulgares, les Grecs représentaient grosso modo les deux tiers de la population, le reste se partageant entre les Turcs, les Juifs, et des Arméniens. Ils retrouvèrent quasi instantanément, en parlant, notre langue thrace, riche en gamma, en d, et en formules et mots considérés aujourd'hui comme archaïsants (c'est la langue de Vizyinos du village voisin de celui de mes parents).
Lorsque le jeune roi de Grèce, Alexandre, visita la Thrace orientale, redevenue grecque durant la deuxième guerre balkanique, les enfants avaient été alignés, agitaient de petits drapeaux bleus et blancs, et acclamaient le roi sur son beau cheval. Lors de son passage, le balcon surchargé de la maison en face de l'école, s'effondra avec ses occupants. Paraskévas et ma mère retrouvèrent tous les deux ce souvenir, et le confortèrent avec quelques détails. Ils retrouvèrent ainsi les noms des instituteurs et institutrices.
Je fus très ému du réveil de tels souvenirs, d'une enfance si lointaine, après trois quarts de siècle, de deux vieillards, si loin de leur patrie, de l'école où ils apprirent à lire, à écrire, et à compter, par ce hasard incroyable d'une hospitalisation dans mon service et d'une visite de ma mère.
Le photographe de Sarrantakklissiès était mon grand-oncle Achilefs Zôïros, que j'ai bien connu, réinstallé avec une partie de sa famille à Néa Philadelphia, dans la proche banlieue nord d'Athènes, où Vénizélos avait établi des réfugiés, réputés qu'ils étaient être ses partisans lors des élections.
Si la famille de ma mère était à Sarrantakklissiès, c'est qu'elle était hébergée par des Juifs hispanophones, amis et partenaires commerciaux de mon grand-père maternel, Périklis Kiakidis (ver à soie, charbon de bois, bois de construction de traverses de chemin de fer pour le Simplon Orient-Express).
En 1915, le meurtre du fils du préfet d'Andrinople, par des comitadjis bulgares assoiffés de vengeance, qui voulaient tuer ce préfet « jeune turc » très cruel durant l'exode des Bulgares de Thrace orientale en 1913, provoqua des représailles par le kaïmakam à Hamdi. Ce dernier était en charge du canton entre Sarrantakklissiès et Mydia (Salmydissos).
Il saisit l'occasion de l'assassinat du garçonnet, sur les genoux de son père, dans l'automobile, et fit déporter les six villages grecs de la région (Sammakovi Troulia, Skopos, Hagios Pavlos, je retrouverai que le nom des autres) vers Hiraklia de Propontide (et de là en Asie Mineure).
Il décapita 19 tchorbadjis (notables) de Sammakovi, le 5 IX 1915, dont Periklis, le maire de Sammakovi, dans le khan duquel avait séjourné le préfet et son fils. C'était la première fois qu'une automobile était venue à Sammakovi, ma mère s'en souvenait bien, et le soir avait joué avec sa soeur avec le garçon turc. La visite était pour inaugurer un orphelinat d'enfants turcs que le kaïmakam avait fait bâtir, en village chrétien, aux frais et à la sueur des Grecs. Le village de Sammakovi n'avait que quatre Turcs : le kaïmakam, les deux tzandarma (gendarmes), et un mahométan hellénophone (soit venu de Grèce, soit peut-être Laze d'Asie mineure), qui « s'occupe» de ce qu'avaient abandonné les déportés. Lors de la première déportation des villageois, ma famille maternelle réussit à rejoindre l'oncle Zôïros, installé à Sarrantakklissiès.
Une famille juive amie les hébergea. Nous n'avons pas le souvenir du nom de cette famille généreuse. Ma mère se souvenait que sa mère, elle-même, sa soeur, la grand-mère, pour en quelque sorte participer à un loyer, dévidaient le fil de soie des cocons.
Ma mère et M. Paraskévas se souvinrent aussi d'une Française, mariée à un Sarrantakklissiote, venue vivre ici, connue dans toute la région à cause de ses superbes chapeaux qu'elle faisait venir de Paris. Elle s'appelait "Thirèssia" (Thérèse).
Amicalement vôtre, Th. E.

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Tue, 11/07/2006 - 00:05 Permalink
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Fanny Borel

In reply to by Th. Efthymiou

Bonjour,

Un très très grand MERCI pour cette longue réponse si complète. Je vois un peu l'ambiance de la ville d'antan. Mon cousin de Thessaloniki m'a photocopié quelques pages d'un grand livre qu'il a pu consulter, donc pages en grec sur l'industrie et les écoles à Saranta Ekklisies dans les années 1900. Si ces pages vous intéressent, je vous les envoie volontier par poste. Je parle un peu le grec mais j'avoue ne pas pu comprendre tout le texte en grec.

Je me demande quel métier faisait mon grand-père et quand est-il mort et comment. Mais Saranta Ekklisies était très grande, en 1914 9'000 grecs, 6'000 turcs, 4'000 bulgares et 1'000 juifs, mais arméniens ? Aussi il y avaient 25 écoles grècques avec 2650 écoliers grecs et 25 enseignants grecs. Il y a donc autant plus de mérite quand deux personnes se reconnaissent après tant d'années!!

Si mes pages dont une photo en noir et blanc de la ville à l'époque vous intéresse, n'hésitez pas à me contacter par mon adresse e-mail.

Encore mille merci
et bonne soirée.

Amicalement,

Fanny B.

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Wed, 11/08/2006 - 16:56 Permalink