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Anacharsis (suite,7bis)

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Submitted by Th. Efthymiou on

Ce prince étoit fils d'Egée, roi d'Athènes, et d'Ethra, fille du sage Pitthée, qui gouvernoit Trézène: il étoit élevé dans cette ville, où le bruit des actions d'Hercule l'agitoit sans cesse; il en écoutoit le récit, avec une ardeur d'autant plus inquiète, que les liens du sang l'unissoient à ce héros; et son âme impatiente frémissoit autour des barrières qui la tenoient renfermée: car il s'ouvroit un vaste champ à ses espérances. Les brigands commençoient à reparoître; les monstres sortoient de leurs forêts; Hercule étoit en Lydie.
Pour contenter ce courage bouillant, Ethra découvre à son fils le secret de sa naissance; elle le conduit vers un rocher énorme, et lui ordonne de le soulever: il y trouve une épée et d'autres signes auxquels son père devoit le reconnoître un jour. Muni de ce dépôt, il prend la route d'Athènes: en vain sa mère et son aïeul le pressent de monter sur un vaisseau; les conseils prudens l'offensent, ainsi que les conseils timides: il préfère le chemin du péril et de la gloire, et bientôt il se trouve en présence de Sinnis. Cet homme cruel attachoit les vaincus à des branches d'arbres qu'il courboit avec effort, et qui se relevoient chargées des membres sanglans de ces malheureux.
Plus loin, Sciron occupoit un sentier étroit sur une montagne, d'où il précipitoit les passans dans la mer. Plus loin encore, Procruste les étendoit sur un lit, dont la longueur devoit être la juste mesure de leurs corps, qu'il réduisoit ou prolongeoit par d'affreux tourmens.
Thésée attaque ces brigands, et les fait périr par les supplices qu'ils avoient inventés.
Après des combats et des succès multipliés, il arrive à la cour de son père, violemment agitée par des dissentions qui menaçoient le souverain. Les Pallantides, famille puissante d'Athènes, voyoient à regret le sceptre entre les mains d'un vieillard, qui, suivant eux, n'avoit ni le droit, ni la force de le porter:
ils laissoient éclater avec leur mépris, l'espoir de sa mort prochaine, et le desir de partager sa dépouille. La présence de Thésée déconcerte leurs projets; et dans la crainte qu' Egée, en adoptant cet étranger, ne trouve un vengeur et un héritier légitime, ils le remplissent de toutes les défiances dont une ame foible est susceptible: mais, sur le point d'immoler son fils, Egée le reconnoît, et le fait reconnoître à son peuple. Les Pallantides se révoltent; Thésée les dissipe, et vole soudain aux champs de Marathon, qu'un taureau furieux ravageoit depuis quelques années ; il l'attaque, le saisit, et l'expose, chargé de chaînes, aux yeux des Athéniens, non moins étonnés de la victoire, qu'effrayés du combat.
Un autre trait épuisa bientôt leur admiration. Minos, roi de Crète, les accusoit d'avoir fait périr son fils Androgée, et les avoit contraints par la force des armes, à leur livrer, à des intervalles marqués, un certain nombre de jeunes garçons et de jeunes filles. Le sort devoit les choisir; l'esclavage ou la mort, devenir leur partage. C'étoit pour la troisième fois qu'on venoit arracher à de malheureux parens, les gages de leur tendresse. Athènes étoit en pleurs; mais Thésée la rassure: il se propose de l'affranchir de ce tribut odieux; et, pour remplir un si noble projet, il se met lui-même au nombre des victimes, et s'embarque pour la Crète.
Les Athéniens disent qu'en arrivant dans cette île, leurs enfans étoient renfermés dans un labyrinthe, et bientôt après, dévorés par le Minotaure, monstre moitié homme, moitié taureau, issu des amours infâmes de Pasiphaé, reine de Crète; ils ajoutent que Thésée ayant tué le Minotaure, ramena les jeunes Athéniens, et fut accompagné, à son retour, par Ariadne, fille de Minos, qui l'avoit aidé à sortir du labyrinthe, et qu'il abandonna sur les rives de Naxos. Les crétois disent, au contraire, que les ôtages athéniens étoient destinés aux vainqueurs dans les jeux célébrés en l'honneur d' Androgée; que Thésée ayant obtenu la permission d'entrer en lice, vainquit Taurus, général des troupes de Minos, et que ce prince fut assez généreux pour rendre justice à sa valeur, et pardonner aux Athéniens.
Le témoignage des Crétois est plus conforme au caractère d'un prince renommé pour sa justice et sa sagesse: celui des Athéniens n'est peut-être que l'effet de leur haîne éternelle pour les vainqueurs qui les ont humiliés: mais de ces deux opinions, il résulte également que Thésée délivra sa nation d'une servitude honteuse; et qu'en exposant ses jours, il acheva de mériter le trône qui restoit vacant par la mort d' Egée.

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